Le renard, un voisin discret mais encombrant

Publié le  - Mis à jour le 
Un regard de renard qui en dit long...
Un regard de renard qui en dit long...
C'est depuis toujours le meilleur ennemi de l'homme qui n'a jamais réussi ni à le domestiquer ni à s'en débarrasser.

Statut légal du renard

Le renard est une espèce chassable mais il figure également sur la liste nationale des animaux susceptibles d'être classés nuisibles. Le préfet détermine chaque année si le renard doit, à cause des méfaits que son surnombre ferait subir à la faune et à l'économie, être classé nuisible dans son département. À ce titre, sa destruction est alors possible par piégeage, déterrage et tir par les personnes habilitées.

Menaces sur les populations de renards

Les menaces naturelles (manque de nourritures, mauvaises conditions météorologiques ...) semblent avoir assez peu d'incidence sur le goupil. Les collisions routières par contre, tuent un nombre important de renardeaux lors de leur période d'émancipation. Pendant longtemps la rage était une cause importante de mortalité. Depuis 2001, l'épizootie a officiellement disparu en France grâce à d'intenses campagnes de vaccination (lâchers d'appâts contenant des vaccins par hélicoptère) qui ont eu lieu depuis 1986 dans le nord-est.

Actuellement, le renard roux n'est pas menacé en France et en Europe. Cependant, des dangers pourraient, à terme, menacer les populations encore saines de renards roux. En particulier l'empoisonnement volontaire ou involontaire (campagne de lutte avec la bromadiolone contre les campagnols par exemple) qui a des effets dévastateurs sur le renard et d'autres mammifères (blaireaux, sangliers, fouines ...) et même sur les oiseaux (buses, faucons...).

Le renard roux dans nos villes

Gravure de Grandville
Gravure de Grandville

Même s'il préfère vivre à la campagne, le renard a colonisé nos villes. On peut les apercevoir dans les faubourgs de Lyon, Rouen, Nice, Marseille et même dans Paris.

A Paris, entre Noël et le Jour de l'An (Période où les males se déplacent activement à la recherche des femelles), j'ai vu la dépouille d'un de ces courtisans écrasée sur le bitume de la Voie Expresse devant la Maison de la Radio en plein coeur de la capitale.

Ils sont très nombreux dans les banlieues des villes anglaises, ou à Madrid, voire même à New York. A Londres, il est courant d'attendre le bus en leur compagnie.

Le renard roux s'installe dans les cimetières, les terrains vagues, les parcs publics et les jardins privés. Les décharges leur apportent toute la nourriture dont ils ont besoin. Ils peuvent s'approcher très près de l'Homme si de la nourriture leur est offerte régulièrement. Malgré une mortalité importante due aux accidents de la circulation notamment, leurs effectifs ne cessent d'augmenter dans la plupart des métropoles.

Où l’observer ?

Le renard est présent dans tous les départements français. L'une des meilleures façons de l'observer est de se rendre aux heures crépusculaires au printemps dans les prairies récemment fauchées et d'attendre qu'un renard vienne pour chasser les campagnols. Les cris (glapissements longs) émis par les renards en rut en hiver sont également l'un des meilleurs moyens d'identifier à coup sûr le goupil.

Le renard laisse des traces

Empreintes de renard et de chien
Empreintes de renard et de chien

Ses empreintes ressemblent à celle d'un petit chien mais en différent à quelques détails. Les points communs sont les marques bien visibles des griffes et des coussinets. On retrouve 5 empreintes de pelotes, 4 de doigts (le 5ème doigt situé plus haut sur la patte ne marque pas) ; Elles diffèrent par le fait que la trace de renard s'inscrit dans un rectangle alors que celle du chien s'inscrit plutôt dans un carré, elle parait donc plus allongée.

Il existe une méthode pour confondre le renard ou le chien qui traine autour de vos poules. Il faut pour cela tracer un trait qui relie les extrémités avant des pelotes latérales. Si cette ligne passe en dessous de l'extrémité arrière des pelotes du milieu c'est signé Goupil, si elle passe au travers, vous avez à faire au toutou de votre voisin.

C’est dans le besoin que l’on reconnait un renard

Les crottes sont parfaitement visibles tant elles sont laissées en évidence dans le but de marquer le territoire, sur une pierre plate ou sur le bord d'un chemin. Ces laissées sont en général d'une taille de 7 à 8 cm et de couleur variant suivant l'alimentation. Lorsque celle-ci a été à dominance carnée cela se constate à la présence de poils qui "effilochent" et torsadent la crotte (cet aspect est également celui des laissées de mustélidés comme la fouine ou la martre mais la taille beaucoup plus grande chez le renard permet de les différencier).

Il semblerait que le renard s'amuse à troubler les indices (après tout, c'est peut-être vrai) en laissant ses crottes au milieu de celles d'autres animaux (bouses de vaches, crottes de lapins) ou dans des endroits impossibles (en hauteur dans le feuillage d'un arbuste ou sur le toit d'une maison).

Le terrier n’est pas toujours discret et se repère facilement

Renardeaux au terrier
Renardeaux au terrier

Un terrier de renard peut avoir plusieurs gueules. La gueule principale est un trou d'une trentaine de centimètres de diamètre qui, de manière générale, est "sale". Ses occupants déposent excréments et restes de nourriture à l'entrée ce qui le signale par une forte odeur caractéristique et le différencie du terrier du blaireau qui lui est un modèle de propreté.

Le terrier de renard n'a presque pas de déblais apparents, il n'a pas de gouttière d'entrée et n'a que une ou deux coulées d'accès. Le terrier du blaireau montre un tas important de déblais, une gouttière d'entrée, et tout un réseau de coulées en étoile.

Un carnage de fouine dans un poulailler
Un carnage de fouine dans un poulailler

S'il y a des dégâts dans votre basse-cour, les coupables les plus fréquents sont les renards, les fouines, les martres ou les chiens errants.
Le plus souvent ces méfaits sont commis à la fin du printemps quand la croissance des petits les fait en permanence crier famine.

Si votre voleur de poules est un renard, en général, le travail est fait proprement. Plusieurs victimes sont sacrifiées et emportées une à une pour être dévorée plus loin, le plus souvent au terrier. Il transporte les volailles en tenant leur tête dans sa gueule et le reste est porté comme un baluchon sur ses épaules.

S'il s'agit d'une martre ou d'une fouine le carnage est plus spectaculaire, ça peut être 15 ou 20 poules qui sont décapitées et trucidées dans un accès de folie meurtrière pour ensuite être laissées sur place.

Attention ! Il est interdit de se venger soi-même. Même si l'animal est classé nuisible dans votre département, cela ne signifie pas que vous êtes autoriser à chercher à vous en débarrasser à tout moment et par tous les moyens. Si vous vous sentez une vocation de trappeur, il vous faudra avant toute chose passer un brevet de piégeur. Si vous pensez que c'est à l'Etat de protéger votre volaille, vous pouvez tenter de provoquer une battue administrative. Le préfet mandatera alors le lieutenant de louveterie pour qu'il intervienne avec sa meute. Voir le loup et les hommes.
Dans tous les cas, la fédération des chasseurs de votre département vous sera de bon conseil.

Un renard à la maison

Un renard autour des maisons
Un renard autour des maisons

La détention d'un renard est interdite en France en vertu de l'Article R215-4 du code rural. Cet Arrêté précise que : est puni d'amende le fait pour toute personne qui détient des animaux sauvages en captivité de les placer et de les maintenir dans un habitat ou un environnement susceptible d'être, en raison de son exiguïté, de sa situation inapproprié aux conditions climatiques supportables par l'espèce considérée ou de l'inadaptation des matériels, installations ou agencements utilisés, une cause de souffrance, de blessures ou d'accidents et de les priver de la nourriture nécessaire à la satisfaction des besoins physiologiques propres à leur espèce et à leur degré de développement, d'adaptation ou de domestication.

Toutes les tentatives de domestication en dépit de la bonne volonté de celui qui espère sauver un petit orphelin (j'en ai vu de nombreuses malgré l'interdiction) se terminent toujours mal. Les premiers mois passés avec un renardeau donne l'illusion que le miracle est possible. Mais l'animal, souvent au moment des premières chaleurs, ressent l'appel du monde sauvage. Il faut alors le contraindre en l'enfermant pour le protéger contre un monde qui lui est hostile et inconnu. Autrement l'issue est toujours la même, il va s'offrir au premier piège tendu ou à la première meute rencontrée.

Il faut noter que jamais le dresseur le plus habile n'a réussi à monter un spectacle de cirque avec des renards. Ce qui pourrait n'être qu'un détail en dit long sur l'irréductibilité de notre animal dont la devise pourrait être : la liberté ou la mort.



Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.

Cet article a recueilli 35 avis.78% des utilisateurs ont trouvé cet article "pratique".

Mots clés :chienmaisonmammifèresrenard