Mythe du serpent de mer...

Publié le  - Mis à jour le 
Déjà un serpent de mer… gravure du 17ème siècle
Déjà un serpent de mer… gravure du 17ème siècle
Il existe de nombreuses explications simples pour comprendre la régularité des retours du mythe des serpents de mer. Exposons les animaux qui peuvent être à l'origine du mythe.

Un requin pèlerin vu depuis un bateau

C'est une des façons les plus simples d'expliquer le mythe du serpent de mer mais aussi une des moins connues.
Il faut bien comprendre que ceux qui pensent avoir vu un serpent de mer ont réellement vu quelque chose, mais ils ont probablement mal compris ce qu'ils voyaient. Il faut donc chercher des pistes vers un animal produisant un effet visuel similaire à celui d'un serpent. Or, l'allure d'un requin pèlerin en train de se nourrir, lorsqu'on ne voit que les parties du corps dépassant de la surface, est incroyablement ressemblante à celle d'un serpent.

Couverture des
Couverture des "4 as et le serpent de mer", édition Casterman

Le museau développé de ce gigantesque requin planctophage dépasse de la surface, l'animal avançant gueule ouverte pour se nourrir de plancton. En arrière, le corps est très souple et présente une nage ondulée, très ressemblante à celle d'un serpent. Du coup, le museau ressemble à la tête d'un serpent qui émerge, alors que la longue partie caudale de l'animal effectue un mouvement sinueux.
Il suffit de faire cette observation en contre-jour pour être totalement sûr d'avoir un serpent de mer !

Le cas des anguilliformes

Anguilliformes en tous genres représentés dans cette gravure
Anguilliformes en tous genres représentés dans cette gravure

De nombreux groupes de poissons ont été proposés comme origine de la légende du serpent de mer. Les anguilliformes en font partie, avec en premier lieu certaines murènes ou encore le congre. Il est vrai que la murène géante, Strophiodon sathete, peut atteindre 4 mètres. De même, un congre exceptionnellement grand pourrait mesurer une taille suffisante pour que des personnes impressionnables en fassent un monstre.
Mais il faut se rendre à l'évidence, même une sérieuse exagération ne permettrait pas d'expliquer les tailles évoquées. Songez qu'un récit évoque un animal anguilliforme qui enserrait un cachalot de plus de deux tours. Un sacré congre ! Si ce type de témoignage ne reçoit aucune explication ou confirmation de la part de la science, des estimations plus raisonnables sont explicables par l'existence d'un animal vraiment extraordinaire : le régalec.

Le régalec, une réalité plus incroyable que le mythe

Un régalec d'environ 12 m capturé en 1996 dans les eaux du Pacifique par l'armée américaine
Un régalec d'environ 12 m capturé en 1996 dans les eaux du Pacifique par l'armée américaine

De dimensions incroyables, de morphologie incroyable, le régalec, Regalecus glesne, est l'une des créatures marines les plus fascinantes.
Son corps brillant et ponctué s'étire couramment sur une longueur de 6 mètres, mais des animaux mesurés à 11 mètres ont déjà été capturés et des spécimens estimés à 17 mètres ont été vus.
Son corps rubané est entièrement longé par une extravagante nageoire dorsale de couleur rouge qui ne comprend pas moins de 400 rayons.
Sa tête, à l'expression renfrognée, présente quant à elle une impressionnante crête composée des rayons les plus antérieurs de la nageoire dorsale. Même les nageoires pelviennes sont transformées en un long filament rouge.

Le régalec ou
Le régalec ou "le roi des harengs", illustration 19ème siècle

Un auteur de science fiction n'aurait osé inventer un animal pareil. C'est le plus long poisson osseux connu et pour trouver plus grand il faut considérer une espèce de poisson cartilagineux. Seul le requin baleine , avec ses 20 mètres, atteint une taille supérieure. Le régalec est donc un peu le roi des poissons, et il promène avec fierté, en ondulant son corps, sa couronne écarlate. D'ailleurs son nom anglais est roi des harengs, ce qui lui sied parfaitement.

Le groupe des lampridiformes

Timbre de la République de Palau, Asie pacifique à proximité du Japon
Timbre de la République de Palau, Asie pacifique à proximité du Japon

Le régalec appartient au groupe des lampridiformes qui comprend bien des poissons à la morphologie exubérante. Une des caractéristiques des lampridiformes est d'avoir un type unique de bouche protractile, le maxillaire est complètement libre et coulissant, ce qui permet à ces poissons de projeter la bouche vers l'avant et de créer une forte aspiration utile à la prédation.
Les lampridiformes ont des formes très variées mais ont souvent en commun des couleurs extrêmement vives, en particulier des nageoires rouge vif.
L'opah est un autre membre du groupe assez connu. C'est un poisson tout rond, à la robe chatoyante, et pouvant atteindre 2 mètres de long pour un poids de 270 kg. Ce poisson solitaire constitue une rencontre presque aussi surprenante que le régalec, même si sa taille est inférieure. Il navigue dans la plupart des océans, en utilisant ses longues nageoires pectorales et non sa nageoire caudale comme les autres poissons. Fréquentant des fonds de 100 à 400 mètres, il se nourrit de poissons et de céphalopodes , comme son cousin le régalec.

Où vit le régalec ?
Il a une très large aire de répartition : Atlantique, Pacifique, Indo-Pacifique, il se rencontre un peu partout, même en Méditerranée.
C'est la profondeur à laquelle il vit qui le rend plus discret. Ce poisson pélagique fréquente en général des fonds compris entre - 20 et - 1000 mètres, où il se nourrit de crustacés nageurs, de petits poissons et de céphalopodes.

Une vie assez normale, en somme. Il n'attaque pas les bateaux et évite soigneusement de s'affronter aux cachalots. Si vous le rencontrer, ce n'est impossible après tout, souvenez-vous, ce serpent de mer, c'est un régalec.

Article réalisé par Arnaud filleul et Jean-Pierre Fleury.

Cet article a recueilli 2 avis.100% des utilisateurs ont trouvé cet article "pratique".

Mots clés :poissons