Faisan de Colchide

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Faisan mâle
Faisan mâle
Oiseau de lumière et de lisière, le faisan a été introduit en France comme oiseau d'ornement au 9ème siècle.

Origine du faisan

Jason, fils d'un obscur roi de Thassalie, est à l'origine de la présence du lumineux faisan en Europe.
Alors qu'il revendiquait fort légitimement le trône de son père, qu'avait usurpé un vague cousin, le dénommé Palias, il lui fut imposé une épreuve réputée impossible, rapporter la fameuse Toison d'or. Palias, le fourbe, pensait ainsi se débarrasser du jeune Jason.

Argos, un ami de Jason, lui construisit un voilier et Jason s'embarqua avec ses compagnons, les Argonautes. Le périple fut périlleux et connut de nombreuses embûches mais, pour revenir à nos moutons qui en l'occurrence sont des faisans, il suffit de savoir que sur les bords du fleuve Phase, qu'on appelle aujourd'hui Rion, en Colchide, qu'on appelle aujourd'hui Géorgie, il découvrit des oiseaux piéteurs et colorés. Il en captura quelques-uns et les rapporta en Grèce. On les appela des Phasianidés ou faisans de Colchide.
Longtemps, les faisans furent essentiellement des oiseaux d'ornement pour les parcs et les jardins entourant les riches demeures. Ce n'est qu'au 19ème siècle qu'ils devinrent des oiseaux de chasse.
Ils sont maintenant présents dans toute l'Europe mais aussi aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Poids : entre 1 kg pour la poule et 1.4 kg pour le coq.

Un dimorphisme sexuel, très prononcé

Coq faisan  Poule faisane
Coq faisan Poule faisane
Le faisan mâle, le coq, a une tête verte, un collier blanc, les ailes bleutées et l'ensemble du corps est rouge. Il est doté d'une longue queue. La poule est beige plus ou moins foncé. Son plumage terne lui permet de couver en tout discrétion.

Un beau costume qui fuit l'uniforme
Le faisan commun peut être rencontré dans pratiquement tous les milieux naturels pourvu qu'ils soient variés, découpés, qu'ils offrent de la diversité. Ainsi, en forêt, on ne trouve guère plus de 3 oiseaux aux 100 hectares alors qu'on peut arriver à 15 oiseaux dans les marais, le bocage, les landes et jusqu'à 40 dans les zones cultivées bien dotées en bosquets.
Faisan vénéré
Faisan vénéré
Il se nourrit surtout le matin, au lever du jour, et le soir de pousses d'herbe, de graines et de vers. Les jeunes ne mangent pratiquement que des insectes les trois premières semaines de leur vie. En été, il est fréquent de voir les faisandeaux courir en pleine chaleur, faisant des rondes endiablées, virevoltant brusquement comme si le Soleil les avait rendus fous. En fait, ils ne font que poursuivre les criquets qui sautent et sautent encore pour tenter d'échapper à leurs becs gourmands.
Les faisans sont sobres et l'eau contenue dans les aliments suffit généralement à étancher leur soif. S'il est fréquent de les rencontrer au bord des mares c'est davantage pour s'y régaler des insectes qui y pullulent que pour s'y abreuver.
Le faisan vénéré, jaune d'or avec une immense queue est une autre espèce, Syrmaticus Reefesii, qui est originaire du centre et du nord de la Chine. C'est un oiseau forestier.

Empreinte de patte de faisan
Empreinte de patte de faisan
A chaque pas, il fait une étoile
Le faisan n'étant pas un pur esprit, il mange et défèque. Les crottes, quoique plus petites, ressemblent à celles d'une poule domestique. En période de couvaison, la poule, qui quitte le moins souvent possible le nid, commet des étrons plus gros, à l'extrémité ronde et blanchâtre.
Dans les endroits humides, il est fréquent d'observer des empreintes, les trois grands doigts en forme d'étoile et le quatrième plus petit et tourné vers l'arrière.
Pour éliminer les parasites de leur plumage, les faisans prennent des bains de poussière, ils se pouillent et laissent bien visibles des petites cuvettes de terre fine que viennent orner quelques plumes abandonnées.
Au printemps, les coqs font entendre des cris territoriaux perceptibles jusqu'à 300 mètres. Koo-Kook !

L’abnégation d’un faux macho

Un coq faisan en tenue de parade
Un coq faisan en tenue de parade
Les coqs sont toujours un peu batailleurs et ce tempérament querelleur est décuplé au printemps quand les jours qui rallongent et la lumière de plus en plus présente agissent sur l'hypothalamus, qui lui-même transmet ces informations sur le temps qu'il fait à l'hypophyse, qui la répercute à de nombreuses glandes endocrines. En clair, les coqs sont titillés par leurs hormones. Leurs couleurs deviennent plus vives. De petites plumes vertes et brillantes leur poussent, comme des oreilles, et renforcent leur pouvoir de séduction. C'est évident ! Toutes les femmes vous le diront, on ne peut résister à des oreilles vertes.

Les coqs se battent pour s'attribuer un territoire. Les vaincus s'exilent ou restent là en tentant de se faire oublier. Ils sont d'une discrétion extrême, comme s'ils voulaient cacher l'humiliation de la défaite.
Les vainqueurs, les plus costauds, sont fiers de leur victoire et affirment leur présence en chantant dès le point du jour. Ils se pavanent, battent bruyamment des ailes et sont agressifs envers tous ceux qu'ils considèrent comme des intrus. Ce peut être un autre animal mais aussi un simple promeneur ou même un tracteur. Ce territoire est le leur et à leur usage exclusif.

Un faisan vénéré marque son territoire
Un faisan vénéré marque son territoire
Les poules restent indifférentes à ces manifestations viriles jusqu'à ce qu'en mars-avril, leur instinct de poule et de future mère ne les conduisent à rechercher l'indispensable accouplement.
Pour assurer à leur descendance les meilleurs gènes, elles vont retrouver les coqs dominants, ceux qui chantent. Chaque coq est alors entouré de 2 à 5 poules qui ne sont pas devenues des midinettes pour autant. Elles ne se pâment d'admiration devant le bellâtre à la voix puissante, elles ne le vénèrent pas, elles veulent un bon géniteur, point !
Il y a quelques parades. Le coq tourne autour de la poule en faisant une pâle roue. La poule reste indolente, court un peu puis se laisse rattraper et côcher. Il n'y a pas de véritable accouplement comme chez les mammifères avec une virile pénétration mais simplement une pression d'un cloaque contre un autre cloaque. Pas très romantique mais suffisant. N'y cherchez pas le moindre symbole mais un coq qui a bien fait son travail, qui a bien coché finit par voir les plumes de sa queue se casser à force de combats et d ‘étreintes. Il devient un tantinet ridicule en continuant malgré tout à rouler des mécaniques.
Faisandeau âgé de quelques jours
Faisandeau âgé de quelques jours
La poule s'installe ensuite dans un creux du sol et, sans construire de véritable nid, y pond de 10 à 15 oeufs qu'elle couve pendant 24 jours
Pendant ce temps, le coq continue à jouer les Aldo Maccione, bien voyant, bien chantant, sûr de sa prestance.
N'y cherchons pas, par anthropomorphisme, une image de machisme aviaire, le coq attire ainsi vers lui les prédateurs en maraude et les détourne des poules qui couvent. Il joue pleinement son rôle de coq protecteur de sa petite famille et concourt à la réussite des nichées.
Malgré tout, il est fréquent que le nid soit détruit par un orage, par des travaux agricoles comme l'ensilage de ray-grass ou par un prédateur qui peut être une fouine, une pie, une corneille ou un hérisson. Plus d'une poule sur deux est prise sur le nid alors qu'elle couve par un renard ou un busard.
Les jeunes, nidifuges, doivent aussi redouter les innombrables prédateurs ailés ou à quatre pattes et, les bonnes années, on ne compte pas plus d'une moyenne de 5 jeunes par poule de printemps.

Couverture du livre de Herta Müller
Couverture du livre de Herta Müller "L'homme est un grand faisan sur terre"
Question sans réponse
L'homme est un grand faisan sur Terre, tel est le titre d'un ouvrage de Herta Müller, prix Nobel de littérature en 2009, et on ne sait pas bien si ce faisan est, comme en Allemagne le symbole de l'orgueil et de la prétention ou, comme en Roumanie, celui d'un oiseau en fuite, qui ne sait pas voler et se cache dans les broussailles. Le faisan et l'homme sont sans doute les deux à la fois.


La classe !

Classe : Oiseaux
Ordre : Galliforme
Famille : Phasianidés
Espèce : Phasianus Colchicus avec plus de 30 sous-espèces.

Article réalisé par Michel Durchon

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Mots clés :faisan