Le silure glane

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Un silure glane
Un silure glane
Encore appelé silure glane, nom commun dérivé du nom scientifique Silurus glanis, ce gigantesque poisson, le plus grand des eaux françaises, suscite de véritables passions chez le pêcheur sportif, et parfois la crainte du grand public.

Comment reconnaître le silure ?

Description
Il faut l'admettre, le silure n'est pas vraiment beau avec son corps allongé un peu mou, et sa tête large munie de barbillons et d'yeux minuscules. Ce sont des caractéristiques fréquentes chez les espèces de l'ordre des siluriformes mais le silure a poussé au maximum l'adaptation à la vie sur le fond dans les milieux turbides.

Ses six barbillons, deux très longs sur la mâchoire supérieure et quatre mentonniers, sont des organes tactiles. Ils possèdent également des bourgeons olfactifs qui lui permettent de "goûter" l'eau et le substrat. Rappelons que dans l'eau, l'odorat et le goût correspondent au même sens. La tête est munie d'une large bouche et armée de dents formant une râpe.

Le corps du silure présente un abdomen court mais la région caudale est élancée et flexible. Elle est munie d'une très longue nageoire anale, alors que la nageoire caudale est réduite. Cette anatomie est fréquente chez les espèces à nage ondulée vivant près du fond.
La robe, sans écailles, est brunâtre à verdâtre avec de nombreuses marbrures plus foncées. Son ventre est clair, il varie du jaune au blanc. Il existe également des spécimens albinos, jaune ou jaune-orangé.
On notera également la toute petite nageoire dorsale, et les pectorales bien développées, munies d'un premier rayon renforcé.

Taille et poids
Le silure recensé le plus lourd pesait 306 kg. L'origine de cette information est douteuse car elle n'est pas associée à une identification fiable de l'animal. Néanmoins, on sait que ce poisson atteint avec aisance les 100 kg, des poids de 150 kg pouvant être atteints dans toutes les eaux disposant d'une nourriture suffisante.

On trouve des poids plus importants dans la littérature, mais il s'agit de confusions avec d'autres poissons. Par exemple, des poids de 500 kg, cités par certains auteurs et répandus dans des ouvrages et sur Internet, proviennent d'une confusion avec des prises de belugas, le plus grand des esturgeons.

On estime que la taille maximale se situe autour de 3 m, même si là encore, les références sont peu fiables. De nombreux silures dépassant les 2,50 m ont cependant été capturés.

Longévité
Il peut vivre 80 ans, mais il atteint une belle taille bien avant cet âge record. Un silure, à 20 ans, peut dépasser les 2 m et les 100 kg autour de 30 ans.

Le silure et ses cousins

Poisson-chat
Poisson-chat

Tout d'abord, il faut faire une mise au point sur le terme "poisson-chat".
Au sens large, il désigne l'intégralité des espèces de l'ordre des siluriformes, c'est-à-dire tous les poissons munis de "moustaches", en fait des barbillons tactiles et olfactifs.
Au sens strict, il s'agit de l'espèce introduite en France, Ameiurus melas, un cousin du silure qui a mauvaise réputation pour sa tendance à proliférer et à éliminer les autres espèces de son environnement.

Pirarara pêché au Brésil © Arnaud Filleul
Pirarara pêché au Brésil © Arnaud Filleul

Il existe 34 familles de siluriformes, dans toutes les eaux douces du monde, et on compte même des espèces marines, bien que l'origine du groupe soit dulçaquicole, et probablement asiatique.

Parmi les plus connues, on compte :

  • les Ictaluridés (la famille du poisson-chat, Ameiurus melas) ;
  • les Bagridés (en Afrique et Asie) ;
  • les Ariidés (poissons-chat marins) ;
  • les Pimélodidés (les grandes espèces sud-américaines comme la pirarara et le caparari) ;
  • les Pangasiidés (énormes espèces asiatiques) ;
  • les Clariidés (avec certaines grandes espèces africaines, comme le vundu) ;
  • les Siluridés, la famille du silure.


Dans l'ensemble, on compte de nombreuses espèces gigantesques dans cet ordre, le silure partageant ses caractéristiques de poids et de taille avec la piraiba, Siluriforme sud-américain, et le silure du Mékong, un Pangasiidé d'Asie du sud-Est.

Particularités

Caparari, un siluriforme d’Amérique du sud © Arnaud Filleul
Caparari, un siluriforme d’Amérique du sud © Arnaud Filleul

Tous les siluriformes présentent un appareil de Weber (une série d'éléments osseux placés à l'arrière du crâne). Il s'agit d'une transformation des toutes premières vertèbres ainsi que des côtes, des arcs neuraux et des supra-neuraux associés à ces vertèbres.
Des ligaments connectent la vessie natatoire aux os de l'appareil de Weber. Lorsque la vessie vibre, tous les os vibrent de proche en proche.
L'élément osseux le plus proche du crâne, le scaphium, transmet le son à l'oreille interne par l'intermédiaire d'un sinus, le sinus impar. Tous ces poissons ont donc une perception accrue des sons et vibrations de toute sorte, ce qui leur offre un avantage pour la vie dans les eaux turbides.

Les siluriformes existent depuis très longtemps puisque les plus anciens fossiles sont datés du Crétacé supérieur (environ - 80 millions d'années). Mais leur origine est certainement beaucoup plus ancienne. On en trouve en effet sur tous les continents (y compris des espèces fossiles en Antarctique). Cela signifie que le groupe était déjà bien établi avant la séparation des continents, repoussant l'âge de son apparition à plus de 100 millions d'années.

En ce qui concerne le plus ancien représentant fossile de la famille des Siluridés, il s'agit d'une découverte récente mise à jour au japon. Il est âgé de 16 millions d'années.

Ethologie du silure

Un silure glane
Un silure glane

Alimentation
Le silure consomme une très vaste gamme de proies. Les observations des contenus stomacaux réalisés par les scientifiques sont conformes à celles effectuées par les pêcheurs : poissons, larves d'insectes, écrevisses, petits mammifères, oiseaux d'eau. En France, parmi les proies les plus fréquentes, on recense notamment les Cyprinidés comme le brème, la tanche, le carassin ou encore la carpe. Il adore également le sandre, mais plus simplement, il attaque presque tout ce qui passe à portée. Si l'on considère qu'un grand spécimen peut engloutir un ragondin, il est évident qu'un chien de petite taille ne lui fera pas peur non plus.

Activité
C'est un poisson dulçaquicole (qui vit dans l'eau douce), bien qu'il entre à l'occasion dans les milieux saumâtres, notamment dans la mer Baltique et la mer Noire. Il peut se nourrir à n'importe quelle heure, mais son activité est clairement maximale durant la nuit et au crépuscule.

Reproduction
Le silure se reproduit dans des ébats parfois bruyants, à proximité des obstacles, par exemple les bois morts, où il aime déposer ses oeufs. La femelle pond autour de 25 000 oeufs par kilos de son poids.
La maturité sexuelle intervient à l'âge de deux ans, pour un poids de 4 à 5 kilos. C'est entre mai et juillet, selon les régions, que le silure se reproduit, l'animal ayant besoin d'une température supérieure à 20 degrés pour la maturation des gonades.
Les oeufs du silure sont agglomérés par du mucus, et seront fixés sur un obstacle, puis gardés précautionneusement par le mâle. Quelques jours suffisent pour que les oeufs éclosent.

Carte d’identité du silure

Classe: ostéichtyens (les poissons osseux)
Ordre : siluriformes
Famille : siluridés
Nom : Silurus glanis



Article réalisé par Arnaud Filleul.

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Mots clés :poissonssilure