Marmotte et les hommes

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Le jour de la marmotte à Punxsutawney en Pennsylvanie
Le jour de la marmotte à Punxsutawney en Pennsylvanie
En France, les marmottes peuvent maintenant dormir sur leurs deux oreilles.

Extraits d’Histoires de Saisons, de George et J-P Fleury aux éditions Grasset

"Longtemps, les hommes n'ont vu dans la marmotte qu'un rôti dodu enrobé d'une graisse magique propre à soigner le rhumatismes. Il l'on pelée et, devenue murmel, sa fourrure a fait le bonheur égoïste des femmes du monde. Les choses ayant changé, les hommes devenus protecteurs les ont acclimatées dans les Pyrénées et le Massif Central. Elles y dorment maintenant tranquilles comme des loirs".

Étymologie : ou la montagne accouche d'une souris

La génération montante
La génération montante
Le nom latin de la marmotte est mus montis, littéralement : "souris de la montagne".

Homonyme
Au Québec, la marmotte est appelée siffleux, car elle siffle pour prévenir du danger.
En anglais, elle s'appelle groundhog, littéralement : "cochon de terre" ; en allemand elle s'appelle Murmeltier : littéralement l'"animal qui marmonne".

Synonyme
Les savoyards appellent la marmotte "dormiouze".

Le jour de la marmotte

Marmotte, gravure illustrant les
Marmotte, gravure illustrant les "Histoires naturelles" de Buffon
On ne peut pas parler de la marmotte et ses liens avec l'homme sans parler du "Jour de la marmotte". En recherchant un peu les origines du Jour de la Marmotte ou Groundhog Day, aux États-Unis, on s'aperçoit rapidement que cette fête a elle aussi ses origines dans la célébration de la lumière et a des liens étroits avec la Chandeleur catholique et l'Imbolc celte, et même des caractéristiques plus anciennes qui plongent dans la Rome antique.
Le Jour de la Marmotte, célébré le 2 février est le jour où, en particulier au Canada et aux États-Unis, cet animal se réveille de son long sommeil hivernal.
Ce jour là, lorsque la marmotte se réveille de sa période d'hibernation et sort de son terrier, elle prédit la longueur de l'hiver :
Lorsqu'elle pointe son nez dehors et que le soleil illumine le ciel, elle voit alors son ombre et rentre immédiatement dans son terrier, se rendort et indique ainsi que l'hiver sera encore long et vigoureux et durera encore au moins six semaines. Si au contraire, le ciel est couvert elle ne voit pas son ombre, elle reste éveillée car cela signifie que l'hiver prendra bientôt fin. Les jours qui restent seront doux, le printemps arrivera donc très bientôt.
Lorsqu'il fait soleil en hiver, on sait qu'il fait généralement froid et sec. Les jours nuageux sont plus doux. Et donc les conditions climatiques du 2 février peuvent perdurer quelques jours et donner à croire que la "dormiouze" est une pythonisse.
A-t-elle vu son ombre?
A-t-elle vu son ombre?
D'où provient cette tradition ? Comment fut-elle transmise ou comment a-t-elle commencé en Amérique du Nord ?
Les origines viennent de toute évidence des rites et coutumes déjà célébrés en Europe : on pense d'abord à la Chandeleur, à l'Imbolc et aux fêtes lupercales.
La tradition aurait d'abord été transmise par les romains aux Teutons (Germains). La coutume disait que si lors de cette journée dédiée à la Lumière, un animal qui émergeait voyait ou non son ombre et prédisait ainsi la température des six prochaines semaines. Le folklore germanique et français parlait de marmotte ou d'ours. Les romains choisirent plutôt le hérisson. Lorsque les européens s'installèrent en Pennsylvanie, ils remplacèrent le hérisson, absent des Amériques par la marmotte présente en grande quantité, et semblant aussi bonne météorologue que le hérisson.
Il faut cependant souligner qu'on n'a pas tenu en compte dans cette transposition que la marmotte n'a pas tout à fait les mêmes habitudes que le hérisson. L'hiver plus rigoureux en Amérique oblige les marmottes à demeurer plus longtemps en hibernation. Alors que le 2 février est généralement plus doux en Europe, il est souvent encore très froid outre-Atlantique et il reste encore beaucoup de périodes de froid et de neige ! Les terriers des marmottes étant souvent encore recouverts de neige, plusieurs des marmottes "travaillant" à prédire la température pour les villes sont gardées dans des environnements "privilégiés" !!! Et certaines marmottes sortent beaucoup plus tard, en mars.
Le 2 février, il y a des marmottes partout dans les rues de Punxsutawney
Le 2 février, il y a des marmottes partout dans les rues de Punxsutawney
Le Jour de la Marmotte a gagné en popularité au cours du XVIIIe siècle hommes grâce aux édiles de la petite ville de Punxsutawney en Pennsylvanie. Ils organisèrent un premier festival en Pennsylvanie où Ils utilisèrent une marmotte du nom de "Punxsutawney Phil". Depuis cette date dans la ville de Punxsutawney, le 2 février est devenu une date importante et l'occasion d'une grande fête populaire.
On peut noter également que si aujourd'hui, le premier jour du printemps tombe le 20 ou 21 mars, il y a environ 1 000 ans, avec le calendrier julien, l'équinoxe du printemps arrivait le 16 mars et donc exactement 6 semaines après le Jour de la Marmotte... La prédiction de l'animal était donc très importante.
Extraits d'Histoires de Saisons, de George et J-P Fleury aux éditions Grasset
"La dormiouze" a passé les six mois de son hibernation en famille au fond d'un boyau d'une dizaine de mètres. Pendant qu'elle dormait lovée dans une touffe de foin bien sec, isolée du monde et de ses prédateurs par le bouchon de terre dont elle a obstrué son antre, sa température est descendue à 5° et son coeur ne battait plus que quelques coups par minute. Au réveil, en avril, sa réserve de graisse a disparu.
Les observateurs se sont aperçus que notre animal se réveille au cours de son hibernation, environ une fois toutes les trois semaines ; S'ils le constatent, ils ne savent pas le justifier scientifiquement. Ça les énerve, évidemment. Permettez-moi d'avancer une hypothèse.
Montaigne, le grand Montaigne, se faisait réveiller au milieu de la nuit par des musiciens, simplement pour le bonheur indicible de se dire "Je vais pouvoir encore dormir cinq ou six heures". Les marmottes seraient-elles, elles aussi, épicuriennes ?

Où l’observer ?

Que la montagne est belle… avec des marmottes
Que la montagne est belle… avec des marmottes
La marmotte occupe essentiellement l'étage subalpin sans arbre et l'étage alpin. Entre 1200 et 2500 mètres d'altitude. Les éboulis à blocs rocheux gros et moyens, stabilisés depuis longtemps et entièrement ou partiellement recouverts de végétation, abritent les plus grandes densités. Elle est fréquente aussi les prairies présentant des éboulis. Attention, Nourrir les marmottes avec de la nourriture autre que de l'herbe est contre nature et les marmottes en payent un jour ou l'autre le prix... Même si vous êtes sollicité par une marmotte, ne lui donnez pas de biscuit ou autre douceur sucrée ou salée. La marmotte est herbivore et la graisse qu'elle stocke à partir des nourritures offertes par les hommes n'est pas adaptée à l'hibernation.

Menaces
L'espèce ne connaît pas de menaces particulières. Sa chasse est une activité encore bien pratiquée, avec plus d'un millier d'individus prélevés annuellement. La déclaration des animaux tués est obligatoire (carnet de prélèvement individuel) dans tous les départements sauf dans les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence. Cette déclaration est un premier pas vers une véritable gestion cynégétique de l'espèce. Le tourisme pédestre semble être bien toléré par les marmottes, mais doit néanmoins être canalisé dans certains secteurs particulièrement fréquentés.


Article réalisé par Eric Tournier et Jean-Pierre Fleury

Mots clés :mammifères