Non, l'anglais n'est pas la langue naturelle du rock

Publié le  - Mis à jour le 

Dans l'inconscient collectif, le rock'n roll est bien souvent assimilé au produit d'un univers strictement anglo-saxon. Pourtant, à rebours de cette idée reçue, l'anglais n'est pas une caractéristique innée du rock. La preuve.

Vous aussi, adolescent, avez été bercé par les mélodies rugueuses et voluptueuses des Who, des Kinks, des Beatles, des Rolling Stones ou encore de Led Zeppelin. Tant et si bien vous avez rapidement apparenté le rock'n roll à un espace exclusivement britannico-américain. Mais à y regarder d'un peu plus près, la réalité est un peu plus complexe et disparate qu'elle n'en a l'air. En jetant à tout hasard une oreille sur le cas de la Finlande, où le rock'n roll coule de beaux jours, on découvre alors sourire aux lèvres les groupes CMX (divin "Kultanaamio") ou encore Kolmas Nainen.

Dès lors, difficile de ne pas considérer le finnois comme la langue la plus adaptée aux rythmes du rock, plus affuté encore que celle, historique, des Ray Davies et autres Mick Jagger. Même si, encore une fois, il serait bien trop simpliste d'arrêter là les frontières du rock. En élargissant un peu son horizon, du côté notamment des groupes italiens, polonais, hongrois, on s'aperçoit en effet que ces langues opèrent une magistrale adéquation entre le texte et la musique.

Résultat : la position de l'anglais, pour le moins monolithique dans le marché du rock, est un peu usurpée. Poussons même un peu plus loin la critique en affirmant au risque de blesser les puristes que toutes les langues sont égales dans le rock comme dans la pop.

En quoi l'anglais s'accapare-t-il le rock ?

Expliquer cette usurpation, c'est répondre à la question de savoir pourquoi tout le monde cherche toujours systématiquement à chanter du rock en anglais – qui donne d'ailleurs souvent lieu à des textes profondément insipides –, plutôt que dans sa propre langue. Soit, l'anglais est la langue la plus répandue de la planète, à tel point qu'elle est même le véhicule d'une culture populaire mondialisée. Ce qui en fait indiscutablement l'outil rêvé lorsqu'on espère accéder à une notoriété internationale.

Reste toutefois que choisir l'anglais revient également à renforcer la puissance économique et culturelle sans borne des pays anglo-saxons, de mise depuis des décennies. En d'autres termes, préférer l'anglais à une autre langue par tradition, c'est en somme consolider cette domination. Or, pour être plébiscités à l'étranger, de nombreux groupes et musiciens n'ont jamais eu besoin de délaisser leur langue. Il suffit pour s'en convaincre de repenser à Serge Gainsbourg, Änglagård (Suédois), ou encore, plus récemment, à Sigur Rós (Islandais).

Bref, alors que les rockeurs francophones accordent en ce moment même leurs guitares en prévision de la fête de la musique, gageons que l'anglais ne sera pas le seul fer de lance de la soirée.

Source : Pratique.fr