Le goujon, symbole d'eaux pures et poissonneuses

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Goujon adulte
Goujon adulte
Ce petit poisson, symbole d'une pêche ludique, est un intéressant cyprinidé, qui ne vit pas n'importe où dans la rivière. Le goujon a ses exigences...

Comment reconnaître le goujon ?

Description
Le goujon est vraiment un joli petit poisson, d'aspect dodu qu'on ne peut s'empêcher de trouver sympathique.
Son corps n'est pas aplati latéralement comme chez beaucoup de cyprinidés, il présente au contraire une section presque ronde.
La tête est assez massive et la bouche est largement infère, ce qui est une adaptation à la prise de nourriture sur le fond. Deux barbillons, un de chaque côté de la bouche, permettent au goujon de fouiller efficacement le substrat.
La nageoire dorsale n'est pas longue, le pédoncule caudal est épais.
Les couleurs du goujon et son patron de coloration se fondent bien avec les fonds graveleux de son environnement.
On notera notamment une série longitudinale de taches sombres.

Comment ne pas confondre un goujon avec un jeune barbeau
Comment ne pas confondre un goujon avec un jeune barbeau

Confusions possibles
Le goujon peut se confondre avec des juvéniles de barbeau commun et de barbeau méridional. Si les proportions du corps sont similaires, le goujon s'en distingue néanmoins par la présence de deux barbillons (et non quatre) et d'une robe brune tachetée de noire.

Taille et poids
Taille maximale : 20 centimètres
Taille courante : 10 centimètres
Poids maximal : 150 grammes

Longévité
Comme c'est le cas pour la majorité des petits cyprinidés, le goujon ne vit que quelques années. L'âge maximal reporté est de 8 ans.

Le goujon et ses cousins

Appareil de Weber chez un cyprinidé : la carpe
Appareil de Weber chez un cyprinidé : la carpe

Le groupe des otophysaires
Le goujon appartient au groupe des otophysaires, à l'ordre des cypriniformes et à la famille des Cyprinidés.
Au sein des otophysaires on trouve 4 ordres importants, notamment par leur richesse spécifique : les characiformes (l'ordre du pacu ou encore du piranha), les siluriformes (poisson-chat, silure, etc.), les cypriniformes (gardon, carpe, tanche, etc.) et les gymontiformes (les gymnotes).

Tous ces animaux, pourtant d'apparences différentes, sont réunis dans un même groupe car ils sont étroitement apparentés. Cette parenté est prouvée par le fait qu'il possède un caractère anatomique très particulier : l'appareil de Weber.
Il s'agit d'une transformation des toutes premières vertèbres ainsi que des côtes, des arcs neuraux et des supra-neuraux associés à ces vertèbres. Des ligaments connectent la vessie natatoire aux os de l'appareil de Weber. Lorsque la vessie vibre, tous les os vibrent de proche en proche. L'élément osseux le plus proche du crâne, le scaphium, transmet le son à l'oreille interne par l'intermédiaire d'un sinus, le sinus impar. Cette structure permet une meilleure perception des sons et vibrations en les transmettant depuis la vessie natatoire jusqu'à l'oreille interne.

Arbre de parenté du goujon
Arbre de parenté du goujon

La famille des cyprinidés
La famille des cyprinidés, quant à elle, est non seulement la plus grande famille de poissons d'eau douce, mais aussi la deuxième famille de vertébrés (après les gobiidés), avec 2010 espèces réparties dans 210 genres.
La plus grande espèce est la carpe géante, Catlocarpio siamensis, qui avec ses 3 mètres apparaîtrait monstrueuse même à côté d'une respectable carpe commune. La plus petite, Danionella translucida, n'atteint que 12 mm.
Cette famille est notamment caractérisée par la présence de dents pharyngiennes.
Les cyprinidés sont présents en Europe, Asie (où se trouve la plus grande diversité), Afrique et Amérique du Nord, mais absents en Amérique du Sud.
Les cyprinidés sont connus dans les archives fossiles depuis l'Yprésien, un étage de l'Eocène daté à - 55 millions d'années.

En France, les cyprinidés constituent l'essentiel des poissons de nos rivières et étangs. Il s'agit d'espèces extrêmement recherchées par le pêcheur sportif, comme la carpe, à laquelle certains pêcheurs vouent un véritable culte, mais aussi des espèces de pêche au coup, comme le gardon, l'ablette, la brème, la tanche, le rotengle et bien sûr notre goujon. Au sein des cyprinidés, les cousins les plus proches du goujon seraient d'autres cyprinidés à barbillons, comme les barbeaux et la carpe.
Les relations de parenté du goujon et de certains cyprinidés d'Europe vous sont présentées dans l'arbre de parenté ci-contre. Cet arbre de parenté montre la position basale du goujon par rapport à ses plus proches parents.

Ethologie du goujon

Alimentation
Le goujon se nourrit sur le substrat qu'il fouille activement. C'est souvent le banc entier qui se nourrit, tous les goujons fouillant le fond en même temps.
Le goujon repère ses petites proies grâce à sa bouche infère et ses barbillons. Il aime les amphipodes, les petits mollusques, les annélides et surtout les larves d'insectes. Mais plus généralement, il consomme tous les petits invertébrés susceptibles d'être avalés.

Activité
Ce petit poisson se rencontre en banc, et toujours prêt du fond. Il rechigne à quitter le substrat pour monter dans la colonne d'eau.
Le goujon vit dans les ruisseaux graveleux et les rivières sableuses.
Il n'est pas très tolérant quant aux changements de son biotope. Sa répartition dans la rivière est dépendante des caractéristiques de l'eau et du substrat. Il se trouve dans des eaux relativement bien oxygénées mais présentant quand même un substrat susceptible d'être fouillé. Cette zone médiane des rivières est traditionnellement appelée zone à barbeau. Il faut préciser que la zone de vie du goujon dépasse un peu les limites de la zone à barbeau, aussi bien en amont qu'en aval.
Le goujon passe l'essentiel de son temps à fouiller activement le fond, à la recherche des petits invertébrés dont il se nourrit.
Ce fouilleur infatigable est particulièrement amusant à observer, lorsqu'on sait rester discret, le long des rivières aux eaux claires.

Reproduction
La ponte a lieu de mai à juin. Durant cette période, les têtes des mâles deviennent rugueuses et s'ornent de petites excroissances appelées tubercules nuptiaux.
Les femelles pondent relativement peu d'oeufs par rapport aux autres cyprinidés. Elles en déposent entre 1 000 à 3 000 en paquets directement sur le substrat. Ils adhèrent aux graviers et ne reçoivent pas de soins parentaux. Ils éclosent en fonction de la température au bout de 15 à 21 jours.
La maturité sexuelle est atteinte à 2 ou 3 ans. La durée de vie étant estimée à 3 ans les goujons ne reproduisent en général qu'une fois dans leur vie.

Carte d’identité du goujon

Classe : ostéichtyens (les poissons osseux)
Ordre : cypriniformes
Famille : cyprinidés
Nom : Gobio gobio


Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.

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