Pourquoi mon enfant veut se faire tatouer ?

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Mon enfant et le tatouage
Mon enfant et le tatouage
Le tatouage est considéré par certains comme un art et par d'autres comme quelque chose de vulgaire, de "mauvais genre". Quelles sont les motivations des jeunes qui veulent se faire tatouer ? D'où vient ce désir ?

Le tatouage est-il une mode ?

Certaines études montrent que le tatouage n'est pas un phénomène de mode. En effet, même s'il est fréquent que beaucoup d'adolescents y pensent, ce n'est pas pour autant qu'ils passent à l'acte. Seulement 20% le font réellement (1).

Aspect social

Dans certaines circonstances, se faire tatouer permet d'intégrer un groupe social et de ne pas s'en faire rejeter. L'adolescent qui exprime ce besoin se sent alors moins seul. Il appartient à la « famille » de son choix, ce qui le rassure. En effet, le tatouage indélébile permet d'être rattaché au "groupe des tatoués à vie". (3)
Dans un contexte de crise sociale, le tatouage peut-être le moyen, de montrer que l'on refuse d'avoir peur en l'avenir, en affichant sa confiance en soi. Autre illustration : le tatouage peut aussi permettre d'assumer cette peur de l'avenir en "l'inscrivant" dans son corps. Ce qui est par exemple le cas du tatouage "No Future".
Le tatouage peut aussi être le moyen d'affirmer sa personnalité et son originalité en refusant les normes d'une société qui tend à nous rendre tous égaux sur tous les plans (4). Le tatouage, par son coté marginal, marque notre refus de se conformer aux normes sociales en vigueur.
En France, l'absence de rite de passage entre l'enfance et l'âge adulte (le service militaire était l'un des derniers rites de passage) peut-être compensée pour certains par le fait de se faire tatouer. L'adolescent montre alors qu'il est maitre de son corps, donc qu'il est adulte.

Aspect esthétique

Le tatouage peut aussi être un moyen de séduction. L'adolescence est un moment de la vie où l'on apprend à connaître son corps et celui du sexe opposé. Lorsque l'image qu'un adolescent se fait de son corps ne correspond pas à ses critères esthétiques, il peut penser pouvoir y remédier par le tatouage. La tatouage participe alors à diminuer son manque de confiance en lui et en sa capacité de séduction en l'aidant à faire de son corps une "oeuvre d'art" (1) (3).
De plus, lorsque l'adolescent éprouve un certain malaise par rapport à sa sexualité, le tatouages, en positionnant par exemple un garçon comme étant un "Bad boy" et une fille comme étant une "grande séductrice", vont induire chez le partenaire sexuel, une image qui mettra l'adolescent(e) à l'abri de son malaise, de sa faiblesse.

Aspect psychologique

Le fait de se faire tatouer n'est donc pas anodin. C'est une "inscription corporelle" qui se fait dans la souffrance et qui exprime, notamment lorsqu'il est très fortement souhaité, un certain malaise intérieur.
C'est pourquoi, très souvent, le tatouage est réalisé lors de moments difficiles et marquants de l'adolescence. Il est alors un moyen de lutter contre certaines angoisses. Pouvoir parler de ce qui pose problème est alors important car se faire tatouer ne soulage que pour une courte durée le malaise ressenti.
Le tatouage a aussi souvent pour effet d'exacerber et de renforcer le sens de l'identité chez les sujets qui y ont recours. La douleur éprouvée au moment où le tatouage est fait, peut en effet, participer à accentuer "mentalement" les différences que l'on ressent entre soi et les autres.
De plus, les jeunes se font souvent tatouer des symboles ou des dessins qui expriment des qualités qu'ils souhaiteraient avoir. Par exemple, un adolescent pourra se faire tatouer "courage" écrit en idéogramme chinois afin d'intégrer symboliquement le courage à sa personnalité.

ATTENTION : nombreux sont celles et ceux qui pensent à se faire tatouer, sans toutefois passer à l'acte. Cela ne traduit pas forcement un malaise. De la même façon qu'un adolescent qui souhaite se faire tatouer ne le fait pas systématiquement pour toutes les raisons énumérées précédemment. Le tatouage est une décision qui ne doit pas être prise à la légère par un adolescent. Il est important que les parents puissent accompagner l'enfant dans sa réflexion.

Bibliographie

(1) A, BOURGAIN. Piercing et tatouage : du corps à l'oeuvre d'art in Archive pédiatrique (2001)
(2) N, KLUGER. Pratique du tatouage et du percing en France (2008)
(3) C, GROGNARD. Tatouage, piercing : décoration ? décorporation ? dénaturation du corps ou retour au primitif ? in Gynécologie obstétrique et fertilité (2006)
(4) Z, BAUMAN. La vie liquide. Rouergue (2006)

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Mots clés :enfant