Une espèce de grenouille clonée 12 ans après son extinction

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Des scientifiques ont réussi à extraire le matériel génétique (ADN) d'une grenouille disparue à partir de tissus congelés il y a 40 ans et à le transférer dans le noyau de cellules somatiques - spermatozoïde et ovule - appartenant à une autre espèce. Le résultat n'est pas encore complètement au point, mais l'expérience de clonage a réussi, avec plusieurs embryons vivants. Les progrès des techniques génétiques et de la biologie nous permettront-ils bientôt de revoir des espèces disparues depuis longtemps ? Le projet Lazarus nous emmène sur ces terres encore inexplorées.

On pense toujours, dès qu'il s'agit de ressusciter une espèce disparue, au tyrannosaure de Jurassic Park, ou aux vélociraptors presqu'aussi effrayants. Et on s'en approche à grands pas (de diplodocus ?) grâce aux avancées de l'équipe de chercheurs de l'Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie, qui ont réussi à faire revivre une espèce de grenouille disparue depuis plus de 10 ans. Le clonage qui faisait tant parler de lui il y a bientôt 20 ans (Dolly, la brebis née de la première expérience de clonage réussie, est née en 1996, et elle a été précédée de 277 fécondations infructueuses) est donc en train de devenir une technique fiable, et pourrait peut-être permettre de faire ressusciter des espèces disparues depuis longtemps - tant qu'il leur reste un cousin suffisamment proche pour porter leurs embryons.

Une grenouille de perdue, dix de retrouvées

Pour l'instant, cette technologie vient de bénéficier à la "Rheobatrachus silus", autrement appelée "grenouille plate à incubation gastrique" parce qu'elle avale ses œufs pour les couver (son estomac arrête de digérer le temps de l'incubation), avant de donner naissance aux têtards par la bouche ! Cette espèce qui vivait sur la côte est de l'Australie a officiellement disparu en 2001. Des scientifiques en avaient congelé des tissus dans les années 70. L'extraction de l'ADN réussie, il aura fallu trouver une espèce suffisamment proche pour pouvoir porter ces œufs : dans le cas de la grenouille plate, c'est sa cousine Mixophyes fasciolatus qui a fait office de mère porteuse. Les embryons n'ont pas survécu plus de quelques jours, mais les tests de paternité le prouvent, c'était bien de l'ADN de Rheobatrachus silus !

La réussite de ce projet est importante non seulement pour les possibilités qui s'ouvrent derrière en terme d'avancées techniques, mais aussi directement pour les grenouilles. En effet, les amphibiens sont une des familles les moins connues, et on en découvre encore de nouvelles espèces ou variétés (par exemple, la grenouille volante Rhacophorus helenae qui vient d'être découverte au Vietnam par la chercheuse australienne Jody Rowley, ou la grenouille volante vampire Rhacophorus vampyrus, découverte en 2010, toujours au Vietnam) mais on en perd autant, voire plus, chaque année. La préservation de ces espèces en danger par le clonage peut avoir un effet important sur la biodiversité, et indirectement sur l'environnement.

Bientôt les mammouths, moas et autres dodos ?

De par le monde, de nombreux scientifiques et biologistes rêvent de faire revivre ces espèces disparues avec les moyens de la génétique moderne. Les mammouths sont ceux qui récoltent le plus de fonds, car ils sont à la fois célèbres, disparus depuis très longtemps, qu'on dispose de matériel génétique en assez bon état, dû à la conservation dans la glace, et que de nombreux États disposent de restes de cette espèce (États-Unis, Russie, Japon). Mais les dodos et les moas chez les oiseaux, l'auroch sauvage et les tigres de Tasmanie - également appelés Thylacine - chez les mammifères, sont aussi candidats à la résurrection par la main de ces chercheurs biologistes et généticiens.

Sources : Futura-Sciences, Maxisciences, Terra Femina