Film policier : notre sélection des incontournables

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Les meilleurs films policier © De Laurentis Productions - New Line Cinéma - Paramount Pictures
Les meilleurs films policier © De Laurentis Productions - New Line Cinéma - Paramount Pictures
Vous êtes fascinés par les films policiers et ne jurez que par les romans d'Agatha Christie et de Conan Doyle ? Voici notre sélection des films policiers les plus incontournables.

Le film policier, révélateur des faux semblants

Le genre du film policier s'explique d'abord par opposition au film noir, qui met davantage en scène une atmosphère qu'une intrigue. Dans un film policier, on trouve trois catégories de personnages bien distinctes : celle du voleur, du malfaiteur (qui cherche à mettre hors d'état le policier ou le détective privé) ou de l'assassin (à l'origine du délit) ; celle du policier (qui cherche à savoir de quelle façon a été commis le délit) ; celle de la victime. On y suit surtout les pas du policier ou du détective privé.

Le film policier est très utile pour révéler ce qui se cache sous les faux semblants. D'ailleurs, ce genre a toujours été l'une des radiographies sociales les plus habiles. Pour de nombreux cinéastes, la nature de l'être humain est double : à la fois policier et truand, saint et crapule, victime et bourreau. La fascination pour le film policier repose évidemment sur cette tentation du mal. Pour preuve, on a mis en scène les voleurs, les gendarmes et les justiciers dès les débuts du septième art. De L'Assassin habite au 21 à Twin Peaks, voici notre sélection des films policiers les plus incontournables.

L'Assassin habite au 21, de Georges-Henri Clouzot

Depuis quelques temps, un tueur plonge la ville de Paris dans l'effroi le plus total. Chacun de ses crimes sont signés M. Durand. Pour les besoins de l'enquête, le commissaire Wens devient le pensionnaire de l'auberge des Mimosas. C'est là-bas qu'ont été retrouvées des cartes de visite portant le nom de l'assassin. Le policier est rejoint par sa maîtresse Mila Malou. Bientôt, ses soupçons se portent sur trois hommes : Colin, un fabricant de jouets mécaniques, Linz, un sous-officier à la retraite et Lalah Poor, un fakir.

Adapté du roman belge éponyme écrit par Stanislas-André Steeman, L'Assassin habite au 21 s'évertue à nous perdre en nous amenant sur de fausses pistes. La pirouette finale rappelle fortement le procédé classique utilisé par Agatha Christie dans ses romans. Mais cette fois, l'ingéniosité, le pessimisme et le cynisme du metteur en scène Georges-Henri Clouzot viennent transcender l'ensemble.

Dans le même genre et du même réalisateur : Le Corbeau, 1943 ; Quai des Orfèvres, 1947 ; Les Diaboliques, 1955.

La Femme en vert, de Roy William Neill

La Femme en vert © Universal Pictures
La Femme en vert © Universal Pictures

Sherlock Holmes et son acolyte le Docteur Watson cherchent une solution à une série de meurtres inexpliqués et a priori sans rapports les uns avec les autres. Bientôt, l'un des suspects est retrouvé assassiné. L'enquête mène alors le détective Holmes à une association d'hypnotiseurs et à une femme aussi étrange que séduisante. Il semblerait que le professeur Moriarty, pourtant laissé pour mort à Montevideo à l'issue de sa pendaison, soit impliqué dans l'affaire.

Au cours de sa carrière de réalisateur, Roy Wiliam Neill réalisera pas moins de onze films abordant les aventures de Sherlock Holmes. La Femme en vert (1945) est sans aucun doute l'épisode le plus abouti de la saga. Les assassinats rappellent furieusement les meurtres de Jack L'Eventreur.  À noter que les scènes d'hypnose que comporte le long métrage ont été brillamment mises en scène. Par ailleurs, la maladresse et la gaucherie de Watson auront rarement été aussi présentes qu'ici, de sorte que le personnage en ressort même souvent humilié par Holmes.

Dans le même genre : Le Chien des Baskerville, de Terence Fisher, 1959

Chien enragé, d'Akira Kurosawa

Chien enragé © Film Art Association
Chien enragé © Film Art Association

Un été caniculaire dans un Tokyo d'après-guerre. Alors qu'il se trouve dans un tramway plein à craquer, l'officier de police Murakami ne remet plus la main sur son revolver. Une chose est certaine : quelqu'un dans le wagon lui a dérobé. Bien conscient de la gravité de sa situation, il décide de donner sa démission à son supérieur. Mais cela ne suffit pas pour autant à apaiser sa conscience. Rapidement, de nombreuses questions l'assaillent : son revolver disposant de 7 balles, combien de personnes vont-elles mourir par sa faute ? Au lieu d'accepter sa démission, son chef lui ordonne au contraire de débuter une enquête au plus vite, sous la houlette d'un policier plus âgé et expérimenté, le commissaire Sato. Avec l'aide des fichiers de la police, il parvient à retrouver une voleuse à la tire qui était auprès de lui dans le tramway. Cette dernière lui indique où trouver les revendeurs d'armes des bas-fonds. Il est alors amené à fréquenter les milieux les plus divers…

Sorte de métaphore filée dans tout le cinéma d'Akira Kurosawa, le policier et le voleur sont souvent décrits comme suffisamment proches pour se comprendre. À leur retour de la guerre, ces derniers se sont d'ailleurs tous deux aperçus que leurs affaires avaient été volées. Finalement, que l'on soit policier ou hors-la-loi, la différence est infime. Tout est une question de milieu et de destin, semble indiquer Akira Kurosawa. Mention spéciale pour la séquence finale, véritable ballet au sein duquel le détrousseur et le policier sont parfaitement symétriques, voire même par moment indistincts. Un superbe Kurosawa.

La Femme à abattre, de Raoul Walsh

La Femme à abattre © Warner Bros
La Femme à abattre © Warner Bros

Le policier Martin Ferguson est chargé de reprendre depuis le début le dossier d'une affaire jusqu'ici irrésolue. Tout a débuté par les aveux d'un jeune gangster nommé Duke Malloy, révélant par la même occasion l'existence d'un véritable gang du crime. Bientôt, ses complices Philadelphia, Big Babe et Smiley sont approchés. Big Babe l' informe alors de l'existence d'une société du crime dirigée par Linter

Au moment du tournage de La Femme à abattre, le réalisateur Raoul Walsh fait partie de la liste noire mise en place par le président McCarthy. Ce qui l'amène alors à emprunter le nom d'un autre metteur en scène pour continuer à tourner des films : Bretaigne Windust. À noter, d'ailleurs, qu'en un sens, La Femme à abattre peut être considérée comme un film politique. Dans cette simili tragédie grecque, le destin pèse de tout son poids. Bien que la production ait choisi d'intégrer un happy end, on sent entre les lignes que le mal ne cesse ici de gagner du terrain : la conquête du pouvoir par la Mafia paraît inexorable. Mention spéciale pour la prestation d'Humphrey Bogart.

L'Enigme du Chicago Express, de Richard Fleischer

L'Enigme du Chicago Express © RKO
L'Enigme du Chicago Express © RKO

Walter Brown et Gus Forbes, deux amis de longue date par ailleurs agents fédéraux de la police de New York, sont chargés d'escorter Mme Neal, veuve d'un gangster renommé, de Chicago à Los Angeles. Appelée à témoigner devant un grand jury, la jeune femme est en possession de la liste des nombreuses personnes compromises dans les magouilles de son époux défunt. Brusquement, Forbes est abattu au cours d'un attentat. Après avoir embarqué dans le rapide pour Los Angeles, il ne reste plus que Brown pour veiller sur Mme Neal.

Ce qui fait la force de L'Enigme du Chicago Express, c'est l'exigüité du décor du train où sont mises en scène les péripéties. Action ininterrompue, tension, peur, vitalité, concision, la virtuosité de ce long métrage est évidente. Ce qui fait de ce film l'une des œuvres les plus puissantes de Richard Fleischer, c'est l'absence radicale d'humour et d'ambigüité morale chez le personnage principal. Dans cette tragicomédie des erreurs, la figure du policier apparaît presque comme suicidaire. En un sens, L'Enigme du Chicago Express fait office de miroir d'une civilisation urbaine américaine alors en grave crise morale.

Fenêtre sur Cour, d'Alfred Hitchcock

Fenêtre sur Cour © Paramount Pictures
Fenêtre sur Cour © Paramount Pictures

Récemment victime d'un accident au cours d'un reportage photographique, Jeff est coincé chez lui. En dépit des nombreuses visites de sa fiancée Lisa et de l'infirmière Stella, il s'ennuie profondément. Pour tuer le temps, il passe ses journées à observer ses voisins depuis la fenêtre de son appartement, qui donne sur une vaste cour intérieure. L'été bat son plein et la plupart des fenêtres sont ouvertes : il y a le musicien compositeur, les jeunes mariés qui font l'amour toute la journée, le couple de personnes âgées et leur petit chien, M. et Mme Thorwald qui ne cessent de se disputer, la vieille fille et la danseuse, etc. Incapable de réprimer sa curiosité, Jeff utilise le téléobjectif de son appareil photo reflex pour mieux contempler leur quotidien. Par une nuit d'orage, il est réveillé en sursaut par le tonnerre. C'est alors qu'il observe en face de chez lui le comportement étrange de M. Thorwald. Au gré de ses déductions, il va bientôt avoir la certitude que ce dernier vient d'assassiner sa femme…

Ne serait-ce que d'un point de vue construction, Fenêtre sur Cour est le film le plus abouti d'Alfred Hitchcock. En réalité, ce long métrage ne s'apparente pas vraiment aux films hollywoodiens classiques reposant sur le suspense. C'est surtout un grand film sur l'imaginaire, au même titre que certaines œuvres d'Alain Resnais ou encore de Luis Buñuel. De fait, Fenêtre sur Cour ne se regarde pas comme un film classique où l'on ne se laisserait bercer que par l'intrigue : Jeff est une représentation du spectateur et la cour qu'il scrute est l'image de sa pensée. Ce procédé de mise en abyme nous permet à nous, spectateurs, de nous identifier à ce personnage interprété par James Stewart. La fenêtre est un écran dans l'écran, qui nous offre la possibilité d'observer la pensée à l'œuvre. D'où la question : cette fenêtre nous donne-t-elle à voir la réalité ou la projection imaginaire des fantasmes de Jeff ? Elle nous montre à la fois ce que chaque spectateur attend (la culpabilité du tueur présumé) et matérialise les doutes de Jeff (la peur du mariage). Toutes ces fenêtres ouvertes sont finalement le miroir d'un petit monde où le point commun de chaque histoire est l'amour. En somme, le problème de ce photographe blessé est qu'il n'est pas disposé à épouser Lisa. Le couple d'en face qui passe tout son temps à se disputer en est l'évocation la plus limpide. Entre film policier et film sur l'imaginaire, Fenêtre sur Cour est une œuvre inclassable et indépassable.

NB. On retiendra la superbe séquence d'introduction, qui parvient à caractériser le personnage principal sans pour autant utiliser un quelconque dialogue inutile. On voit d'abord la cour de l'immeuble endormie puis le plan passe sur James Stewart, lui aussi assoupi et tout en sueur. On remarque ensuite sa jambe plâtrée et son appareil photo abîmé sur une table en formica. Enfin, sur le mur sont affichées des photos de voitures de courses accidentées. Grâce à ce somptueux mouvement de caméra, Hitchcock nous apprend où nous nous trouvons et ce qui est arrivé à notre photographe.

La Vie Privée de Sherlock Holmes, de Billy Wilder

La Vie Privée de Sherlock Holmes © Mirisch Company
La Vie Privée de Sherlock Holmes © Mirisch Company

Voilà plusieurs semaines que Sherlock Holmes n'a pas été amené à enquêter sur quoi que ce soit. A dire vrai, le héros s'ennuie. Et en dépit de tous les efforts consentis par son vieil ami le Docteur Watson pour le divertir, rien n'y fait. Quelque peu désabusés, les deux hommes acceptent bientôt une invitation aux Ballets Russes qu'ils viennent de recevoir. Sur place, le détective s'aperçoit avec stupeur qu'on attend de lui qu'il soit le géniteur de la première ballerine. Un soir, un cocher dépose devant la demeure de Holmes une femme qu'il a précédemment sauvée de la noyade. Cette dernière, nommée Gabrielle Valadon, est convaincue que l'on vient de tenter de l'assassiner.

En y réfléchissant, il n'est pas étonnant de voir l'une des œuvres de Conan Doyle adaptées au cinéma par Billy Wilder. Ce dernier partage en effet avec l'écrivain écossais cette fameuse intelligence ironique et cet humour froid depuis le début de sa carrière. Sans pour autant s'inspirer d'une de ses histoires originales, La Vie Privée de Sherlock Holmes est un vibrant hommage à la saga du grand détective et fait preuve d'une fidélité sidérante. Étrangement, cette œuvre est sans doute la plus pessimiste de toute la filmographie de Billy Wilder. Sur fond de suprématie viennoise et de lutte des empires, le metteur en scène se réfugie dans la beauté des décors, seul échappatoire possible dans ce monde sclérosé. On pense à cet égard aux peintures de Gustav Klimt (cf. paysages verdoyants et portraits de femmes). Pas même Sherlock Holmes n'est à même d'empêcher l'assassinat de l'archiduc héritier de l'Autriche-Hongrie. La guerre est donc inéluctable.

Le Retour de l'Inspecteur Harry, de Clint Eastwood

Le Retour de l'Inspecteur Harry © The Malpaso Company
Le Retour de l'Inspecteur Harry © The Malpaso Company

C'est déjà l'aube à San Francisco et le jour ne va pas tarder à percer. Garé non loin d'une falaise, un couple contemple l'horizon. Mais la jeune femme s'empare soudainement d'un revolver et tire froidement dans la tête de son compagnon. Un peu plus tard dans la matinée, l'inspecteur Callahan assiste au jugement d'un voyou qu'il a lui-même fait arrêter. Le juge décide finalement de le remettre en liberté sur le champ prétextant de l'irrégularité de la procédure d'arrestation. La petite frappe se moque ouvertement mais se fait copieusement insulter par Callahan dans l'ascenseur quelques minutes plus tard. Égaré dans ses pensées, Callahan va prendre un café dans le snack où il se rend chaque jour. Rapidement, un cambriolage a lieu. Il menace les quatre portoricains sur place de jeter leurs armes mais rien n'y fait. Il abat les trois premiers alors qu'ils s'apprêtaient à dégainer et oblige le dernier à renoncer à sa prise d'otage.

Abattu par l'échec commercial de son précédent film Honkytonk Man (1982), Clint Eastwood décida finalement de revenir aux aventures de l'inspecteur Callahan. C'est alors la quatrième fois qu'il incarne le personnage, après L'Inspecteur Harry (Don Siegel, 1971), Magnum Force (Ted Post, 1973) et L'Inspecteur ne renonce jamais (James Fargo, 1976). C'est par ailleurs la quatrième et dernière fois qu'il dirige son épouse d'alors l'actrice Sondra Locke dans l'un de ses propres films. En ne tenant compte que de ses propres intuitions, en tuant de sang froid et en manipulant les preuves, Callahan rappelle Hank Quinlan, le policier véreux dans La Soif du Mal (Orson Welles, 1958). Le rigorisme et la sévérité de Callahan n'ont plus lieu d'être dans ce monde moderne en perpétuel mouvement. A certains égards, la morale de ce policier, qui contourne les institutions lorsqu'elles sont corrompues, peut être rapproché du fascisme.

Dans le même genre : Magnum Force, de Ted Post, 1973 ; L'Inspecteur ne renonce jamais, de James Fargo, 1976 ; La Dernière cible, de Buddy Van Horn, 1988 ; La Corde Raide, de Richard Tuggle, 1984.

Blue Velvet, de David Lynch

Blue Velvet © De Laurentis Entertainment
Blue Velvet © De Laurentis Entertainment

Dans la jolie petite ville de Lumbertron, symbole du rêve américain, en Caroline du Nord se cachent en réalité bien des secrets indicibles, mais aussi des cauchemars. Tandis que son père vient d'être hospitalisé à la suite d'une crise cardiaque, Jeffrey Beaumont déniche une oreille humaine dans un terrain vague. Il s'empresse aussitôt de la ramener à l'inspecteur Williams, le père de Sandy, la jeune fille qui va devenir sa petite amie. Incapable de réprimer sa curiosité, Jeffrey décide de mener sa propre enquête, qui le mène jusqu'à l'appartement de la chanteuse de cabaret Dorothy Vallens…

Au-delà du simple déroulement de son intrigue, Blue Velvet est avant tout un voyage initiatique où la nécessité de trouver la clef du mystère est prépondérante. Cette vérité n'est accessible qu'en s'éloignant des images, souvent colorées et stéréotypées (cf. pompiers qui sourient, gardiennes de carrefour qui aident à traverser des enfants angéliques, etc.), visibles à la surface. Il faut donc pour cela que le personnage principal puisse accéder à cet espace sous jacent pour saisir le réel. Dans cet entre-deux, se mêlent les musiques les plus apaisantes aux cris les plus effrayants, le sexe et le sang, l'amour et la peur, mais aussi l'infamie et le pardon. En saupoudrant de crime et de noirceur un environnement aussi idyllique que cette ville américaine, David Lynch rappelle L'Ombre d'un Doute (Alfred Hitchcock, 1943), qui mettait en scène un oncle séducteur et serial killer notoire de riches veuves. D'ailleurs, l'introduction de ces deux films partage quelques points communs. Dans ces deux villes, les familles vivent paisiblement dans une léthargie assez oppressante : le père arrose les fleurs tandis que la mère est hypnotisée par la télévision. Pour Jeffrey Beaumont (Blue Velvet) comme pour la jeune Charlie Newton (L'Ombre d'un doute), il va falloir escalader la clôture de l'image stéréotypée du bonheur pour enfin sortir de l'innocence et comprendre le monde tel qu'il est vraiment. Chef d'œuvre.

Les Incorruptibles, de Brian de Palma

Les Incorruptibles © Paramount Pictures
Les Incorruptibles © Paramount Pictures

Chicago, en pleine guerre de la prohibition. Al Capone domine d'une main de fer le trafic d'alcool. La presse, la police comme la justice mangent au creux de sa main et sont séduites par le gangster. Tous ses adversaires sont impitoyablement et systématiquement éliminés. Pour ce faire, des attentats meurtriers sont régulièrement commandités. A la tête d'une équipe de policiers, le jeune Eliot Ness est chargé de faire respecter la loi de la prohibition. Bientôt, sa première mission se solde par un cuisant échec. Convaincu qu'une taupe s'est glissée à l'intérieur même de son escouade, il décide de choisir lui-même l'ensemble de ses collaborateurs. Avec Jim Malone, Oscar Wallace et George Stone, il va bientôt former le groupe surnommé "les incorruptibles".

Emmené par une composition musicale parfaitement orchestrée et signée Ennio Morricone, Les Incorruptibles est à la fois un des meilleurs films de Brian de Palma et l'une de ses œuvres les moins personnelles. Kevin Costner, Sean Connery, Andy Garcia et bien sûr Robert De Niro (Al Capone), le casting de ce long métrage est impeccable. Outre les fameuses séquences d'assassinats et de règlement de comptes, on retiendra la scène du landau dans la gare centrale de Chicago. Il s'agit là d'une longue citation explicite au chef d'œuvre Le Cuirassé Potemkine (Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein, 1925). Ce landau qui dévale au ralenti, marche après marche, les escaliers de la gare, symbolise la jeunesse en péril. Dans ce monde gangréné par la corruption et la soif de pouvoir, quel avenir pourrons-nous finalement léguer aux prochaines générations ? C'est le berceau du pays lui-même qui est en détresse.

Twin Peaks, de David Lynch

Twin Peaks © New Line Cinema
Twin Peaks © New Line Cinema

A Deer Meadow, petite ville du Nord des Etats-Unis près de Portland, vient d'être découvert dérivant dans la Wild River le corps d'une jeune fille âgée de 17 ans, Teresa Banks. Gordon Cole, le chef régional du FBI basé sur Philadelphie, détache ses agents Chester Desmond et Sam Stanley, à Fargo. Ces derniers effectuent une enquête méticuleuse de la scène de crime, surtout sur le camping où vivait Teresa. Sam découvre bientôt un "T" inséré sous l'ongle du cadavre et décide de l'emmener pour une autopsie à Portland. Alors que Desmond suspecte les Chalfont d'avoir commis le crime, il déniche sous la caravane de Teresa une bague inquiétante qui disparaît aussitôt. Tout juste au même moment au siège du FBI de Philadelphie, Philipp Jeffries, un agent du FBI porté disparu, réapparaît soudainement devant Gordon Cole et Dale Cooper et s'enfuit instantanément en passant par les fils téléphoniques. Dale Cooper, qui vient d'être choisi pour reprendre l'enquête de Chester Desmond, tandis qu'il se trouve proche de la Wild River, indique dans son dictaphone que le tueur va encore frapper…

Sur le même mode que Blue Velvet, Twin Peaks cherche à révéler l'horreur dissimulée sous le manteau des apparences. Mais cette fois, David Lynch choisit de ne pas isoler continuellement l'aspect idyllique des choses de la réalité, plus sombre. On assiste donc, par le biais de Laura Palmer, à une communication entre le monde réel et celui du fantasme. Pour échapper à ses démons, elle se réfugie dans un univers où se côtoient les orgies et la drogue. Pour ce faire, le réalisateur ne cesse de distiller tout au long de son long métrage des signes cachés et des révélations morcelées. Contrairement à ce que l'on pourrait d'abord imaginer, ce puzzle ne doit pas nécessairement être reconstitué. D'abord pour la simple et bonne raison que nous n'aurons pas ici toutes les pièces en main, mais surtout parce que ce dernier rend compte d'un monde fragmenté qu'il n'est plus possible de recomposer (le traumatisme de Laura est bien trop profond). Dans le monde de Twin Peaks, les évidences se sont échappées du réel, tout comme l'ange du tableau dans la chambre de Laura, qui disparaîtra au fil du récit. Encore une fois, on oppose ici la tranquillité d'une bourgade (Twin Peaks) aux pulsions destructrices. Derrière l'innocence de Laura Palmer : une jeune fille débauchée ; derrière Leland Palmer, cet apparent bon père de famille : un père incestueux, etc. A Twin Peaks, l'innocence n'est plus qu'un rêve depuis longtemps inhumé, et où la débauche rejaillit chaque nuit. Chef d'œuvre du cinéma naturaliste, Twin Peaks est un des grands films de David Lynch. Mention spéciale pour la séquence de la mystérieuse chambre rouge.

NB. À noter que Twin Peaks : Fire Walk With Me marqua la dernière collaboration entre Kyle Maclachlan et David Lynch, après Blue Velvet, Dune et la série télévisée Twin Peaks.

Mais aussi…

  • Le Mystère de la Chambre Close, de Michael Curtiz, 1933
  • Pandora, d'Albert Lewin, 1951
  • Solo pour une blonde, de Roy Rowland, 1963
  • Max et les Ferrailleurs, de Claude Sautet, 1971
  • Les Proies, de Don Siegel, 1971
  • L'Inspecteur Harry, de Don Siegel, 1971
  • Complot de Famille, d'Alfred Hitchcock, 1975
  • Police, de Maurice Pialat, 1985
  • Créance de sang, de Clint Eastwood, 2002
  • Les Infiltrés, de Martin Scorsese, 2006

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