Partir habiter à la campagne : un rêve largement partagé

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Partir habiter à la campagne : un rêve largement partagé
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Partir habiter à la campagne : un rêve largement partagé <p></p>

Jamais les Français n’ont été aussi nombreux à vivre en ville : 80 % de la population est urbaine. Pour 90 % de ces citadins, la vie à la campagne a évolué, et plus de 8 millions d’entre eux (39 %) veulent aller s’y installer. De plus en plus de citadins songent à retourner vivre à la campagne. Ce phénomène est provoqué par les "nuisances de la ville" telles que le bruit, la pollution, le stress, et, bien entendu, le manque de verdure. Retour sur un mouvement de migration contemporain : le retour à la campagne.

15 % des citadins, soit environ 3 millions de personnes envisagent d’entreprendre des démarches pour s’y établir dans les 5 ans, selon la dernière étude parue en 2008. La moitié compte s'y installer afin de profiter de sa retraite, l’autre y poursuivre sa vie active. Mais partir vivre à la campagne entraîne un véritable bouleversement de la vie familiale et professionnelle. 50 % des citadins souhaitant vivre à la campagne veulent le faire lorsqu'ils sont actifs et 23 % envisagent même de changer d'employeur ou d'activité pour y travailler. Les élus des communes rurales tâchent donc, pour la plupart, de prendre des initiatives pour favoriser l’installation de ces nouvelles populations.  

Comme le confirme en premier lieu l'enquête IPSOS de 2005 réalisée à l'occasion de la 3e foire à l'installation en milieu rural, l’installation à la campagne n’est plus un phénomène de mode mais bien un mouvement de fond, 77 % des maires ruraux interrogés sont d'avis qu’il s’agit d’un véritable fait de société. De plus, 81 % d’entre eux ont vu des citadins (autres que des retraités ou résidents secondaires) venir s’installer dans leur commune, au cours des 5 dernières années.

Un phénomène d’autant plus durable, que ces nouveaux habitants installés à la campagne - qu'on appelle les néo-ruraux - représentent désormais 4,2 % de la population française de plus de 15 ans, 2 millions de citadins reconvertis en campagnards. Deux profils de nouveaux arrivants se détachent :
- ceux qui souhaitent s’y installer pour leur retraite (19 % des citadins) ;
- ceux qui souhaitent y venir pour continuer leur vie professionnelle (12 %), en particulier des jeunes.

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Des citadins réellement attirés par le mode de vie rural

Pour ceux qui ne l’ont pas encore franchi, 42 % des habitants de communes de 100 000 habitants (soit 5,6 millions de personnes de 15 ans et plus) souhaiteraient vivre et travailler en zone rurale. 18 %, soit 2,4 millions de citadins, affirment même vouloir prendre des contacts et s’engager dans une démarche active d’installation durable à la campagne dans les 5 ans à venir, d'après l'enquête Ipsos de 2003. Cette enquête, menée en 2003, 2005 et 2007 montre que l’installation durable des citadins à la campagne n’est pas un phénomène marginal et reste ancré dans les idées de ceux qui veulent s'y convertir : en 2005, 34 % soit près de 7 millions de personnes déclaraient avoir l’intention de s’y installer et 13 % le voulaient dans les 5 ans. Il semblerait, au vu des soldes migratoires ville-campagne, qu'ils ont été assez nombreux à réaliser ce projet.

Une nécessaire adaptation des deux parties : ruraux et néo-ruraux

Les néo-ruraux des années 2000 sont loin des clichés du couple soixante-huitard, et ont la tête sur les épaules : ils sont 38 % à déclarer qu’il s’agit pour eux d’un véritable projet de vie, et 64 % sont manifestement intégrés, déclarant vivre principalement à la campagne et participer activement à la vie de leur commune. L’enquête fait également référence aux attentes des uns et des autres, au regard qu’ils portent sur les avantages et inconvénients de ces installations, sur ce qui pourrait favoriser ou empêcher leur réussite, etc., avec parfois des opinions divergentes. Les collectivités locales et les intercommunalités rurales ciblent les principaux freins à l'installation, qui sont l'absence de logements et de terrains (22 %) ainsi que le manque de transports (21 %). Mais les attentes des néo-ruraux en matière de commerce de proximité, par exemple, ne sont que peu prises en compte par ces acteurs locaux, alors qu'elles figurent parmi leurs préoccupations majeures.

La population rurale plutôt favorable à l’accueil des néo-ruraux

Pourtant beaucoup s’accordent sur un point : l’attitude favorable à l’accueil de nouveaux habitants. Les néo ruraux, sur la base de leur vécu, estiment à 56 % que les habitants de leur commune sont favorables au fait que des citadins viennent s’y installer, 30 % pensent qu’ils sont plutôt neutres et seuls 13 % déclarent qu’ils y sont plutôt opposés. En fait, c’est chez les citadins que l’image d’une population rurale peu accueillante et réfractaire à leur installation est la plus forte (22 %), mais ils sont cependant 2,3 fois plus nombreux (51 %) à considérer les ruraux favorables à l’installation durable de citadins dans leurs communes. Les jeunes et les cadres sont les plus mobiles. Les jeunes adultes se dirigent de préférence vers les départements très urbanisés, où sont présentes les métropoles universitaires, mais ne contrebalancent pas le mouvement inverse, qui voit les habitants des zones urbaines déménager pour la campagne.

Une tendance qui enraye la désertification des campagnes

Le solde migratoire entre les régions s'en est trouvé complètement inversé, le nord et l'est français (les régions urbaines) deviennent des terres de départ, et le sud et l'ouest (plus ruraux) des terres de destination pour les exilés de la ville. "L'étalement urbain est ralenti, peut-être stoppé, et le développement sous forme d'ondes concentriques est en mutation. Des villes-centres renaissent, tandis que certaines banlieues et couronnes périurbaines, comme à Paris, Lyon, Marseille ou Lille, marquent le pas", analysent les démographes de l'Insee Jean Laganier et Dalila Vienne, ainsi que Brigitte Baccaïni, démographe à l'Insee et auteure de l'étude.

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