Le Rhône est-il en train de s’évaporer ?

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L’agence de l’eau Rhône–Méditerranée–Corse, qui s’occupe de l’entretien et de la gestion de l’eau dans le sud-est de la France, s’alarme de l’état des réseaux, et des conséquences du réchauffement climatique sur ce fleuve. Dans cette région sensible au changement climatique, des pénuries d’eau sont déjà observées sur 40 % du territoire, et en été la température du fleuve à son embouchure a augmenté de 2°C au cours des 30 dernières années. Martin Guespéreau, le directeur de l’Agence Eau RMC, estime que le Rhône pourrait perdre 30 % de son débit d’ici à 2050 si des mesures ne sont pas prises rapidement.

 
Parmi les solutions évoquées par l’AERMC, figurent en premier les économies d’eau. En effet la plupart des réseaux d’acheminement d’eau potable et d’irrigation sont vétustes, et perdent jusqu’à 50 % de l’eau qu’ils prélèvent à cause des fuites. Or, au fur et à mesure que les températures vont augmenter, les besoins en eau des agriculteurs se feront de plus en plus importants. Il est donc urgent de remplacer les vieux canaux, pour limiter ce gaspillage. C’est ce qu’a fait l’AERMC, en adoptant un plan d’action sur 6 ans, visant à préserver les ressources en eau. Elle a par exemple financé le remplacement des parties du réseau qui fuyaient le plus à Nîmes, ce qui a permis d’économiser 278 000 m3 d’eau pour 3,2 millions d’euros.
 
Par ailleurs, une autre mission importante que s’est fixée l’Agence, est de débarrasser les stations de captage d’eau des pesticides et des nitrates, qui coûtent très cher en dépollution par la suite. 40 % des captages du quart sud-est sont concernés, et la Cour des Comptes a calculé en 2010 que la dépollution pour produire de l’eau potable coûte environ 2,5 fois plus cher que la compensation versée aux agriculteurs pour ne pas polluer, ce qui entraîne un surcoût de 11 à 17 % dans le cas du nitrate, qui est ensuite répercuté auprès du consommateur. L’objectif de l’agence est de protéger 214 captages d’ici 2015
 
En tout, l’AERMC va consacrer 3,6 milliards sur 6 ans pour permettre de réaliser ces économies d’eau, dont 266 millions d'euros pour financer les projets de rénovation de réseaux. Sans quoi le Rhône, qui est par son débit le deuxième fleuve le plus important à se jeter dans la mer Méditerranée, après le Nil, pourrait vite perdre son intérêt économique (important trafic fluvial) et touristique.