Bien-être animal : interdiction du broyage des poussins mâles

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Bien-être animal : interdiction du broyage des poussins mâles / iStock.com - Toa55
Bien-être animal : interdiction du broyage des poussins mâles / iStock.com - Toa55

La France vient d’annoncer l’interdiction du broyage des poussins mâles. La nouvelle mesure est parue au Journal Officiel le 6 février dernier. Les couvoirs français en seront les principaux concernés. Néanmoins, malgré cet état de bonne volonté, les poussins mâles n’entreront pas dans le processus de production pour autant.

Une nouvelle technologie a été mise au point au cœur de la filière afin de permettre aux couvoirs d’éliminer les poussins mâles avant l’éclosion des œufs : l’ovosexage, ou “sexage in ovo”. L’idée est simple : réduire la souffrance animale en optant pour un autre chemin. Zoom sur les détails.

En quoi le broyage des poussins mâles était-il nécessaire ?

Ceux qui ne s’y connaissent pas en élevage aviaire se seront forcément posé la question à un moment donné. Au sein du continent européen, où pas moins de 300 millions de poussins mâles sont tués annuellement, la France est responsable d’1/6 de ce massacre, soit 50 millions d’œufs. Cette pratique qui, à bien y penser, relève d’une cruauté animale aveugle a été instaurée pour des raisons de rentabilité économique. En effet, l’objectif primaire des couvoirs se limite à fournir aux éleveurs des poules pondeuses, éliminant d’office les poussins mâles pour des raisons évidentes. Certes, à défaut, ceux-ci auraient pu être exploités par la filière pour leur viande. Cependant, cette dernière s’avère d’une médiocre qualité. Pour limiter les dépenses et concentrer les ressources des couvoirs sur l’essentiel de leur activité, le broyage des poussins mâles s’est fait monnaie courante.

La mise en place d’une nouvelle technique qui se veut moins cruelle

L’aspect inhumain de cette pratique avicole n’a jamais été dissimulé. Pendant des années, les associations qui luttent pour l’amélioration du bien-être animal n’ont cessé d’en réclamer la mise à l’arrêt définitif. La recherche d’une parade à cette opération de massacre aviaire a commencé en 2019 pour des résultats attendus en 2021. Toutefois, la technologie qui va enfin permettre aux couvoirs de contourner le broyage vivant des poussins mâles n’aura été opérationnelle qu’en 2022. Il s’agit d’une technique d’ovosexage qui permettra de définir le sexe du poussin dans l’œuf pendant la période d’incubation, et ce, grâce à la spectroscopie. La technologie se base sur l’identification de la couleur du duvet des poussins, davantage blanchâtre chez les mâles de l’espèce. De cette manière, les œufs inutiles à la production seront écartés de la chaîne bien avant l’éclosion.

Les conséquences de l’imminent changement

Le décret donne aux couvoirs français jusqu’à mars 2022 pour commander de quoi s’équiper en matériel d’ovosexage. Néanmoins, comme il s’agit d’une transformation radicale pour la filière, ces derniers se voient accorder une période de transition d’une année. En soi, l’interdiction ne prend réellement effet qu’à compter de janvier 2023. Par ailleurs, pour faciliter leur mise en conformité, l’État se propose de subventionner les couvoirs dans l’installation de cette technologie. En outre, pour amortir le coût d’exploitation de celle-ci, estimée à 47 millions d’euros annuels, le prix des poules et, par extension, celui des œufs, alliés des sportifs, va devoir augmenter.