5 idées reçues sur la lecture

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5 idées reçues sur la lecture / iStock.com - Kritchanut
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Est-il certain que les livres sont boudés par les jeunes et même les moins jeunes, qu'ils seront bientôt remplacés par les livres numériques ou encore qu'ils sont recommandés pour stimuler les sens des tout petits ? Est-il vrai aussi que les compétences en lecture des jeunes français étaient meilleures par le passé ? Quelques vérités qui viennent corroborer ou non ces interrogations.

Les enfants et les adolescents lisent de moins en moins

Vrai. Avec la multiplication des écrans (télévision, smartphone, tablette...), le temps accordé à la lecture diminue inexorablement chez les jeunes. Cette défection pour la lecture est d'autant plus vraie que les enfants grandissent. D'après une enquête du Laboratoire des sciences de l'information et de la communication de l'université de Paris 13 (2013), 11 ans serait l'âge fatidique auquel les jeunes commencent à se détourner de cette activité. Une étude Ipsos de 2016 pour le Centre National du Livre confirme cette tendance. Les élèves en primaire sont 90% à aimer la lecture (86% de filles) contre 68% pour les lycéens.

Les jeunes de 7 à 19 ans liraient en moyenne, selon cette étude, 6 livres/trimestre pour leurs loisirs, soit 3 h de lecture/semaine. Pour info, le temps passé devant la télévision et sur internet est de 15h30/semaine.Certains phénomènes littéraires, comme Harry Potter, incitent cependant les ados à plus de lecture, estompant les clichés. Les filles au lycée sont fans de romans alors que les collégiens préfèrent dans leur grande majorité les mangas.

En ce qui concerne les livres et album jeunesse, leur succès ne se dément pas avec des best sellers incontournables : T'choupi, Petit ours brun, Oui-oui, le monde de Dory, Tom-Tom et Nana, Violetta, Max et Lili, Chair de poule...

Le livre est en train de disparaître au profit du livre numérique

Faux. La mort annoncée du livre papier face au livre numérique, inéluctable pour beaucoup, n'est pas pour demain, ni même pour après-demain à priori. Certes, avec une offre croissante de e-books, la lecture sur écran est en progression constante mais légère en France (+ 1,5% en 2015), contrairement aux États-Unis par exemple où le marché a subi une chute d'environ 10%. Notamment porté par l'édition professionnelle juridique, le marché du livre numérique représente seulement 6,5% du chiffre d'affaires des ventes de livres des éditeurs, une simple niche.

En tête des ventes de e-books : la littérature suivie des livres pratiques. L'absence d’interopérabilité, les habitudes, le conservatisme des éditeurs, la méfiance des lecteurs classiques (ils seraient environ 75% à ne pas vouloir tenter l'expérience !), la hausse des prix, une technologie qui évolue peu... sont quelques-unes des raisons qui peuvent expliquer les difficultés de ce secteur censé détrôner le livre papier. Avec une progression de 1,8% en 2015 suite à 5 années de baisse consécutives, l'édition papier connaît une légère embellie en France et même en Europe.

Parmi les secteurs les plus dynamiques de la vente de livres papier au détail : la littérature (+ 4%), la littérature jeunesse (+3,5%) et la bande dessinée (+ 3%). Reste à espérer que l'année 2016 confirmera ces bons résultats.

Les français ne lisent plus

Faux. Les statistiques, difficiles à établir en raison de la diversité des supports et de la fluctuation des pratiques, varient d'une étude à une autre. Cependant, ce qui est certain, c'est l'attachement des français pour l'objet 'livre' qui n'est pas près d'être détrôné par le livre numérique. Après une légère diminution des ventes de livres imprimés 5 années consécutives, l'année 2015 connaissait une embellie avec de forts succès littéraires : Le papyrus de César (Astérix), 50 Nuances de Grey (Erika Leonard James), Central Park (Guillaume Musso), Soumission (Michel Houellebecq)... 

Les français à partir de 50 ans plébiscitent toujours la lecture comme leur activité culturelle favorite, même en vacances. La lecture de quotidiens, fortement concurrencée par internet et les radios d'information, est par contre en forte baisse. Si les plus gros lecteurs sont encore les séniors et les femmes, les français sont de plus en plus nombreux à lire entre 1 et 9 livres/an (55%). Le pourcentage de ceux qui ne lisent jamais de livre est par contre en légère augmentation : +3% par rapport à 2011, soit 13% des français. Malheureusement les collégiens et lycéens lisent de moins en moins. 

Lire des histoires aux enfants favorise leur éveil

Vrai. Les bienfaits de la lecture pour les enfants sont nombreux. Outre le fait que la lecture représente un moment privilégié très agréable, cette activité, lorsqu'elle est pratiquée régulièrement, permet de développer le langage des tout petits.

Livres sonores, imagiers, livres de dentition, album-photos, livres-jouets, livres gants, livres de bain, livres en tissu, livres plastifiés ou cartonnés, livres à thèmes, livres interactifs, livres d'activités, livres à suspendre... les livres d'éveil à regarder, à toucher, à sentir, à mâchouiller ou encore à écouter stimulent les sens des tout petits qui apprennent tout en s'amusant. Ils préparent également l'enfant à l'apprentissage de l'écriture et de la lecture sans effort tout en développant leur pouvoir d'imagination.

La lecture de livres permet aussi de jouer avec son enfant, de le réconforter avec une histoire qu'il affectionne particulièrement ou qui répondra à ses angoisses de façon ludique et éducative ou encore de l'accompagner dans le rituel du sommeil ; les livres avec images autonomisent l'enfant qui peut lui-même tourner les pages et se raconter ses propres histoires...Stimulation des sens, éveil à l'écrit, développement de la curiosité, de la capacité d'écoute, du langage, de la créativité... les livres présentent de nombreux intérêts. Très diversifiée, l'offre s'adapte à tous les âges.  

Les enfants savaient mieux lire avant...

​Faux. Depuis 1959 seulement (réforme Berthoin sous Charles-de-Gaulle), l'instruction est obligatoire jusqu'à 16 ans ; dispensée en grande majorité dans les établissements publics et privés, elle peut néanmoins être donnée '(…) dans les familles par les parents, ou l'un d'entre eux, ou toute personne de leur choix' (Article L. 131-2 du Code de l’Éducation).

Entre 1882 (Loi Ferry) et 1936, l'instruction primaire est obligatoire entre 6 ans et 13 ans selon les mêmes règles. La Loi du 9 août 1936 rallonge l'obligation jusqu'à 14 ans. Les élèves titulaires du certificat d'études primaires pouvaient cependant quitter l'école dès 11 ans et une simple déclaration aux autorités compétentes autorisait l'instruction dans la famille. Aujourd'hui, les parents qui font le choix de l'école à la maison ou du homeschooling sont soumis à des contrôles très stricts de vérification des compétences des enfants.Même si une publication Perspectives de l'OCDE (2013) concernant l’Évaluation des compétences des adultes (PIAAC) montre que les français ont des scores parmi les plus bas des pays de l'OCDE en littéracie et numéracie, les résultats des 16-44 ans sont presque dans la moyenne.

Ce qui fait baisser les pourcentages du pays et le classe parmi les mauvais élèves, c'est le score des 45-65 ans et plus.Les compétences des français en lecture se sont donc améliorées. L'autre décrochage de la France par rapport aux autres pays est dû également à l'importance des inégalités entre les immigrés et les autochtones, les diplômés et les autres, les enfants dont les parents sont éduqués et ceux dont les parents ne le sont pas...