Médicaments : après internet, la vente en grande distribution ?

Publié le  - Mis à jour le 

Après l'autorisation de vente de médicaments sur internet, la question de leur commercialisation en grande surface se pose. Mercredi dernier, l'Autorité de la concurrence a dévoilé un projet visant à faire baisser les prix des médicaments en limitant le monopole des pharmaciens. En autorisant la vente de certains médicaments dans la grande distribution, le consommateur serait gagnant sur 2 points non négligeables, au grand dam des pharmaciens.  

Après l'autorisation de vendre certains médicaments en ligne, sous certaines conditions, afin de contourner le traffic de médicaments frauduleux, l'option de la grande surface est proposée. Dans un communiqué, l'Autorité de la concurrence propose de se tourner vers les officines pour réguler davantage les prix des médicaments. En autorisant la vente de certains médicaments dans la grande distribution, le consommateur est gagnant sur 2 points non négligeables : le pouvoir d'achat et l'organisation.

En effet, l'Autorité envisage une baisse de 25 % des tarifs des médicaments sans ordonnance. Alors que les Français estiment payer trop chers leurs médicaments, cela semble être une excellente nouvelle. Vous n'auriez qu'à refaire votre stock en même temps que vos courses alimentaires. Un gain de temps qui faciliterait la vie à de nombreux ménages, et à tous ceux qui, sortant du travail, se retrouvent nez à nez avec le rideau de fer de leur pharmacie.

Cependant, du coté de la profession, les avis sont très différents : une décision pareille pourrait avoir de graves conséquences, autant d'un point de vue économique que sanitaire.

Des inconvénients économiques

Tout d'abord, en autorisant la vente des produits sans ordonnance, les pharmaciens perdent une partie importante de leur clientèle.

De plus, en diminuant de 25% les prix, les pharmaciens, en plus d'avoir une perte de clients, devront aussi réduire leurs tarifs. Cela signifie pour eux un double déficit. Sachant qu'aujourd'hui, de nombreuses pharmacies ferment chaque jour, cela pourrait s’aggraver à l’avenir.

Par conséquent, cette autorisation signerait pour de bon la toute puissance de la grande surface aux dépens du commerçant de quartier.

"Blouse blanche" inconsciemment signifie "autorité médicale"

Les risques sur le consommateur

L'autre point de vue est sanitaire. En effet, qui dit grande surface dit… surconsommation, évidemment, comme le veut notre société. Aussi, le risque serait que le consommateur ne se limite plus à n'acheter qu'une boite mais se constitue un stock de réserve. Et selon les pharmaciens, c'est là qu'arrivent les accidents.

La différence entre acheter des médicaments sans ordonnance à la pharmacie et à la grande surface réside dans le rapport avec le produit : dans un cas, vous vous servez seul, dans l'autre, c'est un médecin qui vous tend la boite.

En un mot, vous pouvez lui faire confiance, et ce que vous achetez est un médicament. En grande surface, vous êtes seul, personne ne conseille ou déconseille le produit, ne limite la quantité ou ne vous avertit des effets négatifs. Finalement, vendu entre le pain et le vin, le médicament n'est qu'un produit parmi tant d'autres.

La décision de l'Autorité, qui sera révélée avant la fin de l'année, est attendue à partir de septembre 2013. Parallèlement, la ministre de la santé Marisol Touraine a annoncé vendredi 12 juillet 2013 que la vente en grande distribution n'était pas envisageable pour le moment.

Sources : Nouvel Obs ; Autorité de la concurrence