5 idées reçues sur la retraite

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Tordez le cou aux clichés avec ces 5 idées reçues sur la retraite
Tordez le cou aux clichés avec ces 5 idées reçues sur la retraite
Est-il vrai que les Français profiteront, comme les autres Européens, de plus en plus tard de leur retraite, qu'il existe une Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées mais qu'elle est insuffisante, que les femmes touchent bien moins que les hommes à la retraite ou encore que les probabilités de faillite de notre système de retraite sont élevées ? Les réponses tout de suite.

L'âge de départ à la retraite augmente sans cesse

Vrai. Relevé à 62 ans pour les personnes nées après janvier 1955 (réforme de 2010), l'âge de départ à la retraite dépend du nombre de trimestres travaillés. Le gouvernement Hollande a poursuivi la réforme entamée par la droite en augmentant progressivement la durée des cotisations d'assurance.

Pour les personnes nées en 1948 ou avant, la durée d'assurance (ou de cotisation) est de 160 trimestres : soit 40 années. Pour les autres, le nombre de trimestres augmente régulièrement pour atteindre le nombre de 172, soit 43 années de cotisations pour les personnes nées à partir de 1973. Des conditions de départ anticipé existent dans le cas de carrière longue, de handicap ou encore de carrière pénible.

Les prochains candidats à la présidentielle prévoient, dans leur grande majorité, d'augmenter - entre autres - l'âge minimum de départ à la retraite à 65 ans. L'objectif : faire perdurer un système qui, s'il ne risque pas de tomber en faillite selon l'économiste Philippe Crevel, pénalisera de plus en plus les retraités des futures générations.

Pour info : la moyenne du niveau de vie des retraités, plus élevée que les générations précédentes, est la même actuellement que celle des actifs.

Retraite : les Français font partie des mal lotis en Europe

Faux. Consacrant 14% de son PIB aux retraites (contre 12,5% en Europe) soit le poste de dépnses le plus important, la France se préoccupe de sa population retirée de la vie professionnelle. Avec une espérance de vie supérieure aux autres pays européens, la durée moyenne de la retraite en France s'élève à 23 ans contre seulement 16 ans en Europe, selon les dernières statistiques de Eurostat.

Pour rappel, les dernières réformes imposent en France un âge légal de 62 ans et une durée minimum de cotisations de 43 années à partir de 2017. Dans tous les autres pays, l'âge minimum s'élève déjà à 65 ans avec une forte tendance à l'augmentation de cette durée. Bémol à cette suprématie française : des durées d'assurance inférieures en Grèce (37 ans) et en Espagne (35 ans). Concernant le niveau de vie, la comparaison entre la France et les autres pays est difficile à évaluer car trop dépendante de multiples facteurs.

Mieux lotis donc que ceux des autres pays européens, nos retraités ont également un niveau de vie moyen supérieur ou égal à celui de nos actifs. Le journaliste Jean-Paul Chapel de France 2 nous explique que, même si la moyenne des pensions de retraites en France (1 288€/mois) est inférieure à celle du salaire des actifs (2 157€/mois), différents paramètres permettent d'expliquer la qualité de vie actuelle des retraités : retraites complémentaires, pas d'enfant à charge, pas de loyer, revenus immobiliers...

Entre 2002 et 2012, le pouvoir d'achat des retraités a progressé d'environ 8,5% en France, plus que celui des actifs (≈ 6,2%). En comparaison, celui des Allemands et des anglais de plus de 65 ans a baissé de 10% par rapport à celui des actifs.
 

Le minimum vieillesse ne permet pas de vivre correctement

Oui et non. Transformé en Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées en 2006, le minimum vieillesse s'élève en France à 800,80€/mois pour une personne seule et à 1 243,24€ pour un couple (avril 2016). Cetta allocation s'adresse à toute personne à la retraite de plus de 65 ans, ayant ou non cotisé, dont les ressources annuelles sont inférieures à 9 609,60€ (personne seule) et à 14 918,90€ (couple).

Comme l'ASPA, le minimum contributif est un mécanisme complexe permettant d'accroître les faibles pensions de retraites. Soumis à de nombreuses conditions, son montant minimum permet facilement d'atteindre celui du minimum vieillesse.

De nombreuses aides supplémentaires existent pour maintenir la qualité de vie des personnes âgées à faibles ressources en France : aides au logement (CAF) ;  aides ménagères et soutien à domicile (Agir/Arrco) ; aides aux repas (communes, conseils généraux) ; programmes 'Séniors en vacances' ; tarifs préférentiels SNCF...

A savoir : la retraite par répartition a été créée la même année que la Sécurité Sociale, en 1945. Inscrite à la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948), ce revenu solidaire considéré par beaucoup comme insuffisant, offre aux retraités n'ayant pas pu cotiser suffisamment un minimum vieillesse décent.
 

Nos enfants n'auront pas de retraite...

Faux. A priori. Dans le climat anxiogène actuel, la question du système de retraites et de sa probable faillite fait écho chez les Français, qui sont 72% à penser que leur retraite ne sera pas suffisante pour vivre correctement (Cercle de l’Épargne 06/2016).

Si l'on en croit le dernier rapport du Conseil d'Orientation des Retraites (COR), les jeunes générations auront droit à la retraite mais en cotisant plus que les autres générations. Une étude de l'Insee (décembre 2015) soulève d'ailleurs ce problème d'équité entre générations dû également aux changements de règles de calcul des droits depuis 1970.

En tablant sur une croissance de 1,5% des revenus d'activité et un taux de chômage de 4,5%, le COR estime que le système du régime des retraites pourrait 'dégager des excédents' après un retour à l'équilibre aux alentours des années 2030.

Les économistes dans leur ensemble estiment que le fort esprit de solidarité des Français fera perdurer la retraite par répartition. Reste à espérer que la croissance économique sera au rendez-vous pour limiter l'effort des générations à venir. Dans le cas contraire, il faudra malheureusement opter pour une solution à laquelle les Français sont majoritairement hostiles : reculer l'âge de la retraite. Cela faciliterait l'emploi des jeunes - une catégorie très touchée par le chômage - en diminuant les charges salariales des entreprises.

Les retraites des femmes sont inférieures à celles des hommes

Vrai. Plusieurs raisons expliquent les différences de pensions entre hommes et femmes. La première, discriminatoire, concerne l'inégalité des salaires. Mesuré par l'Insee en 2013, l'écart salarial entre hommes et femmes est de l'ordre de 19%. Les interruptions de carrières et le travail à temps partiel, qui concernent davantage les femmes que les hommes, sont d'autres paramètres en faveur du déséquilibre des pensions de retraites.

La pension des hommes est supérieure d'environ 40% à celle des femmes (hors pensions de reversions et autres bonifications). Les statistiques 2015 de l'Assurance retraite confirment que l'écart entre la pension moyenne des hommes et des femmes est de 201 euros. Plus de la moitié d'entre elles perçoit par ailleurs le minimum contributif, alors que les hommes ne sont que 22%.
 

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