Le requin-baleine, un monstre débonnaire !

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Requin ou baleine ?
Requin ou baleine ?
Tous les grands requins ne sont pas de terribles prédateurs capables de dévorer un homme. Certaines créatures que d'aucun qualifierait de monstres sont même tout à fait inoffensives. C'est notamment le cas d'un grand requin mangeur de plancton, le requin-baleine.

Comment reconnaître le requin-baleine ?

Description
Le requin-baleine a une morphologie assez curieuse. Outre la large bouche, on remarque les yeux placés latéralement et en position antérieure, un corps trapu aux lignes anguleuses, et un patron de coloration unique. Le corps, de couleur brune, présente des séries de taches blanchâtres alignées. Trois carènes assez saillantes ornent la partie dorsale des flancs. La forme des dents confirme le régime alimentaire de l'animal, elles ne sont nullement grandes mais présentes sous forme d'une multitude de petites formations à l'allure d'écailles. Le secret de l'efficacité de sa chasse est la transformation des branchies qui permettent de filtrer l'eau en retenant les petites proies planctoniques.

Taille et poids
Le requin-baleine peut atteindre 20 mètres et 34 tonnes.

Longévité
Inconnue

Le requin-baleine et ses cousins

Requin-nourrice
Requin-nourrice

Le requin baleine appartient au groupe des chondrichtyens, les poissons cartilagineux.
On compte deux unités au sein des chondrichtyens, le groupe des holocéphales contenant les chimères et le groupe des élasmobranches contenant les requins et les raies.
Même si les chondrichtyens sont communément dénommés poissons, il faut bien comprendre que ce ne sont pas des proches parents des autres vertébrés aquatiques regroupés sous cette appellation, comme un maquereau ou un hareng par exemple. Le terme « poisson » correspond à l'usage commun, ce n'est pas un terme scientifique et les animaux qu'il désigne sont très différents d'un point de vue morphologique et évolutif.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les poissons cartilagineux n'ont pas un squelette mou car leur cartilage ne ressemble en rien au cartilage humain. Le squelette est recouvert d'une couche superficielle et dure, formée d'un tissu particulier appelé cartilage calcifié prismatique. Cette couche est composée de petits prismes calcifiés reliés entre eux par des fibres de collagène et dont la taille ne dépasse guère 1 mm. Si ce cartilage demeure plus souple que l'os vrai, les dents des requins sont, elles, composées d'un tissu hypercalcifié extrêmement dur appelé dentine. C'est pour cette raison qu'elles se fossilisent très bien et qu'on en retrouve de nombreuses alors que les squelettes des requins du passé sont rarement découverts dans les archives fossiles. Les écailles des requins sont elles-aussi très dures, également formées de dentine, et correspondent plus par leur formation à une dent. Tout comme les dents, elles proviennent à la fois du derme et du mésoderme, et partagent une forme proche de ces dernières puisqu'elles sont pointues et légèrement recourbées. On les dénomme écailles placoïdes et seuls les chondrichtyens en possèdent. Elles donnent le toucher particulier de la peau des requins, lisse si on la caresse de l'avant vers l'arrière mais extrêmement rêche si l'on se dirige vers l'avant, contre l'extrémité pointue des écailles.
Au sein des chondrichtyens, le requin-baleine est tellement spécialisé que l'on a crée une famille monospécifique pour lui-seul : les rhincodontidés. Cette famille a été intégrée dans l'ordre des orectolobiformes, un groupe qui contient notamment le requin-nourrice.

Éthologie du requin-baleine

Type de micro crustacé constituant de krill
Type de micro crustacé constituant de krill

Alimentation
Cet animal gigantesque ne consomme pas de grands poissons, ne s'attaque pas aux mammifères marins.
Ce requin aux moeurs pacifiques qui se laisse accompagner avec bienveillance par les plongeurs est planctophage, il se nourrit des petits organismes qui peuplent la colonne d'eau comme les euphausiacés, de petites crevettes nageuses mieux connues sous le nom de krill. Occasionnellement, il consomme des céphalopodes ou des petits poissons, mais néglige les proies plus volumineuses.

Un examen rapide de son immense bouche pourrait pourtant faire croire au novice que le requin-baleine pourrait avaler des proies dépassant largement la taille d'un homme, mais cette ouverture buccale a un tout autre rôle. C'est en fait une adaptation à la prédation de plancton. La gueule large et aplatie de Rhincodon typus lui permet d'engamer une immense quantité des petits organismes planctoniques, condition nécessaire à la rentabilité de la chasse.
Un animal de cette taille ne pourrait se nourrir s'il devait dépenser beaucoup d'énergie pour capturer une seule malheureuse crevette. Il lui faut absolument consommer un maximum de micro crustacés ou de calmars en fournissant un minimum d'effort.
La morphologie du requin-baleine est la parade adaptative parfaite pour exploiter cette manne que constitue le plancton. D'autres animaux marins, comme la baleine à fanons ont développé des tactiques similaires. La comparaison s'arrête là car les baleines sont des mammifères marins alors que le requin-baleine est bel et bien un requin malgré son nom trompeur.

Le requin-baleine ne néglige pas toujours les poissons de petite taille
Le requin-baleine ne néglige pas toujours les poissons de petite taille

Activité
S'il est souvent rencontré seul, il arrive que le requin-baleine se déplace en banc et on a pu voir plus de 100 individus regroupés.
C'est un animal cosmopolite connu pour effectuer de très importantes migrations. Pour s'alimenter, le requin-baleine repère une zone riche en plancton et y positionne sa tête, le corps adoptant une position presque verticale. Puis, l'animal effectue des mouvements latéraux de la tête tout en ouvrant la gueule régulièrement et en activant sa corbeille branchiale. Ces aspirations répétées permettent d'engloutir et retenir un maximum de proies qui ne peuvent résister au courant d'eau généré.

Reproduction
Sa biologie demeure relativement obscure, on sait cependant qu'il est ovovivipare et que la femelle libère des petits complètement développés et autonomes.
Beaucoup reste cependant à apprendre sur cette curieuse espèce, unique représentant de la famille des rhincodontidés.

Carte d’identité du requin-baleine

Classe: chondrichtyens
Ordre : orectolobiformes
Famille : rhincodontidés
Nom : Rhincodon typus

Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.

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Mots clés :poissonsrequin