5 idées reçues sur l'éducation des bébés

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5 idées reçues sur l'éducation des bébés / iStock.com - PeopleImages
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Ne pas répondre immédiatement aux pleurs d'un nourrisson, lui donner systématiquement la tétine, pratiquer le co-dodo, le nourrir à heures régulières ou encore lui permettre de regarder un peu la télévision sont-elles des pratiques recommandées pour l'épanouissement d'un bébé ? Voyons les réponses ci-dessous.

Il faut laisser un bébé pleurer...

Faux. On entend souvent dire qu'il faut laisser pleurer un bébé, ne pas se précipiter pour le réconforter à la première larme au risque de le rendre capricieux, que les cris développent sa capacité pulmonaire...

Et bien non. Seul moyen que possède le bébé pour exprimer ce qu'il ressent (besoin d'attention, faim, fatigue, mal-être, douleur, maladie...), les pleurs doivent être rapidement pris en compte par les parents qui apprendront petit à petit à reconnaître la nature du besoin. Un bébé ne pleure pas simplement pour le plaisir de pleurer ; jusque vers 7-8 mois, il est rarement capricieux sauf si vous ne répondez pas correctement à ses désirs.

Le réconforter et lui porter rapidement de l'attention, c'est favoriser son épanouissement et sa future autonomie.

Donner la tétine à un bébé est une mauvaise habitude

Vrai et faux. De nombreux parents sont réticents à donner la tétine à leur bébé, effrayés par les risques potentiels mis en avant par les spécialistes de la petite enfance : dépendance, déformation du palais et des fosses nasales, nid à microbes, augmentation des caries, mauvais placement des dents, troubles de l'élocution...

Or, la succion est un besoin physiologique naturel chez le bébé lui permettant d'être rassuré et apaisé, notamment lorsqu'il n'est pas avec ses parents ou au moment de s'endormir.

Donner la tétine systématiquement pour arrêter les pleurs d'un bébé n'est cependant pas une bonne habitude à prendre. Comme on l'a déjà vu, le nouveau-né pleure pour signifier un besoin et il est important pour les parents d'apporter une réponse appropriée autre que la tétine-sucette.

Plus tard, l'abandon de la tétine (ou du pouce) se fait dans la majorité des cas naturellement lorsque le bébé éprouve d'autres besoins. Les parents ont un rôle à jouer lors de ce sevrage nécessaire qui s'apparente presque à un 'deuil' pour le tout petit. Même si les pédiatres ne sont pas tous d'accord, ce sevrage doit être réalisé avant l'apparition des dents permanentes de l'enfant (vers 3 ans).

Un bébé peut dormir dans le lit des parents

Faux en France, selon le corps médical et les psy. Dans l'édition 2012 du livre de Laurence Pernoud 'J'élève mon enfant' (la bible de toutes les mamans), il est dit que le co-sleeping ou co-dodo est une pratique déconseillée par le corps médical ; le bébé risque en effet plus l'étouffement et l'hypothermie.

1ère cause de décès entre 1 mois et 1 an, la mort subite du nourrisson touche environ 250 bébés/an, un chiffre qui a fortement baissé avec notamment le couchage sur le dos des nourrissons sans couette ni oreiller. La pratique du co-dodo ces trois dernières années semblerait être la cause d'une légère augmentation des chiffres du syndrome de MSN. Les défenseurs du co-dodo rétorquent que les accidents sont surtout dus au fait que les parents ne suivent pas les règles essentielles de sécurité, un fait que les études laissent de côté.

Autres arguments contre le co-dodo ou sommeil partagé : le besoin de fusion de la mère avec son enfant n'est pas forcément ressenti par le père engendrant d'éventuels problèmes de couples, un risque d'écrasement thoracique du bébé ou encore une séparation mère/enfant (autonomie) d'autant plus difficile...

Même si certains pédiatres ne sont plus foncièrement contre cette pratique ancestrale qui est la norme notamment en Asie et en Afrique, le co-dodo reste tabou en France et se pratique dans le secret des maisons.

Pourtant, 2/3 des enfants sur la planète dorment avec leur mère, facilitant ainsi l'allaitement et permettant de répondre précisément aux besoins psychologiques, émotifs et biologiques du nourrisson. Le repos de la famille est aussi mieux préservé. Quant au livre de Thine Thevenin qui a lancé la mode du co-sleeping, il est devenu un véritable best-seller aux États-Unis.

L'OMS, quant à elle, recommande que l'enfant dorme dans la chambre parentale jusqu'à 6 mois, dans un lit séparé ; elle estime également que le co-sleeping est une bonne protection contre la mort subite ! Une étude internationale financée par la fondation Bill Gates de janvier 2016 nous apprend que l'allaitement maternel dans les pays riches permettrait de réduire de 36% les cas de MSN.

Difficile de s'y retrouver dans ce contexte polémique. Même s'il existe quelques pistes, aucune étude pour le moment n'explique la cause des MSN dans les pays occidentaux, un syndrome plus fréquent que chez les cultures qui pratiquent le sommeil partagé.

Espérons que la lumière sera bientôt faite sur ce mystère médical afin que l'on sache enfin la pratique à adopter pour éviter la MSN.

Un bébé doit manger à heure fixe

Vrai. Avant que les périodicités (sommeil, repas...) ne s'installent, vers l'âge de 4 mois généralement, il se peut que votre bébé réclame le biberon ou le sein à tout moment, la journée comme la nuit. Il est nécessaire de satisfaire ses besoins et de ne pas le laisser pleurer. Petit à petit, votre bébé se régulera tout seul, ayant besoin d'une routine pour se sentir en sécurité. Le rythme des repas deviendra de plus en plus régulier pour atteindre en moyenne 1 biberon toutes les 4 heures, un peu moins lorsqu'il est nourri au sein.

A partir de 4-5 mois, vous pouvez débuter une alimentation de transition pour commencer à l'habituer à de nouvelles saveurs : biberon avec bouillon de cuisson ou purée maison ou petit pot...

A 6 mois peut commencer la diversification alimentaire. Il faut cependant continuer à donner du lait (maternel ou de croissance) jusqu'à 1 an (environ 500 ml), les pédiatres recommandant même le lait de croissance jusqu'à l'âge de 3 ans. Un petit-déjeuner, un déjeuner, un goûter et un dîner à heures fixes découpent dorénavant la journée du bébé et les nouveaux aliments seront introduits un par un lors de ces repas pour repérer les éventuelles allergies. Pour les doses, référez-vous au Guide nutrition de la naissance à trois ans de l'INPS qui vous est remis à la maternité et qui reprend les recommandations du Programme National Nutrition Santé.

La télévision éveille les bébés

Faux. Et bien non ! Excellente baby-sitter pour certaines mamans (mais non les bébés), la télévision n 'est pas le meilleur moyen pour le développement des bébés. Bien qu'ils semblent captivés par cet écran lumineux sonore, les professionnels de la petite enfance dans leur ensemble mettent en garde les parents contre ses effets néfastes.

Regroupant plus de 60% des pédiatres, l'Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA) menée par le psychiatre Serge Tisseron déconseille fortement la télévision pour les bébés et enfants de moins de 3 ans, même un programme qui leur est dédié. Les principales raisons évoquées :

  • des images trop violentes par rapport à leur quotidien et des sons trop stridents,

  • une passivité devant l'écran qui les prive d'interaction et d'exploration de l'environnement,

  • des risques de déconnexion avec la réalité, d'excitation, de dépendance,

  • de troubles de la concentration, du langage, du sommeil...

Un enfant qui regarde trop la télé avant 3 ans risque en outre de s'ennuyer sans télévision, ne trouvant pas en lui les ressources nécessaires pour s'amuser. L'enfant pour se développer doit être un acteur et non un spectateur passif. Le CSA recommande également de ne pas mettre un enfant devant la télé avant 3 ans.

La consommation télévisuelle augmente régulièrement en France pour les enfants. Elle est en moyenne de 2 h/j pour les 2-14 ans et 1 h/j pour les 8-16 mois !

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