Le héros de cinéma, cause n° 1 de l'alcoolisme des jeunes ?

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La médecine mène la vie dure au cinéma. Alors que les cigarettes disparaissent peu à peu des écrans, c'est peut-être au tour de l'alcool de tirer sa révérence. D'après une étude publiée la semaine dernière, l'alcool sur grand écran pousserait les jeunes à sa consommation plus régulière.

Depuis toujours, chaque personnage de cinéma voit son caractère accentué, voire caricaturé, par la boisson qu'il préfère : un scotch pour les business-men ou les durs à cuir, un rhum pour les voyageurs ou encore une vodka pour les fêtards si ce n'est pour le Grand Méchant Russe. Le vin, la bière, le champagne, en un mot, tous les alcools sont passés en revue en fonction du contexte et du personnage, auxquels s'identifie le spectateur. En 1998, la loi interdit aux marques de cigarettes de faire du placement de produit dans les films : finis les paquets de Marlboro en premier plan. Les marques d'alcool en profitent pour leur voler la vedette et la place principale.

A peine 10 ans et déjà alcooliques

En pleine période de Very Bad Trip, Project X ou énième American Pie, chef d'œuvres cinématographiques fondés sur la consommation excessive d'alcool, les études se multiplient afin de découvrir s'il existe une réelle corrélation entre l'alcool au cinéma et sa consommation grandissante chez les jeunes, ou s'il ne s'agit que de ressentis et d'impressions. En mars 2010, une étude menée sur 6 000 jeunes américains durant 2 ans, a montré que ceux qui regardaient régulièrement des films déconseillés aux moins de 16 ans, étaient davantage susceptibles d'avoir des comportements violents et une consommation d'alcool imprudente.

Rebelote en 2012, avec une recherche sur le rapport à l'alcool de 6 500 adolescents âgés de 10 à 14 ans, à nouveau sur 2 ans. La première consommation, qui ne concernait que 11 % de l'échantillon initial, représentait 25 % des jeunes au bout de la deuxième année. Il en va de même pour le binge drinking (boire beaucoup pour être ivre), dont la proportion n'était que de 4 % pour la première année et de 13 % l'année suivante. Au vu de ces résultats, des chercheurs ont poussé plus loin les investigations : le 27 mai 2013 ils se prononcent sur leur analyse de 1 400 films et de leur influence sur les jeunes.

The Death Proof

Alcool et cinéma, de l'histoire ancienne ?

D'après leurs résultats, depuis 1998, la présence d'alcool à l'écran ne fait qu'augmenter, qu'il s'agisse du nombre de marques ou du temps qu'elles restent à l'écran. Cette hausse est de 5 % environ chaque année. En revanche, la présence de tabac à l'écran, en chute libre depuis 1998 (loi contre le placement de produits), s'est stabilisée depuis 2006. Ainsi, les 1 400 films contenaient environ 500 marques de tabac contre plus de 2 500 marques d'alcool.

Pour les auteurs de l'étude, il n'y a que 2 solutions possibles : interdire le placement de produit pour l'alcool, et Signaler d'un "R" (notre équivalent de "Interdit au moins de 16 ans") les films montrant une consommation dangereuse de l'alcool mais présentée de telle façon que ça la rend acceptable ou compréhensible, ou encore qu'elle attise la curiosité du spectateur. Avec son thème principal interdit, la comédie américaine risque de perdre son public favori. Quand au héros, il finira avec un soda, bien corsé en période de stress intense, suivant le parcours du célèbre héros de bande-dessinée Lucky Luke, qui au fil des ans a troqué son whisky et sa cigarette contre une limonade accompagnée d'un brin de paille.

Sources : Université de Dartmouth ; BMJ ; JAMA