Lassé de votre espace de travail ? Rassurez-vous, c'est pire ailleurs

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Afin de bien terminer le premier trimestre, Steelcase, grosse société de matériel de bureau, a publié son enquête Culture Code qui vise à comparer les codes culturels dans l'environnement professionnel parmi 11 pays. Ce petit almanach des conditions de travail compare la France à ses voisins, proches comme lointains. D'un coin du monde à l'autre, les conditions de travail, au sens large, changent du tout au tout entre le rapport au patron et l'espace de travail.

Cette étude porte sur les pays suivants : France, Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Maroc, Russie, Chine, Inde et États-Unis. Les critères mobilisés sont l'importance du patron dans l'entreprise, l'aménagement de l'espace de travail, et non les différentes lois sur le travail (licenciement, contrats de travail, nombre d'heures…).

La place du patron au sein de l'entreprise

Les Français pensent souvent que le poids du chef est trop important. Pourtant, si l'on compare avec la Chine, l'Inde, le Maroc ou encore la Russie, on s'aperçoit que généralement le patron est très proche de ses employés. Cela se voit notamment à travers la taille des bureaux : en Chine, le patron a un bureau démesuré. Les employés se tassent donc au maximum pour pouvoir tenir. La figure patronale étant sacrée, le chef ne peut laisser ses employés empiéter sur ses plates-bandes. L'Inde, se démarque un peu avec des bureaux certes luxueux pour les chefs, mais une proximité avec les employés car quel que soit le poste l'équipe doit rester unie.

En France au contraire, comme en Espagne ou en Italie, le chef aura un bureau un peu plus grand que celui de ses équipes pour marquer une différence et être à l'aise, mais cette différence ne sera pas aussi importante qu'en Chine. De plus, la collaboration avec des agents extérieurs et la pratique du télétravail se normalise peu à peu, permettant ainsi plus d'espace pour les salariés sur place.

Enfin, les États-Unis comme le Royaume-Uni, ou encore les Pays-Bas et vraisemblablement l'Allemagne, ont une relation professionnelle avec le patron davantage libérée : le télétravail ne serait absolument pas un problème pour que les objectifs soient tenus, et il se développe de plus en plus, leur laissant une assez grande mobilité.

Indiens

Du bureau-famille au recoin individuel

La "culture" semble dépendre des équipements possibles à obtenir. Ainsi, dans des pays comme l'Inde ou la Chine, dans lesquels le mobilier coûte plus cher qu'en Europe ou aux États-Unis, l'aménagement des bureaux est différent.

L'Inde, la Chine ou le Maroc ont, en plus de la figure patronale très imposante, davantage de difficultés à obtenir des équipements de qualité et tolèrent le travail dans des espaces serrés. Ainsi, les bureaux sont petits, assez peu équipés : les Marocains ont tendance à personnaliser leur mobilier,  les Chinois sont les moins chanceux, avec des espaces de travail réduits au maximum et équipés avec le minimum vital ; enfin en Inde, l'aménagement des bureaux est particulière du fait des nouvelles générations : les salariés indiens travaillent dans des espaces denses, parlent entre eux toute la journée mais détiennent peu de luxe immobilier. Les nouvelles générations, n'acceptant pas ce rapport à la hiérarchie, obligent celle-ci à faire des efforts dans les conditions de travail.

En France, et dans une moindre mesure en Espagne et en Italie, la densité au travail n'est pas acceptée : chaque travailleur veut son propre bureau, même en open space, mais détenir au moins un point de chute, personnel et individuel. En France, le bureau appartient quasiment à l'employé, car c'est un espace de vie en soi, et non un moyen de gagner de l'argent. En Espagne, la relation au bureau physique est un peu différente : l'espace professionnel ne doit pas être une source de distraction ni un lieu de repos car la vie professionnelle est hermétiquement différenciée de la vie personnelle.

Bureau

Enfin, aux États-Unis comme en Russie, le bureau est normé du début à la fin : petite boite carrée, bien rangée, disposant du nécessaire pour travailler. Tout doit être standardisé et normé. La Russie, encore imprégnée du communisme, propose des espaces absolument identiques, dont le mobilier évolue en fonction de la place dans l'organigramme de l'entreprise.

Aux Pays-Bas au contraire, le bien-être des salariés est une mission spirituelle pour le patron. Ces derniers détiennent une organisation optimale avec des sièges réglables, des technologies qui suivent l'évolution, des bâtiments limitant le bruit et favorisant la lumière.

Enfin, l'Allemagne, rigoureuse et fin stratège, équipe ses bureaux de manière pratique avant tout, afin que le travail puisse être fait rapidement et facilement. Aussi les bureaux sont espacés les uns des autres pour que les salariés ne se gênent pas mutuellement, et les coins de détente sont excentrés. Comme aux Pays-Bas, le télétravail se généralise donc l'équipement des bureaux, très avancé, reste limité au nécessaire.

Ainsi, la France semblerait, au vu de cette étude, détenir un équilibre certain dans le milieu professionnel : le patron n'est qu'un homme ayant plus de responsabilités et non une sorte de surhomme omnipotent ; le bureau étant le lieu dans lequel vous passez vos journées entières, il est personnalisé et bien équipé ;  enfin, les horaires comme l'organisation interne évoluent selon les circonstances de la vie et ne suivent pas simplement les chiffres du salaire. Cela évite le "tous pareil" que l'on retrouve chez beaucoup de nos voisins.

Sources : Etude Steelcase ; Journal du Net