Alcoolisme : une pilule anti-plaisir serait-elle la solution ?

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Alcoolisme : une pilule anti-plaisir serait-elle la solution ?
Alcoolisme : une pilule anti-plaisir serait-elle la solution ?

Le laboratoire danois Lundbeck a été autorisé jeudi 28 février 2013, par l’Agence européenne des médicaments (EMA), à "commercialiser" son médicament, le Selincro, qui permettrait de réduire l'alcoolisme de 50% en quelques mois. Grâce au laboratoire Biotie Therapies, qui a conçu le traitement, une grande révolution est en marche pour les 14 millions d'alcooliques européens et pour les fêtards du week-end qui essayent de boire en moindre quantité et briser ainsi une addiction, même occasionnelle, mais bien ancrée.

Selon l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) "l’addiction à l’alcool [l'alcoolisme] est une maladie chronique et hautement récidivante qui nécessite un suivi à vie". C'est une maladie du cerveau, entrainant une dépendance, qui détruit plusieurs organes du corps. L'alcool ne contenant pas d'addictif, la dépendance est psychologique, sociale et hormonale : l'état de désinhibition, l'aspect social, l'euphorie, l'oubli… sont les effets recherchés dans l'alcool. De plus l'éthanol (l'alcool) "perturbe la transmission de plusieurs signaux nerveux excitateurs et inhibiteurs. L’alcool stimule notamment la libération de dopamine, neuromédiateur du plaisir, impliqué dans la dépendance".

Une molécule pour diminuer le plaisir

En état d'ébriété, le buveur est dans un état de confiance et bonheur, de plaisir et d'excitation. Une fois l'effet estompé, il devient triste, voire dépressif, entre autres conséquences négatives. Aussi, le Selincro est présenté comme agissant sur la structure cérébrale de la récompense, la molécule utilisée (Nalméfène) réduisant l'action des opiacés. Cela signifie la diminution des effets apparemment positifs de l'alcool, notamment le plaisir, par blocage des récepteurs cérébraux. Ainsi, la consommation d'alcool provoquerait moins, voire plus du tout d'effet de bien-être sur le buveur.

Les tests cliniques ont été réalisés sur 12 mois. Tout d'abord, aucun trouble majeur n'a été enregistré. De plus, la consommation des participants a diminué de 40 % en un mois, puis 60 % sur les 6 ou 12 mois suivants, réduction équivalant environ à une bouteille de vin par jour, précisent les laboratoires. En effet, sans son impression de bonheur et de sécurité, l'alcool perd de son charme, et le buveur ne ressent plus le besoin d'en consommer. Ce médicament est conseillé pour les adultes dépendants ayant une consommation "à hauts risques" c'est-à-dire les consommateurs de plus 60 g /jour pour les hommes et 40 g/jour pour les femmes. Ces quantités équivalent respectivement à 6 et 4 verres d'alcool.

Une prescription encore à définir

Le laboratoire Lundbeck souhaite voir ce médicament commercialisé dès mi-2013. Le gros avantage est qu'il se prend "en appoint" c'est-à-dire lorsque la personne sait qu'elle risque de boire dans les deux heures à venir, et non de façon chronique, quotidienne. De cette manière, il espère que de plus en plus de gens soigneront leur alcoolisme car seulement 8 % suivent un traitement, et l'INSERM de compléter que seulement 1 patient sur 3 reste abstinent un an après le traitement. Cependant, le Selincro sera certainement prescrit "en association à une prise en charge psychosociale" pour éviter les effets non désirables du post-alcoolisme, qui expliquent que beaucoup de patients retombent dans leur dépendance.