Jours fériés et ponts : un bon moyen de s'offrir des vacances

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Mercredi 8 mai et jeudi 9 sont fériés. Et vendredi, le Français fait le pont. Cette année, ces deux jours fériés se succèdent, en pleine semaine. Depuis 2006, la France n'avait pas connu autant de jours ouvrés chômés, puisque les jours fériés tombaient pour beaucoup le week-end. Autrement dit, avec le pont, cela fait un week-end de 5 jours consécutifs. Idéal pour partir en week-end au soleil, tous frais payés par l'employeur. Moins réjouissant pour l'économie.

Légalement, les jours fériés sont les journées durant lesquelles le salarié peut ne pas travailler et être tout de même payé par son employeur, sans que cela impute sur ses jours de repos. Il en existe 11 en France dont le 8 mai et le Jeudi de l'Ascension.

Le 8 mai est généralement non travaillé en commémoration du 8 mai 1945, date de la capitulation de l'Allemagne nazie, marquant la fin de la Seconde Guerre Mondiale. En réalité, la capitulation a eu lieu le 7 mai, à Reims. Cependant, la cessation des combats a été fixée le lendemain, et les Français se sont emparés de cette date, plus représentative. En 1975, le président Giscard a essayé, en vain, de supprimer ce jour férié, par souci de réconciliation avec les Allemands. En 2013, bientôt 50 ans après la fin de la guerre, ce jour est resté férié, et majoritairement chômé.

Le Jeudi de l'Ascension est une fête chrétienne, qui tombe 40 jours après Paques, donc systématiquement un jeudi. C'est l'une des étapes clef de la venue de Jésus-Christ sur Terre : après sa mort sur la Croix (le Vendredi Saint), il ressuscite d'entre les morts (Pâques) puis monte aux Cieux (l'Ascension).

Généralement, les employeurs accordent aux salariés ces deux jours fériés. Dans ce cas, les heures du jour férié chômé ne pourront être récupérées par le patron, sous aucun prétexte. Un jour férié chômé n'est pas récupérable s'il est prévu dans la convention collective. Pour percevoir votre salaire lors d'un jour férié chômé, il est nécessaire d'avoir au moins 3 mois d'ancienneté dans l'entreprise.

Toutefois, il arrive que certains employeurs décident de ne pas chômer.

Mon patron a-t-il le droit de me faire travailler les jours fériés ?

Attention: le seul jour obligatoirement chômé pour tous les salariés est le 1er mai, sauf pour les emplois et services type médecine, hôpitaux, transports publics, etc., du fait de leur nature vitale. L'employeur peut donc décider de ne pas interrompre son activité un jour férié, si la convention collective le lui permet. Votre salaire restera le même, à moins que la convention prévoie une majoration.

Seuls les salariés et apprentis de moins de 18 ans ont l'obligation de ne pas travailler les jours fériés légaux, sauf si ceux-ci exercent dans certains domaines qui justifient leur présence : hôtellerie,  restauration, boucherie, poissonnerie, spectacles….

Si vous décidez de chômer un jour férié alors que vous êtes censé travailler, votre absence sera analysée comme étant irrégulière. Votre patron aura alors le droit de vous sanctionner, et de récupérer sur votre salaire la portion qui correspond au jour séché.

Mon patron est-il obligé de me donner le pont ?

Absolument pas, et, à la différence du jour férié, les heures non travaillées du pont doivent être récupérées dans les 12 mois précédant ou suivant leur perte. Toutefois, certaines conventions, entreprises ou professions ont usage de rémunérer systématiquement le pont.

Le pont est, pour le coup, une "faveur" de la part de l'employeur s'il n'est pas prévu par la convention. Autrement dit, si vous l'imposez, il s'agira, là encore, d'une absence irrégulière. C'est pourquoi la majorité des Français posent un congé le vendredi pour s'offrir un grand week-end.

Plage appréciée

Une journée qui coûte cher

En mai, pas moins de 4 jours ouvrés sont fériés, au grand bonheur du salarié français. Mais comme tout a une conséquence, l'absence de travail en a aussi une. En effet, une baisse de production est la conséquence première à l'absence de main d'œuvre. C'est bien sûr le secteur de l'industrie le premier concerné, car les ouvriers ne travaillent pas les jours fériés. D'après les estimations, le PIB reculera de 0.1 point par rapport à 2012, recul qui se chiffre tout de même à 2 milliards d'euros selon l'INSEE.

Certaines entreprises ont donc mis en place des plans de récupération du pont, comme Toyota, dont les ouvriers sont venus travailler 2 samedis consécutifs en mars afin de rattraper par avance leurs heures perdues de vendredi ; ou Renault, qui propose aux ouvriers de venir travailler certains samedis, sur la base du volontariat avec un salaire doublé. Ainsi, la production est retrouvée, malgré l'interdiction de rattraper les jours fériés et l'obligation de les laisser aux ouvriers.

Un break visiblement nécessaire

Cependant, si l'industrie prend un coup, le tourisme et la restauration eux, grimpent en flèche. Parfois, il ne suffit que de poser 2 ou 3 jours de RTT ou congé pour obtenir une semaine complète de vacances. Aussi, pour l'agence de voyage Directours, les réservations ont augmenté de 30 % en avril 2013 par rapport à avril de l'année dernière.

Il en va de même pour Expedia.fr, leader mondial des voyages en ligne. Ainsi, les Français cherchant le soleil, la chaleur et l'air de vacances s'envolent pour le Maroc, Istanbul, l'Espagne, le Portugal ou la Crète. D'autres destinations plus lointaines sont prisées, comme les Seychelles ou l'île Maurice, mais "New-York est largement en tête", informe Corinne Louison à Challenges.

Malgré tout, beaucoup de Français vont profiter de ces quelques jours pour visiter leurs proches dispersés en France. D'après le même journal, la Bretagne, le sud de la France et Paris (notamment à cause de Disneyland) sont les régions les plus plébiscitées, les plus prisées en ce mois de mai 2013. Ainsi, au vu des hausses de chiffres conséquentes, nous constatons qu'à la première occasion, les Français quittent leur environnement quotidien, et vont se ressourcer, tant que possible.