Ichtyosaure, pliosaure,... : reptiles marins disparus

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Elasmosaure
Elasmosaure
Les reptiles marins n'ont pas tous la même origine évolutive et appartiennent à des groupes différents, mais ils partagent une caractéristique commune : tous ont, comme les baleines, des ancêtres terrestres qui sont revenus à la vie aquatique.

Caractéristiques communes aux reptiles marins

Les reptiles marins gardent le plus souvent dans leur anatomie les traces de leur ancienne vie terrestre, en particulier dans la formation de leurs palettes natatoires qui sont des « vestiges de pattes ».
Certains ont un profil ichthyen (ichthyen : en rapport avec les poissons), comme les ichtyosaures, mais aucun n'est apparenté aux poissons. Ils n'ont pas de branchies et sont obligés de venir en surface respirer l'air atmosphérique, comme les baleines qui, bien qu'étant des mammifères, ont connu une histoire évolutive très similaire.
Apparus à la fin du Trias, ces groupes ont connu un succès et une diversification spectaculaire durant le Jurassique et le Crétacé, leur âge d'or s'étendant donc de - 208 à - 65 millions d'années. Puis, à la fin du Crétacé, ils disparaissent totalement des archives fossiles. Les formes les plus fantasques ont existé durant cette période depuis les élasmosaures, au cou gigantesque jusqu'au pliosaures, énormes prédateurs dont le crâne seul pouvait atteindre 3 mètres. Commençons donc par une présentation de ces formes disparues... Disparues ?

C'est au sein des plesiosauria, que l'on rencontre deux familles particulièrement intéressantes, les élasmosauridés et les pliosauridés. Un autre groupe, aucunement apparentée aux plesiosauria, présente une adaptation à la vie aquatique remarquable : les ichthyosauria. Enfin, les mosasauridés sont de spectaculaires reptiles marins dont l'étude paléontologique s'est d'abord illustrée en France.

Les élasmosauridés

Si l'on trouve des fossiles de ces animaux durant tout le Jurassique et le Crétacé, c'est à la fin du Crétacé que les élasmosaures ont connu leur plus grande diversité. De nombreux caractères anatomiques complexes caractérisent la famille mais certains sont plus simples à observer et retenir comme la présence d'un cou démesuré comptant plus de 40 vertèbres de forme allongée. Parmi les élasmosauridés, Elasmosaurus platyurus détient le record du nombre de vertèbres cervicales, animaux fossiles et actuels confondus, avec 76 vertèbres.
De fait, les élasmosaures ont une silhouette très caractéristique que seule une famille proche, les Plésiosauridés, présente également. Ils ressemblent à une gigantesque tortue au très long cou, cette comparaison n'étant que superficielle, les élasmosaures ne sont pas des parents des tortues de mer. Leur tête semble toute petite par rapport au reste du corps mais elle présente des dents pointues, bien développées et traversées de rides longitudinales.
La flexibilité du coup permettait à ces animaux de saisir des poissons et céphalopodes, la petitesse de la tête suggérant qu'ils ne capturaient pas de grosses proies mais multipliaient les attaques.

Elasmosaure
Elasmosaure

Les quatre membres du corps sont transformés en larges palettes natatoires qui devaient permettre aux élasmosaures de se propulser relativement efficacement bien qu'ils ne dussent pas atteindre les vitesses de nage des animaux de formes plus hydrodynamiques, tels les ichthyosaures. Ils étaient sûrement plus endurants que rapides et c'est sur la longueur du cou que devait reposer toute l'efficacité de la chasse.
Les os de ces palettes nous rappellent que les ancêtres des élasmosaures étaient terrestres puisque les cinq doigts sont parfaitement observables. En revanche, ils sont très transformés et divisés en un très grand nombre de phalanges.
La queue est plutôt courte. Avec un maximum de 14 mètres, ces grands reptiles jouaient un rôle prépondérant dans la chaîne alimentaire, la richesse des découvertes fossiles suggérant leur présence en grand nombre.
Les gisements les plus riches se trouvent en Amérique du Nord, Europe, Australie et Nouvelle-Zélande.

Les pliosauridés

Présentant une morphologie totalement différente du groupe précédent, les pliosauridés surprennent par leur crâne énorme. La tête de Kronosaurus queenslandicus pouvait atteindre à elle-seule 3 mètres de longueur, l'animal entier mesurant 13 mètres.
Très fortement armées, les mâchoires de ce pliosaure impressionnent et on suppose qu'il n'avait pas d'ennemi une fois atteint l'âge adulte. Le museau n'est pas seulement allongé, il est aussi large, laissant supposer une redoutable puissance musculaire.
C'est en Australie, comme son nom d'espèce l'indique, que le kronosaure à été excavé par une équipe de Harvard, en 1931.
La reconstitution du squelette est l'une des plus belles pièces de musée connues. Contrairement aux élasmosaures, les pliosaures ne se contentaient pas de petits poissons mais devaient chasser des animaux de bonne taille, y compris les autres reptiles marins. La coquille des ammonites, même de grande taille, ne devait pas résister une seconde à la pression des mâchoires des pliosaures.

Pliosaure
Pliosaure

Ils présentent 4 palettes natatoires, relativement grandes en raison de l'allongement des doigts par multiplications des phalanges. Leur corps assez allongé devait leur permettre des mouvements souples et une bonne vitesse de nage, suggérant une chasse de poursuite, à la manière des otaries actuelles. Leur cou était flexible mais beaucoup plus court que celui des élasmosaures, il comptait une douzaine de vertèbres. Leurs narines étaient situées sur la face dorsale de la tête, une adaptation probable à la prise d'air atmosphérique à la surface de l'eau, bien que certains chercheurs pensent qu'elles pouvaient avoir un rôle olfactif même dans l'eau.
Liopleurodon est un autre géant du groupe, avec des proportions similaires à celles du kronosaure. Les fossiles de Liopleurodon sont fréquents en Europe, et notamment en France, le genre étant connu depuis le 19ème siècle. Les fortes dents, visibles même la bouche fermée et légèrement dirigée vers l'extérieur, donnaient à ce pliosaure une allure particulièrement féroce. Très fréquents au Jurassique, les pliosaures ont disparu à la fin du Crétacé.

Les ichtyosaures ne sont pas des dauphins

Ichtyosaures : la ressemblance avec les dauphins est troublante
Ichtyosaures : la ressemblance avec les dauphins est troublante

Ichtyosaure ou ichthyosaure ?
Les écrits scientifiques emploient les deux, le dictionnaire Larousse contemporain est moins tolérant et écrit ictyosaure avec un seul H.
Les ichtyosaures ont acquis une morphologie très hydrodynamique rappelant fortement le corps des dauphins, offrant aux évolutionnistes un magnifique exemple d'évolution convergente. La queue de ces reptiles est cependant différente de celle des cétacés puisqu'elle est orientée dans le plan vertical (horizontal chez les cétacés) et contient l'extrémité de la colonne vertébrale dans le lobe inférieur. Autre différence, les membres postérieurs sont présents et, comme les membres antérieurs, transformés en palettes natatoires.
Les ichtyosaures se reconnaissent aussi à leur museau allongé muni de dents fines et pointues, leur aileron dorsal et leurs yeux de fortes dimensions.

L'oeil de l'ichtyosaure : Les yeux étaient entourés d'anneaux sclérotiques ossifiés (anneaux osseux constitutifs de l'orbite), et atteignaient leur plus grande taille relative au sein du bien-nommé genre Ophthalmosaurus.
Le fort développement de l'organe de la vision laisse supposer que les ichthyosaures étaient capables de chasser dans l'obscurité des grands fonds ou encore qu'ils avaient une activité de prédation nocturne. De nos jours, les calmars géants des profondeurs ont également un oeil extrêmement grand.

Les plus rapides parmi les reptiles marins
Il s'agissait sans nul doute des reptiles marins les plus rapides, mais ils devaient néanmoins venir respirer l'air en surface au moyen de leurs narines situées à la base du museau. L'étude des contenus stomacaux fossilisés a montré la grande variété des proies consommées : poissons, bélemnites ou encore petites tortues, il s'agissait de prédateurs opportunistes. Les ichthyosaures sont apparus durant le trias, ont atteint leur âge d'or durant le Jurassique et ont disparu durant le Crétacé, il y a environ 95 millions d'années, avant la crise majeure caractérisant la fin de cette période. Le corps des espèces des genres Ichthyosaurus et Ophthalmosaurus était très adapté à la nage rapide et évoquaient la forme d'un poisson. Cependant, les espèces les plus basales montraient une anatomie moins spécialisée et une silhouette entre le lézard et le poisson. Les ichthyosaures étaient vivipares, la femelle donnant naissance à un petit complètement formé, ce qui diffère de la condition généralisée des reptiles qui pondent des oeufs (oviparité). Des fossiles de femelles mortes durant l'accouchement avec leur petit, nous permettent d'être sûrs de leur mode de développement. Shonisaurus popularis et Hymalayasaurus tibetensis sont les deux plus grandes espèces connues, avec plus de 15 mètres mais des restes fragmentaires laissent supposer que certains ichthyosaures pouvaient atteindre 20 mètres. Ce sont donc les plus grands reptiles marins connus. Néanmoins, les plus petits ichthyosaures offraient des tailles beaucoup plus raisonnables, Chaohusaurus geishanensis ne devant pas dépasser 70 centimètres.

Les mosasauridés

Mosasaure
Mosasaure

Ces créatures gigantesques sont apparentées à des espèces actuelles, les varans, et ne sont pas de proches parents des reptiles marins présentés précédemment. On peut donc parler sans faire d'erreur de lézards marins. Certaines recherches phylogénétiques suggèrent même qu'ils sont encore plus étroitement apparentés aux serpents qu'aux varans. Ils se sont indépendamment adaptés à la vie aquatique et ont connu une brève existence à la fin du Crétacé tout en développant une forte richesse spécifique. Avec les premières découvertes datant du 18 ème siècle, ils comptent parmi les premiers fossiles de grande taille mis à jour, à une époque où la paléontologie n'en était qu'à ses balbutiements. Mosasaurus hoffmani, le « grand animal de Maastricht » notamment étudié par Cuvier, constitue ainsi une page importante de l'histoire paléontologique française. Le terme mosasaure signifie d'ailleurs « lézard de la Meuse » en référence au lieu de découverte des premiers spécimens. On trouve les restes fossilisés de ces animaux partout dans le monde mais c'est en Europe et en Amérique du Nord que les plus beaux spécimens ont été découverts.
La variabilité morphologique est importante au sein de cette famille dont les plus grandes espèces atteignent l'impressionnante taille de 17 mètres. Certaines espèces sont assez trapues, d'autres beaucoup plus sveltes, la taille relative de la tête pouvant aussi varier. Tous ressemblent à des lézards dont les membres sont adaptés à la nage. Leur transformation est cependant moins poussée que chez les pliosaures ou les ichthyosaures les doigts étant visibles extérieurement.
Le corps allongé est muni d'une longue queue développant une expansion dorsale chez certaines espèces. La bouche est toujours grande, armée de dents coniques légèrement recourbées et extrêmement puissantes. Les mosasaures se déplaçaient en ondulant leur corps et en s‘aidant de leurs palettes natatoires. Les contenus stomacaux fossilisés indiquent qu'ils consommaient une large gamme de proies incluant des poissons, des céphalopodes, des tortues, des plésiosaures et d'autres mosasaures. Des marques de leurs terribles dents ont été trouvées sur des ammonites fossilisées qu'ils semblaient apprécier. Les espèces les plus grandes appartiennent aux genres Mosasaurus (17 mètres), Tylosaurus (12 mètres), et Hainosaurus (15 mètres). Tous ces animaux ont disparu à la fin du Crétacé lors d'une crise majeure qui affecta aussi bien les environnements aquatiques que terrestres.

Article réalisé par Arnaud Filleul.

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