Même sans brosse à dent, les hommes des cavernes avaient moins de caries

Publié le  - Mis à jour le 

Chaque jour, les publicités pour dentifrices vantent sans relâche les mérites d'une recette "révolutionnaire" censée éradiquer l'essentiel de la flore bactérienne nichée dans notre bouche. Une chose est sûre : les bactéries ont mauvaise réputation. Pourtant, nous abritons dans nos corps dix fois plus de bactéries que de cellules et aurions d'ailleurs tout intérêt à ne pas nous en séparer, aux dire des spécialistes. Peau, digestion, dents… les bienfaits des bactéries sont en réalité nombreux. En témoigne la plaque dentaire de nos ancêtres…
 
Vous n'êtes certainement pas sans savoir que le bon équilibre et la diversité de notre flore bactérienne est indispensable pour une bonne digestion, la santé de notre peau… mais également pour celle de nos dents. Désireux de souligner cet état de fait, le professeur Alan Cooper et son équipe de chercheurs de l'université d'Adélaïde en Australie sont allés prélever cette flore sur la plaque dentaire de 34 squelettes d'hommes préhistoriques européens.
 
Maintenu dans un état de conservation irréprochable grâce au tartre, l'ADN de ces bactéries a pu être étudié dans les moindres détails, comme l'a révélé la revue Nature Genetics en février dernier. Une première, tant il est habituellement difficile d'analyser à travers le temps les bactéries que nous hébergeons tout au long de notre vie, qui se conservent par ailleurs péniblement après la mort.
 
Premier constat : après avoir identifié et étudié les espèces bactériennes logées dans la bouche de nos ancêtres du Mésolithique (- 5 500 av. J.-C.), du Néolithique (- 2000 av. J.-C.), de l'âge du Bronze (- 1000 av. J.-C.) et du Moyen-âge (il y a entre 1 100 et 400 ans), les résultats montrent que les dentitions les plus endommagées ne sont pas celles qu'on aurait pu imaginer.
 
Ainsi, les scientifiques australiens ont remarqué que la fameuse bactérie responsable des caries, Streptococcus mutans, n'a en réalité commencé à investir nos bouches qu'à l'issue de la Révolution industrielle, voilà 150 ans.
 
Pas une raison pour abandonner nos a priori sur le Moyen-âge
 
 
Pour autant, l'hygiène bucco dentaire au Moyen-âge n'était certainement pas exempte de défauts. Car avec la systématisation de l'agriculture dès le Néolithique et le basculement vers des régimes alimentaires souvent composés de céréales domestiques, les maux de dents ont commencé à devenir monnaie courante. Gingivites, parodontites, inflammations et pertes de dents, les pathologies étaient alors nombreuses. En définitive, dans l'histoire de l'humanité, il n'y a que les chasseurs-cueilleurs du néolithique à ne pas avoir souffert de problèmes dentaires.
 
Les bouches modernes manquent de diversité
 
Le principal écueil des bouches modernes, à l'instar de tout écosystème, est de ne pas renfermer une diversité bactérienne suffisante. Comme le souligne Alan Cooper sur le blog io9, il faut prendre en compte le fait que les bactéries ont considérablement changé, d'une part avec l'introduction de l'agriculture, puis une seconde fois il y a 150 ans avec la révolution industrielle – qui a entrainé l'émergence des sucres et farines raffinés. Résultat : ce sucre a eu pour effet une baisse impressionnante de la flore bactérienne buccale et la domination de souches bactériennes entrainant des caries. En somme, nos bouches modernes sont malades en permanence.
 
Sources : Nature Genetics, io9, Slate