L'étrange famille des ostéoglossomorphes

Publié le  - Mis à jour le 
L'auteur Arnaud Filleul avec un pirarucu (qu'il remettra à l'eau)
L'auteur Arnaud Filleul avec un pirarucu (qu'il remettra à l'eau)
La diversité des poissons offre bien des sujets d'étonnements. Ainsi, le groupe des ostéoglossomorphes contient des poissons d'eau douce extraordinaires, tel le gigantesque arapaïma.

Un groupe très ancien

Les ostéoglossomorphes sont des poissons d'eau douce, le groupe étant extrêmement ancien. Il y a 150 millions d'années, des ostéoglossomorphes nageaient déjà dans les eaux du globe alors que sur la terre ferme prospéraient les dinosaures. Le poisson fossile qui vous est présenté ci-contre est ainsi un ostéoglossidé du genre Phareodus.

Cette ancienneté est la raison de la vaste distribution actuelle de ces animaux. En effet, à cette époque, les continents étaient tous regroupés et l'Océan Atlantique n'existait pas. Lorsque celui ci a commencé à se former, il y a plus de 100 millions d'années, les poissons d'Afrique ont été séparés des poissons sud-américains. L'évolution a fait son oeuvre et, à partir des populations séparées, de nouvelles espèces sont apparues.

Alors que les premiers Ostéoglossomorphes montraient une allure plutôt classique, des poissons très curieux, voire extravagants, sont venus augmenter la diversité spécifique du groupe.

Des os sur la langue
D‘un point de vue morphologique, les ostéoglossomorphes présentent un système de morsure particulier caractérisé, entre autre, par les fortes plaques dentées qui garnissent la langue. C'est d'ailleurs à ce caractère qu'ils doivent leur nom (ostéo pour os, glosse pour langue).
Si l'on veut considérer des caractères un peu complexes, il faut aussi remarquer qu'ils ne présentent pas de supramaxillaires ni d'épipleuraux (les arêtes ventrales). Plus généralement, ce sont des poissons au corps relativement allongé, aux écailles assez grosses et présentant une ornementation particulière, aux nageoires anale et dorsale reculées, la nageoire caudale étant, quant à elle, souvent réduite. Néanmoins, les espèces les plus dérivées sont tellement transformées par rapport à la morphologie primitive qu'elle ne ressemble en rien à leurs lointains cousins fossiles.

Les familles d’ostéoglossomorphes

Parmi les familles d'ostéoglossomorphes les plus connues, on recense les ostéoglossidés (comprenant les membres les plus primitifs comme l'arapaïma, l'arawana), les notoptéridés encore appelés poissons-couteaux en raison de leur corps aplati, les mormyridés comprenant le taraza, les gymnarchidés (au corps allongé et capable de produire des décharge électrique) et aussi l'incroyable Pantodon buchholzi, qui pourrait planer hors de l'eau grâce à ses larges pectorales.

Un pirarucu pêché sur le Rio Araguaia avant sa remise à l'eau ©Arnaud Filleul
Un pirarucu pêché sur le Rio Araguaia avant sa remise à l'eau ©Arnaud Filleul

Le gigantesque pirarucu
L'arapaïma (Arapaima gigas) est appelé pirarucu localement, c'est-à-dire en Amazonie et sur l'Araguaia. C'est un poisson de grande taille, au corps allongé et à la forme curieuse. On est sûr que l'arapaïma peut dépasser 4 mètres pour un poids de 200 kilogrammes mais des individus plus gros ont été reportés par le passé. C'est l'un des plus grands poissons d'eau douce, avec les esturgeons et certains siluriformes. La tête est aplatie et l'oeil est en position antérieure ce qui, ajouté au prognathisme, donne à ce poisson un aspect un brin effrayant. Les os du crâne sont très ornementés. La robe est sombre, gris bleuâtre, avec des marques rouge vif intercalées entre les écaille de la partie postérieure du corps. Les nageoires dorsale et anale sont allongées alors que la nageoire caudale est plutôt petite. Le corps est aplati postérieurement mais plus cylindrique dans sa portion antérieure. Ce poisson supporte un faible taux d'oxygène dissous puisqu'il vient prendre l'air en surface, pouvant combiner respiration aérienne et branchiale. On peut capturer cet énorme poisson à la ligne. On peut utiliser de gros leurres comme ceux destinés aux grands poissons marins mais la technique la plus rentable est le vif, notamment un piranha, que l'animal n'hésite pas à consommer.

L'arawana, champion du saut
L'arawana (Osteoglossum bicirrhosum) est un autre poisson sud-américain. C'est un poisson à la forme très caractéristique, facile à identifier. Le corps est allongé et aplati latéralement, presque rubané. La bouche est grande, dirigée vers le haut et présente un prognathisme marqué. L'oeil est en position très antérieure, repoussé vers l'extrémité du museau. Deux longs barbillons mentonniers s'insèrent à l'extrémité de la mâchoire inférieure. Les écailles sont de grandes tailles. Les nageoires pectorales et pelviennes sont longues et effilées. Les nageoires dorsale et anale sont également allongées alors que le caudal est de petite taille. Le dos est brun, les flancs jaunâtres et le ventre blanchâtre. Enfin, les écailles sont parfois soulignées de rouge. Ce poisson se rencontre dans le bassin de l'amazone, exclusivement en eau douce. Il s'adapte bien à des environnements ayant un faible taux d'oxygène dissous. C'est un poisson omnivore qui peut attaquer une grande variété de proies. Il préfère cependant consommer les petits poissons en surface. On a également retrouvé dans les contenus stomacaux des insectes terrestres tombés à l'eau comme des sauterelles ou des fourmis. Sa bouche, largement supère, lui permet d'avoir ce type de régime alimentaire et de capturer des proies en surface. Il est également capable de sauter hors de l'eau, parfois très haut, pour capturer de gros insectes en train de voler.
L'arawana peut atteindre la taille d'1,20 mètre pour un poids de 5 kilogrammes. Notons qu'il existe aussi un arawana asiatique, symbole de prospérité pour les Chinois, et très souvent exposé en aquarium à l'entrée des commerces. Cette espèce se distingue par une nageoire de forme plus classique et moins allongée que celle de l'arawana d'Amazonie.

Mormyrops anguilloides ©Arnaud Filleul
Mormyrops anguilloides ©Arnaud Filleul

Taraza et mormyres
Traversons l'océan Atlantique pour aller à la rencontre d'un poisson africain peu connu, le taraza (Mormyrops anguilloides).
C'est un drôle de poisson dont la robe est sombre et le corps effilé. La tête, allongée également, porte une petite bouche terminale. L'oeil est de petite taille. L'unique nageoire dorsale qui est située très en arrière du corps n'a pas d'épines.
Les pectorales et les pelviennes sont plutôt courtes alors que l'anale est très longue. Le pédoncule caudal est très fin et supporte une nageoire caudale très curieuse, fortement fourchue et aux lobes arrondis.
Ce poisson vit exclusivement en Afrique et préfère les portions calmes des rivières, il évite soigneusement les courants. Il pénètre occasionnellement les estuaires.
Les petits individus se nourrissent de larves d'insectes et de crustacés, principalement des crevettes. Les individus de grande taille sont piscivores et se nourrissent en majorité de petits Cyprinidés et Cichlidés. Sa petite bouche ne lui permet pas de s'attaquer aux grandes proies mais il est néanmoins vorace.

Ce drôle d'animal est membre d'une famille de poissons tous curieux, les mormyridés. Il s'agit d'une assez grande famille comprenant 198 espèces, qui se distinguent des autres ostéoglossiformes par la présence d'un fin pédoncule caudal et d'une nageoire caudale très fourchue. Les caractéristiques de la bouche sont extrêmement variables chez ces animaux, et certaines espèces ont développé une véritable trompe portant une bouche terminale.

Il faut aussi savoir que le cerveau des mormyridés est très grand et qu'ils présentent des organes électriques ainsi que des électro récepteurs. Contrairement à d'autres poissons capables de donner des décharges, comme la raie torpille ou l'anguille électrique, ils ne s'en servent pas pour capturer leur proie ou pour se défendre. En fait, ils maintiennent un champ électrique permanent qui permet une sorte de communication entre les individus par exemple pour assurer la cohésion du groupe ou au contraire lancer un signale de fuite. C'est donc un nouveau sens qui est apparu chez ces formidables poissons.

Campylomormyrus numenius, sur la photo ci-contre, est un bon exemple de la "trompe" remarquable de ces animaux.

Notopterus notopterus ©Arnaud Filleul
Notopterus notopterus ©Arnaud Filleul

Les poissons-couteau
Les Notoptéridés, ici Notopterus notopterus, sont des poissons allongés au corps très aplati. Cette particularité leur a valu le nom de poissons-couteaux. Leur trait le plus caractéristique est la présence d'une longue nageoire anale qui leur sert à se mouvoir. En effet, il ne se déplace pas grâce aux mouvements de la caudale mais grâce à l'ondulation de l'anale tandis que le corps reste droit.
Les poissons couteaux vivent en Afrique et en Asie du Sud-est.


Article réalisé par Arnaud Filleul.
 

Cet article a recueilli 7 avis.100% des utilisateurs ont trouvé cet article "pratique".

Mots clés :poissons