Face à la crise, la santé des jeunes passe à la trappe

Publié le  - Mis à jour le 

Les Assises de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale réunissent représentants associatifs et membres du gouvernement depuis hier. Face à l’inquiétante évolution de la précarité en France, les ministres veulent définir un plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté. La jeunesse française fait partie des cibles prioritaires de ce plan.

La dégradation de la situation de nombreux ménages, surtout depuis 2009-2010, inquiète élus et associations. Alors qu’une conférence sur le sujet de la précarisation et de l’exclusion sociale se tient jusqu’à ce soir dans la capitale, le constat est accablant : 14,1 % de la population française en situation de pauvreté a été recensé en 2010 (soit 8,6 millions de personnes) alors que la proportion n’était que de 13,5 % en 2009, selon les chiffres de l’Insee. Selon cet institut, le seuil de pauvreté se situe à 964 euros par mois, sachant que la moitié des personnes recensées ont vécu en 2010 avec moins de 800 euros mensuels.

Précarisation et renoncements des jeunes

Au sein de cette explosion de la précarité en France, les jeunes sont particulièrement concernés : deux nouveaux pauvres sur trois en 2009-10 n’ont pas atteint leur majorité. La barre des 130 000 adultes de moins de 25 ans sans qualifications est dépassée chaque année. Selon le gouvernement, il faut "empêcher que la pauvreté ne devienne l'héritage et l'horizon d'une partie croissante de la jeunesse française". Pour l’instant, aucune mesure concrète ne vient étayer ces chiffres. Beaucoup de ces jeunes se retrouvent alors dans une situation de précarité en matière de santé. 19 % des étudiants n’ont pas de mutuelle par exemple, et 34 % d’entre eux avouent reporter ou renoncer à des soins pour manque de finances cette année contre 25 % en 2005. Les chiffres de la LMDE, une des principales mutuelles étudiantes avec la SMENO, sont clairs : aujourd’hui, la santé n’est plus le premier souci de ces jeunes Français, étudiants ou non. La baisse de leur niveau de vie et les restrictions qu’ils s’imposent durant leurs études font ressortir leur mauvaise hygiène de vie (alimentaire, tabac, alcool, sommeil) dans un bon nombre de cas. La LMDE et les associations tirent la sonnette d’alarme.

Une calamité nationale

L’accès à la santé devient aujourd’hui un problème capital dans l’Hexagone : 16,5 % de la population reconnaît avoir différé, voire annulé, des soins médicaux à cause de raisons financières depuis décembre 2011. L’association Médecins du Monde enregistre une hausse de visiteurs de 5,2 % par rapport à 2010. Ces visiteurs n’ont plus accès aux soins et doivent se tourner vers les associations. 98,9 % des 29 466 personnes reçues par l’association vivent sous le seuil de la pauvreté. Il y a urgence face à la précarisation actuelle : Jean-Marc Ayrault doit présenter dès ce soir un agenda de lutte contre la pauvreté.