Ammonites ou les cornes d'Ammon : ces curieux fossiles de céphalopodes

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Ammonite
Ammonite
Si vous découvrez une ammonite quelque part dans la nature, c'est signe qu'il y a quelques millions d'années une mer recouvrait l'endroit où vous vous trouvez. Partez à la découverte de ces curieux fossiles !

Ammonites, quézaco ?

Les ammonites faisaient partie de la famille des céphalopodes, qui comprend les pieuvres, les calmars et les seiches d'aujourd'hui. Ces céphalopodes avaient une coquille faite de carbonate de calcium.

Les ammonites étaient des animaux marins dotés de coquilles en spirale, qu'ils utilisaient pour se protéger des prédateurs. Elles vivaient dans les eaux chaudes du Crétacé (la dernière période de l'ère mésozoïque). Aujourd'hui, vous pouvez trouver des fossiles d'ammonites sur les plages du monde entier.

Les fossiles d'ammonites et d'autres céphalopodes fournissent des informations précieuses sur les anciens océans et nous aident également à comprendre comment le climat de la Terre a évolué au fil du temps. Ainsi, des fossiles d'ammonites et d'autres céphalopodes ont été trouvés dans les roches des zones côtières qui étaient inondées lors des marées basses. Ces fossiles nous aident à comprendre comment était la vie à une certaine époque. En outre, ces fossiles, que l'on trouve sur les plages, font partie des fossiles les plus facilement accessibles, beaucoup étant récupérés par des collectionneurs amateurs. Ils constituent donc un excellent moyen d'étudier l'évolution de la vie dans la mer au fil du temps.

Les fossiles découverts montrent qu'il y avait autrefois beaucoup plus d'espèces d'ammonites qu'aujourd'hui. La plupart des ammonites étaient très grandes et possédaient une coquille d'une épaisseur pouvant atteindre 3 centimètres. Elles vivaient dans des mers peu profondes et peu salées, ce qui signifie qu'elles ne supportaient probablement pas l'eau très salée.

Coquillages fossiles : la pêche est bonne

Les ammonites sont parmi les fossiles les plus courants et sont souvent utilisées comme image symbolique de la paléontologie.

Leur coquille spiralée, très caractéristique, est une rencontre fréquente dans les gisements français, pour le plus grand plaisir des amateurs qui connaissent bien ce groupe.

En revanche, nombre de néophytes qui observent pour la première fois une ammonite pensent avoir affaire à des escargots fossilisés. Il n'en est rien, les ammonites sont des céphalopodes comme le poulpe ou la seiche , mais aussi le nautile auquel elles ressemblent d'ailleurs beaucoup. Alors que la plupart des céphalopodes actuels ont une coquille interne plus ou moins réduite, voire disparue, les céphalopodes fossiles présentent majoritairement des coquilles externes, tout comme le nautile, espèce bien vivante mais à l'anatomie primitive.

Quand la mer était haute

Les ammonites ont existé du Silurien au Crétacé (- 410 à - 65 millions d'années), mais c'est durant le Mésozoïque (- 250 à - 65) qu'elles ont connu la plus grande richesse spécifique.
Elles ont totalement disparu à la fin de l'ère Mésozoïque, lors de la crise Crétacé-Tertiaire, célèbre pour avoir également vu la fin des dinosaures et des reptiles marins.

Si beaucoup d'ammonites tiennent dans le creux de la main, un grand nombre d'espèces atteignent des tailles imposantes, certaines devenant vraiment énormes avec, pour record, une coquille de 2 mètres chez Pachydiscus seppenradensis. Il aurait sûrement été très impressionnant de voir cette espèce lors de son vivant avec son imposante tête munie de bras sortant de cette coquille gigantesque.

Le mystère de l’hélice

Statue d’Ammon retrouvée à Nettuno en Italie, au 18 ème siècle
Statue d’Ammon retrouvée à Nettuno en Italie, au 18 ème siècle

Le groupe tire son nom du dieu Ammon, plus couramment appelé Jupiter, dont les cornes de béliers évoquent la coquille bosselée et spiralée de l'ammonite. Ainsi, Pline l'Ancien utilisait le terme ammonis cornua, les cornes d'Ammon, pour se référer à ces animaux.

Ammon et ammonites viennent d'un mot grec qui veut dire sable.

Le groupe des Ammonidea comprend des espèces aux coquilles les plus diverses, enroulées à la manière d'une coquille d'escargot ou présentant au contraire un degré de déroulement plus ou moins fort. Certaines espèces ont même un enroulement en forme de vis ; d'autres, complètement déroulées, sont droites.
La coquille des ammonites se caractérise par la présence de nombreuses cloisons, les septa, qui la divisent en chambres. Alors que les septa sont des cloisons calcaires simples chez les nautiles, ils deviennent très complexes chez les ammonites, présentant des reliefs beaucoup plus riches. On pense que ces structures permettaient aux ammonites d'avoir une coquille très solide sans nécessiter autant de calcaire que celle des nautiles. C'est possiblement une adaptation à une vie en profondeur où la pression est plus importante. La surface externe des ammonites peut être lisse mais est le plus souvent ornementée.

Le corps se loge dans la chambre ouverte sur l'extérieur, la plus grande, que l'on nomme chambre d'habitation. Comme c'est le cas pour les nautiles, l'animal pouvait se rétracter dans sa coquille en cas de danger et l'obturer au moyen de son opercule.

Les ammonites ne sortent plus de leur coquille

Reconstitution d’argonautes argo et papyracé – De la Cépède 1789
Reconstitution d’argonautes argo et papyracé – De la Cépède 1789

Hormis leur coquille, on connaît peu de chose des ammonites car leurs parties molles ne sont jamais conservées. C'est d'ailleurs un fait étonnant : malgré l'immense nombre d'ammonites fossiles collectées, aucune ne montre l'empreinte du corps. C'est peut être le groupe présentant le degré de connaissance en fonction des parties du corps le plus hétérogène.

Dès lors, on peut tout imaginer, sur le nombre de bras, leur longueur, leurs ventouses, etc. D'ailleurs, le mode de déplacements des ammonites est toujours soumis a de vives discussion, certains chercheurs suggérant que seuls les juvéniles présentaient un stade pélagique, les adultes vivant sur le fond.

De fait, on sait que les ammonites consommaient de petits animaux benthiques : des crustacés, des mollusques et des échinodermes. D'autres auteurs pensent qu'elles étaient pélagiques y compris à l'âge adulte, comme le sont les nautiles actuels, et capable de nager pour trouver leur proie sur le fond.

Ce dont on est sûr, c'est qu'elles étaient chassées par les reptiles marins, comme les prouvent les traces de dents observées sur de nombreuses ammonites.

D'autres formes fossiles apparentées à nos pieuvres, seiches, et nautiles

Autres céphalopodes disparus, les bélemnites se reconnaissent à leur coquille interne fusiforme qui se rencontre souvent à l'état fossile. Ce sont des Coleoidea, ce qui veut dire qu'elles sont plus étroitement apparentées aux calmars et poulpes qu'aux nautiles et ammonites. C'est durant le Crétacé que le groupe s'est développé avant de disparaître à la fin de cette même période, tout comme les ammonites.

La richesse ds céphalopodes

Quelques unes parmi les 700 espèces d’ammonites
Quelques unes parmi les 700 espèces d’ammonites

Dans l'ensemble, les céphalopodes présentent une gigantesque richesse spécifique passée, encore plus grande que la richesse spécifique actuelle, pourtant déjà impressionnante avec 700 espèces. Mais si les pieuvres, seiches et calmars colonisent les eaux du monde entier, on ne verra jamais plus nager d'ammonites et de bélemnites. Ainsi va l'évolution...

Où rencontrer des ammonites en France ?

Il est bon de rappeler qu'on trouve généralement les fossiles dans les roches sédimentaires. Cela veut dire que les régions dont la roche n'est pas formée par des accumulations de sédiments ne permettent aucune trouvaille. C'est par
exemple le cas de la Bretagne où il ne peut pas y avoir de fossile dans le granit!

On trouve donc des ammonites dans de nombreuses roches sédimentaires, du moment qu'on ne dépasse pas la période Crétacé. Cela veut dire que potentiellement on peut en trouver un peu partout en France. (Il y a par exemple, un site au nord de Poitiers, ou les ammonites se trouvent par centaines). C'est vraiment une des découvertes les plus faciles pour le paléontologue en herbe. Si on trouve en général des spécimens qui tiennent dans la main, certains gisements recèlent de très grosses pièces. J'ai par exemple vu une ammonite de presque 50 centimètres incluse dans la roche d'une montagne du massif des Bauges. Cette ammonite savoyarde doit toujours être sur sa montagne à l'heure actuelle.

Peut-on ramasser les ammonites ?
Excepté sur les zones classées en réserves, tout le monde peut ramasser des fossiles, même si la loi n'est pas parfaitement claire. Il est par exemple interdit de détruire un site fossilifère, mais l'interprétation du terme détruire peut être compliquée.
On peut dire simplement que la collecte à petite échelle est tolérée. Sur les
terrains privés, il faut l'autorisation du propriétaire. Attention aux fouilles sauvages dans les carrières, elles peuvent s'avérer très dangereuses en raison des éboulements, les accidents ne sont pas rares.

Comment conserver les ammonites :
Pour la conservation, il faut surtout éviter de les rayer ou de les effriter si la fossilisation s'est faite dans un sédiment friable. Il est donc préférable de les isoler, et de les envelopper individuellement quand il s'agit de beaux spécimens. On bannit également les milieux trop humides pour le stockage.

Étymologie des ammonites

Amanites tue-mouches
Amanites tue-mouches

Homonymes
Les ammonites étaient les représentants d'un peuple descendant d'Ammon, fils de Loth, qui vivait à l'est du Jourdain, (sur une petite partie de la Jordanie et Syrie actuelles).

Au 18e siècle, le terme ammonite désignait aussi une pierre composée de plusieurs grains semblables à du sable.

Les faux amis : pour ne plus les confondre

  • Amanite : Famille de champignons comprenant des espèces extrêmement dangereuses (l'amanite phalloïde est mortelle).
  • Annamite : Habitant et langue de l'Annam. L'Annam, qui autrefois était avec le Tonkin et la Cochinchine un des éléments constitutifs de l'Indochine, est la région centrale de l'actuel Vietnam.

 

Article réalisé par Arnaud Filleul, Jean-Pierre Fleury et Anne-Sophie Ville.

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