Antiquités de marine

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Antiquités marines
Antiquités marines
Des maquettes de bateaux aux instruments de positionnement et de mesure du temps, la marine a fourni quantité d’objets convoités par des collectionneurs passionnés. Un univers qui recoupe une grande partie de la culture universelle.

Qu'est-ce qu'un objet d'antiquité de marine ?

Tout ce qui a jamais navigué sur la mer risque un jour de se retrouver considéré comme objet d’antiquité de marine.

La première catégorie concernant les objets embarqués rassemble :

  • les instruments de navigation ;
  • les armes propres à la marine de guerre (souvent reconnaissables à la grande proportion de bronzes dans les parties métalliques) ;
  • les uniformes ;
  • les nécessaires de pharmacie et de chirurgie.

On y ajoutera certains ornements, telles les figures de proue, mais aussi les objets ou les meubles ayant participé à la décoration et au prestige de grands paquebots.

Réalisations des matelots et des bagnards

Une deuxième catégorie rassemble les objets qui ont pu être réalisés à bord.

Le temps était parfois long pour le matelot lors des voyages ou des campagnes de pêche. Les plus doués d’entre eux occupaient ces plages de désoeuvrement à de menus travaux-souvenirs en rapport avec leurs connaissances et leurs capacités : bateaux en bouteille, travaux de matelotage, scrimshaws

Par extension, à ces derniers peuvent être assimilés les travaux dits de ponton effectués à l’époque napoléonienne par des prisonniers regroupés sur des navires-pontons ou dans des prisons à terre.

Essentiellement réalisés à partir d’ossements de bœuf bouilli, de nombreux jeux de dominos ou de guillotines miniatures se retrouvent ainsi traditionnellement dans l’inventaire de l’antiquaire de marine !

S’y trouvent également intégrés les travaux de bagnards le plus souvent réalisés à base de paille ou de noix de corozo.

Représentation du monde et cartographie

Rarissime paire de globes Vincenzo Coronelli datée 1697
Rarissime paire de globes Vincenzo Coronelli datée 1697

Une troisième catégorie assimilée aux antiquités de marine recouvre encore des séries entières d’objets de représentation :

  • modèles de bateau ;
  • livres sur les grands voyages ;
  • peintures de combats navals ;
  • scènes de pêche ;
  • affiches de compagnies maritimes...

S’y ajoute tout ce qui concerne la cartographie : cartes, atlas et globes qui, lorsqu’ils se présentent en paire, incluent également les sphères célestes.

Ce secteur comprend nécessairement les instruments de géodésie et autres théodolites qui auront servi au lever des cartes et, par extension, une bonne partie des objets scientifiques incluant instruments d’optique et microscopes.

Des pans entiers de culture se retrouvent ainsi avec un lien avec la mer, soit la moitié du monde.

Position en mer

La position en mer d’un bâtiment a toujours été un problème crucial, à la fois pour suivre sa route et arriver à destination, et pour éviter les dangers des récifs.

Autrefois, on naviguait "à l’estime" : en partant d’un point observé, on tentait d’évaluer sa position en s’aidant de sa route, mesurée à l’aide d’un compas et de sa vitesse, mesurée par un loch. Le résultat restait toujours approximatif du fait de la difficulté de connaître de façon exacte la dérive du bateau due aux vents et aux courants.

Certains chanceux pouvaient se faire aider de portulans, ces précieux relevés des côtes et des dangers, pratiqués par les capitaines-pilotes qui se repassaient entre eux les informations, parfois à prix d’or. Mais la plupart des indications restent empiriques.

Bâton de Jacob pour mesurer la latitude (vers 1740)
Bâton de Jacob pour mesurer la latitude (vers 1740)

La nécessité s’est vite imposée de situer sa position sur le globe de façon plus scientifique. Celle-ci a été définie par deux coordonnées mesurées en degrés et minutes d’angles : la latitude et la longitude.

La latitude se mesure par une simple visée avec des instruments qui se sont à tour de rôle appelés : bâton de Jacob, quadrant de Hadley, quartier de Davis, octant puis sextant.

L’estimation de la longitude, bien plus complexe, a été beaucoup plus tardive. Pour la mesurer, on utilise à nouveau un instrument de type sextant, mais également un chronomètre dont l’exactitude doit être très grande : une erreur d’une minute de temps se traduirait, en effet, par un décalage de plusieurs nautiques, l’unité de distance en mer qui vaut 1.852 mètres.

Sabliers

Sablier en ambre et son étui (18ème siècle)
Sablier en ambre et son étui (18ème siècle)

A partir de 1760, l’arrivée progressive des chronomètres "garde-temps" permet aux marins de se caler en longitude de façon simple. Jusque là et pendant des siècles, ils se contentaient de vivre à l’estime du soleil et à l’heure d’horloges à sable pour mesurer le temps et ponctuer les quarts, les sabliers.

Ces instruments se composent de deux fioles coniques de verre transparent reliées entre elles par un assemblage de fils. Entre les deux, un trou calibré permet l’écoulement de différentes matières : sable, coquille d’œuf, corail ou brique pilés. Le tout, disposé verticalement pour l’écoulement, est encadré par des colonnettes reliant deux plaques horizontales identiques destinées à poser l’instrument.

Tous ne furent pas destinés à l’usage en mer où les sabliers, en bois ou en laiton, remplissaient principalement deux fonctions. L’une permettait de donner l’heure à bord de façon audible. Au moment précis de la culmination du soleil, le timonier piquait quatre coups doubles et retournait le sablier d’une demi-heure. Il piquait ensuite un coup de cloche à chaque retournement et deux coups à chaque heure ronde. La vie s’organisait ainsi autour de ces sons qui valaient commandement. Ces sabliers restèrent en usage du XVIIe siècle jusqu’au début du XXe siècle.

L’autre sablier, "l’ampoulette", était tout petit et d’une durée d’une demi-minute. Il permettait de mesurer le temps que mettait une planchette de bois pour glisser tout le long du navire pour en déterminer la vitesse.

Mentionnons encore le sablier de quatre heures, dit "de combat", pour le cas où, du fait de l’agitation consécutive, le timonier en oublierait de retourner son sablier…