Le morse et les hommes

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Chasse aux morses
Chasse aux morses
Ce gigantesque pinnipède est le seul représentant actuel de la famille des odobénidés, un groupe qui a pourtant prospéré par le passé, et qui compte de nombreuses espèces fossiles. La chasse a décimé les populations de morse et a failli venir à bout de cette espèce, qui était déjà un exemple de survivance. Maintenant protégé, le morse n'est pas tiré d'affaires. Les changements climatiques auront peut-être raison des dernières populations sauvages.

Le morse dans notre histoire et notre culture

Cet animal des zones arctiques n'a guère de relations historiques avec notre culture, mais une longue histoire partagée avec les peuples de ces régions froides.

Histoire du morse
Le morse a été chassé par tous les peuples arctiques, qui utilisaient la moindre partie du corps de l'animal. Mais c'est à partir du 18ème siècle que la chasse pour la graisse et l'ivoire fut menée à plus grande échelle, pour prospérer durant le 19ème siècle. La population atlantique du morse a failli être détruite. Finalement, le morse est maintenant protégé dans l'intégralité de son aire de répartition, seuls les locaux peuvent le chasser de manière encadrée.

Dans le morse tout est bon
Les peuples en relation avec le morse sont les Inuits (les indigènes du Groenland et du Canada) le peuple Chukchi (ou Tchouktches, des rives de l'arctique et de la mer de Béring, appartenant à la Russie), ainsi que le peuple Yupik (les indigènes de l'Alaska).

La viande de morse est consommée par tous ces peuples, qui la stockent pour toute une saison.
L'ivoire des défenses est toujours utilisée pour des réalisations artistiques, et reste importante pour le commerce local, mais elle a servi par le passé à confectionner des armes.
La graisse peut être brulée, comme source de lumière ou de chaleur.
Les peuples arctiques ne perdent rien d'un morse tué, même les intestins sont utilisés comme surface imperméable. Les palettes natatoires sont préparées par fermentation, un met très apprécié.

Le morse possède un os pénien d'une soixantaine de centimètres, ce qui est un record. Cet os, également appelé baculum, est présent chez bien d'autres mammifères, notamment les carnivores. C'est à cause de cet os pénien que les morses restent parfois "collés" à l'issue de l'accouplement. L'os participe à l'érection chez ces animaux. Il est en revanche absent chez l'homme, chez les cétacés ou encore les équidés, chez qui l'érection est entièrement assurée par la pression sanguine.

Chez les natifs de l'Alaska, le baculum du morse, mais aussi ceux des éléphants de mer et de l'ours polaire, sont utilisés, une fois polis, comme étui à couteau ou en les imbriquant (ils sont en effet creux et tubulaires) les uns dans les autres comme piquets de tente.
Le baculum est appelé oosik par les locaux. Si l'os pénien du morse est un record chez les espèces actuelles, le plus grand baculum connu est celui d'une espèce de morse maintenant disparue, rencontrée uniquement à l'état fossile.

Protection

Même si la chasse est encadrée par les pays possédant les territoires des peuples de l'arctique (les Etats-Unis, le Canada, la Russie, et le Danemark), il est difficile de savoir si le niveau de chasse est trop élevé.

Quelques milliers de morses sont prélevés chaque année sur l'ensemble de l'aire de répartition de cette espèce, est-ce trop pour le renouvellement naturel ? Cette question reste sans réponse par manque d'étude. Le morse n'est pas sur la liste des espèces en danger ou menacées, malgré des caractéristiques démographiques un peu inquiétantes. Difficile également de savoir quel est l'impact du braconnage. Cinq kilos d'ivoire par défense, ça peut créer des envies. Dans l'ensemble, le sort du morse demeure très incertain.

Etymologie

Pinnipèdes (dont font partir les morses, les phoques et les otaries) signifie "nageoires aux pieds". Morse est apparemment un mot d'origine slave, que l'on retrouve presque à l'identique en Russe, Finlandais et Polonais. Le nom scientifique de genre Odobenus vient du grec et signifie "qui marche avec les dents", en relation avec le comportement de l'animal, qui peut se hisser sur la glace en s'aidant de ses défenses.

Les synonymes
Pas de synonymes, mais on notera le nom anglais du morse : "walrus". Ce terme d'origine scandinave veut dire "cheval-baleine".

Télégraphe
Télégraphe

Les homonymes
Pas d'homonymes dans le monde animal. Beaucoup d'hommes célèbres portent cependant le nom Morse, et l'ont légué à leurs travaux. Le cas le plus connu est le langage télégraphique (le Morse), qui n'a aucun lien avec l'animal, mais qui a pris le nom de son inventeur, Samuel Morse.

En Morse, "morse" s'écrit : - - * / - - -/ *-*/ ***/ *
Et sûrement plus utile : S O S (les trois premières lettres de l'expression anglaise : Save Our Souls, Sauvez nos âmes) s'écrit : - - - /***/ - - - . (Soit trois longues, trois brèves, trois longues).

Légendes et faits

Hors de son aire de répartition, le morse est surtout utilisé comme symbole de la faune arctique, en particulier dans les livres pour enfants. Mais chez les peuples de l'Arctique, c'est une constante dans les mythes. On retrouve ainsi la même déesse à tête de morse, qui règne sur le fond des océans, chez les Inuits et les Tchouktches.

Où rencontrer des morses ?

Ce ne sera pas facile, à moins d'aller faire un tour sur la banquise arctique. Cet animal hautement spécialisé ne vit que dans les conditions extrêmes de l'Arctique. Les populations de l'Atlantique ont presque été décimées par la chasse, on ne compte plus que 20 000 morses pour cette région, notamment au Groenland. Les populations du Pacifique Nord sont en meilleur état avec approximativement 200 000 spécimens. On note des migrations saisonnières, les morses passant le détroit de Béring pour monter au nord durant l'été, et redescendant jusqu'à la péninsule de Kamtchatka durant l'hiver ainsi que sur les côtes de l'Alaska.

SOS Morses ! Sauvez nos morses !

Morse
Morse

La répartition actuelle du morse est la conséquence de son adaptation aux températures froides, alors que nous ne sommes plus dans un âge glaciaire. Avant la fin de l'âge de glace, voici 10 000 ans, le morse avait une très vaste aire de répartition, comme en témoigne le fossile de morse, âgé seulement de 30 000 ans, retrouvé dans la baie de San Francisco. Il y a 30 000 ans, il faisait froid à San Francisco...

Cet exemple nous fait immédiatement penser aux changements climatiques actuels. Si le réchauffement actuel se confirme, il est fort probable que le morse soit un des premiers animaux à disparaître.


Article réalisé par Arnaud Filleul et Jean-Pierre Fleury.

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