Bientôt, le dépistage du SIDA se fera à domicile

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Le Conseil National du Sida a décidé vendredi 22 mars d'autoriser les auto-tests de dépistage du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) communément appelé SIDA. En 2011, environ 34 millions de personnes dans le monde étaient porteuses du virus, dont 2,5 millions contaminées durant la seule année 2012. Concernant la France, c'est plus de 6 000 personnes qui ont découvert leur séropositivité en 2011, un chiffre qui se stabilise depuis 2007.

C'est la troisième année que le Conseil National du Sida est sollicité pour mettre à disposition du grand public les autotests de dépistage du VIH. Mais en 1998 comme en 2004, l'avis a été défavorable. Cette fois-ci, le CNS a reconnu que les tests salivaires pouvaient aider à repérer le virus plus tôt, offrant désormais une "spécificité satisfaisante" (99.8 %).

La vente libre aidera-t-elle vraiment à repérer le SIDA ?

Le CNS accepte l'autotest car il s'inscrit dans la lignée des grandes découvertes des traitements du virus. Cependant, certains aspects sont à prendre en compte. L'autotest, bien qu'efficace, n'a pas la même sensibilité que les tests existants, plus poussés. 60 % des malades ont été infectés lors de rapports hétérosexuels, 37 % lors de rapports homosexuels et 1 % seulement par usage de drogues injectables, selon les chiffres de décembre 2010. Ces chiffres, qui mettent les idées reçues en retrait, pointent du doigt un manque de vigilance généralisé. Cette imprudence risquerait d'aggraver la contagion du virus avec l'autotest : il suffirait qu'il soit mal fait ou mal lu pour qu'une personne contaminée en infecte d'autres.

De plus, découvrir seul que l'on est porteur du VIH peut être dangereux. Si les annonces de pathologies "graves", telles que les cancers, les diabètes ou les maladies neuronales se font dans un cadre spécial visant à accompagner le malade, ce n'est plus le cas de l'auto-test. Le médecin représente une autorité médicale, il connait les maladies et les traitements, les risques pour la santé et les conséquences sur le quotidien. Aussi, lorsqu'il prononce les fameux mots, d'une part vous n'êtes pas seul, mais surtout vous êtes en présence d'un savant qui peut remédier à la situation. En somme, vous êtes en sécurité. Avec l'auto-test, vous découvrirez seul que vous êtes touché par le VIH, sans pouvoir trouver de réponse aux mille et une questions que vous vous poserez, sans pouvoir être rassuré ni informé par un expert, vous serez seul. La difficulté d'en parler n'en sera que plus grande, et le risque d'isolement est à craindre.

test de dépistage oral - Etape 1

Un usage libre, mais sous conditions

Le test ne deviendra pas un gadget pour se rassurer, et sera distribué en fonction des besoins de chacun, sur ordonnance. De plus, la population risquerait d'oublier que la sensibilité de l'autotest est inférieure à celle des tests médicaux existants : 99.8 % de fiabilité en cas de négativité, mais 92 % en cas de séropositivité. La crainte est alors de voir le nombre de contagions se développer, à cause d'un manque de prudence favorisé par un abus d'autotest et un manque de vigilance. Ce test doit donc constituer un "dispositif additionnel et complémentaire de l’offre existante et ne pas s’y substituer ", selon la Ministre de la Santé.

Cependant, malgré une fiabilité qui n'atteint pas les 100 %, les tests faciliteront considérablement l'accès au dépistage. Le fonctionnement est simple et rapide, et le résultat est obtenu en moins de trente minutes. Ils seront donc en vente libre en pharmacie, parapharmacie voire même sur internet, toujours accompagnés d'une notice. En plus de cela, des documents d'aide et des numéros d'urgence en cas de besoin. Les usagers devront être suivis par des systèmes d'assistance à distance et effectuer un suivi médical régulier afin de contrôler l'efficacité réelle sur la population, et garantir ainsi le minimum de risques.

test de dépistage oral Etape 2 - © Calliopejen / Wikipedia

Sources : CNS ; aides.org ; sida-info-service.org ;