En France, le télétravail ne prend pas

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À l'inverse des pays comme la Finlande et la Suède, le télétravail ne fait pas recette en France.

À en croire les conclusions de nombreux spécialistes, le télétravail serait le remède miracle à tous les problèmes de l'entreprise. Augmentation du sentiment d'autonomie des employés, réduction de la fatigue relative aux transports en région parisienne, extension du temps libre à consacrer aux enfants pour les jeunes parents… les bienfaits sont pléthore. Pourtant, la France est à la traine : les télétravailleurs représenteraient en effet seulement entre 7 % et 9 % de la population active d'après l'Insee. Un score bien moindre en comparaison de celui des pays nordiques (27 % en Suède et pas moins de 32 % en Finlande).

Selon les protecteurs du télétravail, ce système permettrait entre autres à l'entreprise d'augmenter la productivité de ses salariés de 5 % à 30 %. Ainsi, les employés feraient preuve d'une concentration accrue, seraient moins tentés par les pauses à la machine à café et les bavardages. Mieux encore : le télétravail serait presque une réussite garantie. Pas moins de 96 % des salariés à avoir tenté l'expérience s'en disent satisfaits selon une étude réalisée par le cabinet de conseil Greenworking.

Autorisé en France depuis la loi Warsmann de mars 2012, qui a entrainé son introduction au code du travail (article L. 1222-9), le télétravail n'était auparavant toléré que par quelques cadres conciliants. Désormais, cette démarche commence timidement à se diffuser dans le monde de l'entreprise : 40 % des firmes du CAC 40 et quelques PME issues du secteur de l'informatique ou de la communication l'auraient d'ores et déjà adopté. Toutefois, la culture d'entreprise "à la française" est encore bien trop fermement ancrée pour que le recours au télétravail ne se généralise. Ainsi, rester à son poste de travail après 20 heures est considéré comme une loyauté et un attachement à l'entreprise, voire même une volonté carriériste. Et qu'importe que l'on soit réellement occupé à travailler ou à feindre de l'être.

Il faut dire que les télétravailleurs sont souvent mal perçus dans l'Hexagone. D'après un sondage réalisé par Wakefield Research, deux télétravailleurs sur cinq déclarent regarder la télévision au cours de la journée. Et pas moins d'un tiers d'entre eux consacrerait un peu de son temps de travail à faire le ménage ou encore à cuisiner. Ce qui n'empêche pas quelques entreprises comme Total de consentir au télétravail de quelques salariés triés sur le volet en fonction de leur autonomie, mais également de leur expérience.