Le narval ou licorne de mer

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Narval mâle
Narval mâle
Animal exceptionnel, le narval est vraiment de ces espèces qui intriguent et sont à la base de mythes de toutes sortes. La principale raison : une gigantesque dent cornée qui se projette vers l'avant. L'existence même de cette dent n'étant pas totalement expliquée par les scientifiques, ni d'un point de vue évolutif, ni d'un point de vue fonctionnel. La comparaison avec la licorne est immanquable.

Comment reconnaître le narval ?

Description
S'il s'agit d'un mâle, l'identification est plus que facile. Le narval mâle est le seul animal au monde, et pas seulement le seul cétacé, à posséder une longue défense torsadée qui ressemble à une corne. Le narval ne possède que deux dents, mais cette denture réduite est au final très visible, puisque la dent gauche du mâle peut mesurer 3 mètres à elle-seule ! Il s'agit d'une incisive, transformée au point de peser jusqu'à 10 kilos.

Pour les femelles, une présentation plus précise s'impose pour éviter toute confusion avec les autres cétacés. Sauf spécimens exceptionnels, les femelles ne développent pas de "corne". Elles ont la forme ramassée de la tête du narval, avec un museau très court, et un melon, au contraire, largement développé.
Enfin, la robe marbrée, faite de tache noire sur un fond crème à grisâtre, est partagée par le mâle et le femelle. Elle est unique chez les cétacés.

Au bout du compte, il est presque impossible de confondre le narval avec un quelconque animal vivant... sauf avec la licorne...

Taille et poids
Le mâle atteint 1 600 kg alors que la femelle dépasse rarement la tonne.
Le corps seul atteint 5 mètres, et la corne peut mesurer 3 mètres.

Longévité
Probablement une cinquantaine d'années.

Le narval et ses cousins
Le narval (Monodon monoceros) fait partie des cétacés à dents, les odontocètes, par opposition aux baleines à fanons, les Mysticètes. Il est donc plus étroitement apparenté aux autres cétacés à dents, comme le grand dauphin, les marsouins ou encore l'immense cachalot , qu'aux baleines au sens strict, c'est-à-dire les cétacés à fanons.

Rappelons que le terme baleine est trompeur. Il désigne communément une multitude de cétacés, y compris des cétacés à dents. On notera par exemple le cas de la baleine blanche, un cétacé à dents dont l'autre nom est le béluga. Cette espèce est d'ailleurs le plus proche parent du narval et est classée dans la même famille, les monodontidés.

Il vaut mieux utiliser le terme baleine seulement pour les cétacés à fanons, et préférer les autres dénominations pour les cétacés à dents. Cela permet de bien séparer les mysticètes des odontocètes, et évite de faire des rapprochements entre des espèces qui ne sont pas étroitement apparentées.

Les odontocètes contiennent 9 familles de cétacés à dents :

  • les physétéridés (la famille du cachalot) ;
  • les platanistidés ;
  • les lipotidés ;
  • les pontoporidés ;
  • les iniidés (les dauphins d'eau douce) ;
  • les ziphiidés (les baleines à bec) ;
  • les phocoenidés (les marsouins) ;
  • les delphinidés (les dauphins, l'orque) ;
  • et les monodontidés (le narval et le bélouga).


Le narval et le bélouga sont des habitants des eaux froides de l'arctique, et présentent des caractéristiques anatomiques communes qui leur ont valu d'être placés dans la même famille. Ils ont un museau court et au contraire un melon bien développé. La nageoire dorsale est absente chez ces cétacés. Les palettes natatoires sont courtes. La taille de ces deux espèces est moyenne pour des cétacés, de 3 à 5 mètres.

Une corne, pour faire quoi ?
Mais à quoi sert donc cette gigantesque incisive ? Cette question a été débattue par de nombreux scientifiques, y compris par Charles Darwin.

Tout a été proposé : combat entre mâles pour les femelles, outil pour briser la glace, ou pour tuer les proies à la manière des marlins, et plus récemment, un ustensile hautement innervé qui aurait un rôle sensitif, pouvant repérer proie ou objet.

Au final, il semble cependant que la dent soit un simple caractère sexuel, qui ne joue pas un rôle au travers de réels combats (de tels combats n'ont pas été observés), mais simplement dans les comportements sociaux, notamment pour la dominance du groupe. La défense est un caractère du mâle, mais la nature est parfois imprévisible. Il arrive exceptionnellement que des femelles possèdent cette incisive transformée, plus ou moins développée dans ce cas, mais on trouve aussi des cas rares de narval ayant deux défenses torsadées, les deux seules dents de l'animal étant transformées en "cornes" frontales.

 

L’ours polaire : l’un des principaux prédateurs du Narval
L’ours polaire : l’un des principaux prédateurs du Narval

Les prédateurs

Outre l'homme, le narval a deux prédateurs : l'orque et l'ours polaire. Ces deux terreurs de l'arctique n'hésitent pas à s'attaquer au narval. L'orque, de toute façon, attaque pratiquement toute créature de bonne taille nageant dans les mers. L'ours polaire, lui, peut venir attaquer un narval qui vient prendre une respiration en surface, lorsque ces animaux doivent se regrouper dans une fissure de la banquise. L'ours polaire peut arracher le melon d'un narval d'un seul coup de patte, comme il le fait d'ailleurs avec un bélouga dans des circonstances similaires.

Ethologie du narval

Alimentation
De façon assez surprenante, de nombreux poissons plats ont été trouvés dans les contenus stomacaux de narval. Cela ne voulait pas forcement dire que le narval se nourrit sur le fond, puisque ces poissons plats sont essentiellement des flétans, une espèce qui vient plus volontiers entre deux-eaux que ses cousins.

Cependant, d'autres observations confirment la prise de nourriture sur le fond, notamment la présence de raies dans les estomacs, mais aussi de cailloux, probablement avalés en même temps que les proies benthiques. Le narval consomme également beaucoup de morues, ainsi que des céphalopodes arctiques (essentiellement des calmars) et même des crevettes.

Le narval est un champion de la plongée, et aussi le cétacé qui exploite le mieux les profondeurs des écosystèmes arctiques pour trouver sa nourriture. Il peut descendre à 1 500 mètres de profondeur, pour une apnée de presque une demi-heure. Des plongées de 800 mètres sont simplement normales pour cet animal.

Activité
Les narvals sont migrateurs, passant des zones côtières peu profondes et non glacées durant l'été, à des zones plus profondes, en plein milieu de la banquise hivernale. Ils vivent en groupes de quelques individus, jusqu'à une vingtaine. Les groupes bougent constamment à la recherche de nourriture, et on observe de nombreux comportements sociaux, notamment des vocalisations. On voit aussi les mâles se frotter les "cornes", des comportements que l'on attribue à la recherche de dominance dans le groupe. Il ne s'agit cependant pas de réels combats.

Reproduction
Les femelles sont mâtures vers 5 ans, plus tôt que les mâles, qui atteignent la maturité sexuelle vers 8 ans. Les accouplements se font au printemps, en avril, et les naissances arrivent l'année suivante, en juillet, la période de gestation étant d'environ 15 mois. Les petits pèsent 80 kg et mesurent 1,5 mètres à la naissance, ils seront allaités pendant 4 mois.

Carte d’identité du narval

Classe: mammifères
Ordre : cétacés
Famille : monodontidés
Espèce : Monodon monoceros


Article réalisé par Arnaud Filleul.

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Mots clés :mammifèresnarval