Les ruminants

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…ou comment transformer le foin en lait
…ou comment transformer le foin en lait
Tout le monde a déjà entendu, voire utilisé, le terme « ruminant ». Mais quels sont les animaux réellement inclus dans ce groupe ? Quelles sont leurs particularités biologiques ? Voici une petite mise au point sur ces espèces très importantes pour l'homme.

Quel est le point commun entre une girafe, un céphalophe, un gnou et un cerf ?

Cette question permet de mettre en avant la diversité du groupe, ce sont tous bien-sûr des ruminants.
Mais il y a beaucoup de différences morphologiques entre le minuscule céphalophe (30 centimètres) et la girafe (4 mètres).
Ces deux animaux, que tout semble séparer, sont étroitement apparentés et classés dans le groupe des ruminants.
La principale caractéristique du groupe n'est pas visible à l'oeil nu : ces animaux ont un estomac très particulier qui leur permet de ruminer. Grâce à cette adaptation, ils digèrent la cellulose, un des constituants des végétaux que beaucoup d'autres mammifères ne peuvent assimiler.

Le cerf élaphe est un ruminant
Le cerf élaphe est un ruminant

Le terme rumination désigne la régurgitation de la nourriture pour la mâcher de nouveau. Ce n'est certes pas très appétissant mais extrêmement fonctionnel. Outre la digestion de la cellulose, on pense que la rumination est un avantage évolutif important pour ces espèces. Elle permet en effet de limiter le temps de la prise de nourriture en différant la mastication et l'ensalivement, ce qui peut être très utile pour un herbivore toujours menacé par les prédateurs.
 

L’estomac des ruminants
L’estomac des ruminants

La rumination
L'estomac des ruminants est divisé en 4 poches : La panse (ou rumen), le bonnet, le feuillet, la caillette. Les trois premières poches sont issues de la transformation de l'oesophage alors que la caillette constitue l'estomac au sens strict.
Le processus de rumination est le suivant. L'animal avale de l'herbe qu'il a légèrement mâchée, l'herbe entre dans la panse, véritable bac de fermentation où l'activité des bactéries permet d'attaquer la cellulose. Puis elle transite par le bonnet avant d'être régurgitée et mâchée, cette fois fortement, et mélangée à la salive. Avalée de nouveau, l'herbe est déshydratée dans le feuillet et digérée par les sucs gastriques dans la caillette. Il s'agit donc d'un partage des tâches extrêmement perfectionné.

Ce kangourou est-il en train de ruminer ?
Ce kangourou est-il en train de ruminer ?

Ruminer et ruminants
Il faut cependant noter que si tous les ruminants ruminent, tous les animaux qui ruminent ne sont pas des ruminants. Explications : La nature est étonnante et se répète parfois. Il arrive que des adaptations apparaissent indépendamment chez des animaux non-apparentés, cela s'appelle la convergence évolutive. Savez-vous par exemple qu'un kangourou rumine ? Et pourtant, ce n'est pas un cousin de la vache ! Dromadaire et chameau ruminent également mais ils n'appartiennent pas non plus au groupe des ruminants. Ce sont des Tylopodes. Il est cependant vrai que les Tylopodes sont de proches parents des ruminants.

Qui sont-ils ?

Chevrotin porte-musc
Chevrotin porte-musc

Il est donc nécessaire de savoir quels animaux on désigne par ce nom. Seuls les mammifères onguligrades (qui marchent sur la dernière phalange, elle-même munie d'un sabot) et possédant l'estomac décrit précédemment peuvent être appelés ruminants.

Il s'agit donc des Bovidés (gnou, mouton, chèvre, bison, antilope, tragélaphe, etc.), des Cervidés (cerf, chevreuil et daim), des Giraffidés (girafe, okapi) et des Antilocapridés (proghorn). On y ajoute deux familles moins connues : les Tragulidés (les chevrotins, de petites espèces africaines et asiatiques) et les Moschidés (les porte-musc, des petits ruminants très curieux en raison de leurs deux immenses crocs à la mâchoire supérieure).
Les animaux qui n'appartiennent pas à ces familles ne peuvent pas être qualifiés de ruminants, même s'ils ruminent.
On remarquera au passage que, excepté les Tragulidés et les Moschidés, tous les ruminants ont acquis des bois ou des cornes, mais ces ornementations prennent une forme très différente d'un groupe à l'autre, ce que le chasseur de trophées sait parfaitement. Chez les Bovidés, il s'agit d'une transformation des os frontaux recouverte d'un étui cornée. Chez les Giraffidés, c'est une corne osseuse permanente recouverte de peau. Chez les Cervidés, les bois sont perdus chaque année et recouvert, au moins temporairement, de peau alors que chez les Antilocapridés, les bois sont recouverts d'un étui corné.

Mâchoire d’un bœuf
Mâchoire d’un bœuf

Il existe d'autres caractéristiques propres aux ruminants. Ils ont ainsi perdu les incisives de la mâchoire supérieure et même, pour certaines espèces, les canines de cette même mâchoire. Les mâchoires sont capables d'effectuer d'amples mouvements latéraux pour assurer la mastication.
Il est donc sûr que tous les ruminants proviennent d'un ancêtre commun et sont effectivement de proches parents.
Si les caractères anatomiques présentés vous laissaient encore des doutes, sachez que des recherches moléculaires basées sur la comparaison de l'ADN des ruminants ont confirmé leur parenté. Le plus ancien fossile de ruminant connu est daté à environ - 40 millions d'années. Ces animaux sont donc apparus 17 millions d'années avant les premiers hominoïdes (Primates apparentés à l'homme) et 39 millions d'années avant Homo sapiens, l'homme.

Comment vivent-ils ?

La gazelle de Thomson est une proie fréquente des guépards
La gazelle de Thomson est une proie fréquente des guépards

Ce sont tous des herbivores, bien entendu, qui vivent le plus souvent en troupeau, avec parfois une structure sociale assez complexe.
Les ruminants se rencontrent dans le monde entier. Ils sont arrivés naturellement dans tous les continents sauf en Australie et en Nouvelle Zélande où leur présence est due à l'homme. Présents aussi bien dans les forêts que les savanes, ils forment un maillon essentiel de la chaîne alimentaire en consommant des plantes (essentiellement des graminées) et en étant également la proie des prédateurs. On appelle cet état « consommateur primaire ». Ils contribuent également au façonnement du couvert végétal.
Leur état de proie a entraîné une pression de sélection similaire sur tous les continents.
Ainsi, les ruminants sont des animaux vifs et alertes, avec d'excellentes aptitudes à la course. La deuxième conséquence de la menace constante des prédateurs est le mode de développement des jeunes. Alors que chez de nombreux groupes de mammifères (et en premier lieu l'homme), le juvénile naît peu formé et complètement dépendant des parents, les nouveau-nés de ruminants font preuve d'une autonomie extraordinaire et sont capables, comme les gnous, de marcher pratiquement immédiatement après la parturition.
Génération après génération, la nature a sélectionné cette caractéristique par l'élimination des jeunes trop lents à se mettre debout et donc plus souvent attaqués par les prédateurs.

Les ruminants et l’homme

Les ruminants sont un groupe animal de toute première importance pour l'homme. Les premières traces de la domestication des ruminants par l'homme remontent à 6000 ans avant J.C. On sait qu'au moins quatre espèces ont été domestiquées à cette époque : le boeuf, le zébu, le mouton et la chèvre. C'est au Moyen-Orient que l'on trouve le plus de traces de cette domestication. L'élevage s'est étendu par la suite à d'autres espèces et d'autres zones géographiques, avec le cas du renne, dont on sait qu'il est domestiqué depuis au moins 3000 ans avant J.C.

Omanie de Las Peces © Giorgio Soldi
Omanie de Las Peces © Giorgio Soldi

Oh la vache !
Il y aurait, suivant le recensement fait à l'occasion des problèmes liés à la maladie de la vache folle par la Convention des Droits de la Vache réunie à Los Angeles en 2008, très exactement 958 256 345 (j'ai envie d'ajouter grosso modo) vaches saines d'esprit dans le vaste monde.
En comptant une moyenne une production, entre les vaches déshydratées du Sahel et celles suralimentées des étables industrielles, d'environ 10 litres de lait par jour, nous arrivons au chiffre astronomique de 958 256 345 x 10 x 365 soit à quelques gouttes prés : 3 400 000 000 000 litres en un an, l'équivalent de 6800 superpétroliers de 500 000 tonnes.
Omanie de Las Peces, une prim'holstein de 8 ans fut élue vache de l'année en 2007.
Au cours de ses 12 derniers mois, elle avait donné 13 635 litres de lait.


Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.

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Mots clés :mammifères