Diable de Tasmanie et les hommes

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Diable de Tasmanie
Diable de Tasmanie
C'est un parcours en dents de scie, qui risque bien de mal finir. Pendant longtemps, l'homme et les espèces introduites ont été les principales menaces pour ce pauvre diable. Mais maintenant qu'il est protégé, voilà qu'une maladie décime les populations.

Le diable de Tasmanie dans notre histoire et notre culture

Évidemment, cet animal qui vit à l'autre bout du monde n'a pas une longue histoire dans notre culture, mais c'est précisément un phénomène culturel, le cartoon, qui l'a rendu célèbre de par le monde.
Tout le monde connaît son personnage de Looney Tunes cartoon, très caricatural, arrivant comme une tornade, et se comportant comme un goinfre. Pour une relation plus intime avec l'animal, il faut se rendre en Tasmanie.

Histoire du diable de Tasmanie
Les problèmes du diable de Tasmanie ont commencé avec l'homme et l'introduction des dingos. Il a d'abord été chassé par les aborigènes, ce qui, ajouté à la compétition et à la prédation des dingos, a suffit pour éradiquer l'animal du continent australien, et ce bien avant l'arrivée des colons européens. On pense que l'animal a disparu du continent voici environ 600 ans pour ne subsister que sur l'île voisine, la Tasmanie. Rappelons qu'il n'y a pas de dingos en Tasmanie.
Mais ce n'était qu'un sursis. Lorsque les colons se sont établis en Tasmanie, ils ont bien vite remarqué que l'animal était capable d'attaquer les animaux domestiques. Du coup, une chasse sans merci s'ensuivit, du même ordre que celle qui décima les populations de Thylacine. Durant la plus grande partie du 19ème siècle, une chasse utilisant tous les moyens possibles, du piégeage au poison, a pratiquement mené l'animal à son extinction. Mais au 20ème siècle, une prise de conscience induite par la disparition du dernier thylacine en 1936 sauva le diable de Tasmanie.



Thylacine, John Lewin, 1817
Thylacine, John Lewin, 1817
S'il était trop tard pour le Thylacine, le diable de Tasmanie pouvait encore être sauvé. Et effectivement, suite aux mesures de protection, pendant l'essentiel de la deuxième moitié du 20ème siècle, l'espèce s'est reprise et paraissait sauvée.

Mais comme tous les animaux à petite population et faible diversité génétique, la sensibilité aux maladies est accrue. De fait, c'est une terrible maladie transmissible par morsure qui est en train de décimer les populations.
La dernière menace en date sera peut-être fatale, cette fois, à l'espèce. Le devil facial tumor disease, le DFTD, est une tumeur de la face, transmissible, qui devient cancéreuse, et tue chaque individu touché, sans qu'aucun traitement ne soit connu.
Autant dire que les conversationnistes sont en pleine panique. Les individus sains sont isolés, les individus malades sont abattus, et on pense déjà aux différentes possibilités pour réintroduire et repeupler, dans le cas où la maladie aurait raison de l'intégralité des animaux sauvages. On pense qu'il subsiste quelques dizaines de milliers de diables de Tasmanie à l'état sauvage, sans pouvoir être plus précis. L'animal est considéré comme en danger par l'UICN.

Personne ne peut dire ce que ce drôle d'animal va devenir. Le sort s'acharne contre lui, mais d'un autre côté, les hommes veulent vraiment maintenant le protéger. Après avoir été la raison de déclin des populations de diable de Tasmanie, l'homme se présente aujourd'hui comme son sauveur. Mais sera-t-il aussi bon dans le sauvetage que dans la destruction ?

Étymologie

Diable de Tasmanie ©Wayne McLean
Diable de Tasmanie ©Wayne McLean
L'étymologie du nom commun ne pose aucun problème. Le nom scientifique de genre, Sarcophilus, veut dire qui aime la chair. C'est une référence aux moeurs carnassières de l'animal. Le nom scientifique d'espèce, harrisii, a été donné en référence au premier descripteur de l'animal, Georges Harris, dont l'article fut publié en 1807.

Les synonymes
Le diable de Tasmanie est aussi connu sous le nom de sarcophile, qui est une dérivation du nom genre.

Les homonymes
Le nom "diable de Tasmanie" a été donné par les chercheurs à une souris mutante, caractérisée par des comportements aberrants. Elle décrit notamment des ronds, comme le personnage de Taz dans le cartoon. Notons quand même que le diable de Tasmanie n'agit pas ainsi, c'est une exagération de son comportement un peu énervé.

Où rencontrer des diables de Tasmanie ?

Pour le coup, il porte bien son nom, et son aire de répartition est restreinte à la Tasmanie. On trouvait des diables de Tasmanie sur le continent australien mais la prédation des dingos et la chasse par l'homme ont eu raison de ces animaux. Aujourd'hui, les quelques dizaines de milliers d'individus restant sont toujours observables en Tasmanie, mais tout le monde regarde avec appréhension l'évolution du DTFD.

Article réalisé Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.

Mots clés :mammifères