Danemark : des cours d’empathie dispensés dans les écoles

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Des cours d'empathie au Danemark / iStock.com - Massimo Merlini
Des cours d'empathie au Danemark / iStock.com - Massimo Merlini

Tandis que notre époque peut sembler peu encline à la compassion, un pays résiste encore. Si le Danemark fut élu « pays le plus heureux » de la planète en mars 2016, c’est sans doute parce que l’empathie y fait office de matière dès l’école primaire.

Depuis 1993, les jeunes Danois de 6 à 16 ans suivent une heure de cours d’empathie par semaine. Hissés au même rang que les mathématiques ou le français, les cours d’empathie visent à favoriser la communication au sein d’une classe et à développer le bien-être des élèves.

L’empathie, une qualité devenue « has-been »…

40% des étudiants américains seraient moins empathiques que leurs prédécesseurs des années 1980 et 1990. C’est le résultat d’une étude publiée par l’université du Michigan. Basée sur l’analyse de 14 000 personnes entre 1979 et 2010, l’étude a démontré que la « génération Y » était beaucoup plus centrée sur elle-même, narcissique, compétitive ou encore individualiste. Elle signerait ainsi « la plus grosse chute d’empathie » après les années 2000, selon l’une des chercheuses, Sarah Konrath. 

Pour les chercheurs, cette tombée majeure s’explique par la forte propension des enfants actuels au narcissisme. Une hausse est allée de pair avec l’essor des réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, Snapchat ou Instagram. Ce phénomène explique entre autre qu’un tiers d’entre eux soient déprimés. Contrairement au Danemark où le bien-être de chacun est au cœur des politiques éducatives.

Le Danemark garde le cap

Centrés sur l’implication locale et une structure horizontale, les établissements danois ou « folkeskole » se fondent non sur la sélection mais le principe d’égalité des chances. Les écoliers danois apprennent ainsi la générosité et l’écoute de l’autre au cours du primaire et de la première partie du secondaire. Durant le temps d’étude consacré à l’empathie, les élèves font part de leurs préoccupations individuelles ou des problèmes collectifs qu'ils rencontrent. Professeurs et élèves tentent ainsi d’y apporter sereinement une solution. 

Mises en place depuis les années 1870, ces « Klassen Tid » proviennent en partie de l’émergence de la « culture vivante » au début du XIXème siècle. Initié par Nikolai Frederik Severin Grundtvig, le père des écoles populaires (Højskole), ce nouveau type d’instruction est transmis dans une relation dynamique entre professeurs et élèves. Ainsi ont émergé les grands principes des écoles Folkeskole tels que l’assimilation de l’élève aux connaissances par l’expérience, la confiance en ses capacités et son épanouissement personnel.

C’est pourquoi, l’empathie n’a pas eu de mal à s’élever au rang des qualités primordiales, pour faire l’objet d’une matière à part entière au Danemark. Néanmoins, il existe d’autres pays comme la Russie ou les Pays-Bas où la solidarité et la gentillesse sont mises à l’honneur. Dans le premier, les écoliers apprennent à faire preuve de bienveillance à travers l’échange avec des personnes souffrant d’handicap. Dans le second, ils expérimentent le « mentoring », soit le partage d’expérience avec un novice : chaque vendredi après-midi, les « grands » assistent à des activités avec les plus « petits ». Alors l’empathie, vecteur de bonheur ? 

Les bienfaits de l’empathie

Même si elle a pu tomber en désuétude, l’empathie a connu un regain dans les années 1990. Depuis la découverte des « neurones miroirs » par une équipe italienne, elle est au centre de la psychologie humaniste. Une étude qualitative réalisée à l’université du New Brunswick (Canada) a démontré que l’empathie favorisait l’exploration et la création de sens de la part des patients lors de leur séance thérapeutique. Elle aide également à penser de manière plus productive et favorise la gestion des émotions.

De même, ses effets sur le physique sont largement bénéfiques. Une synthèse de 21 études sur le sujet, menée à l’Université de l’Ontario, a montré qu’un mode de communication entre médecins et patients, basé sur l’empathie, générait une plus grande satisfaction de l’individu traité. Et si l’empathie est victime d’indifférence chez les Américains, le care (« prendre soin » en anglais) est depuis quelques années au centre des débats et même perçu comme un idéal politique. Alors l’empathie sera-t-elle le nouveau fondement de la citoyenneté du XXIème siècle ? 

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