C'est l'évènement de l'année dans le bassin d'Arcachon. Du 28 novembre au 2 décembre se déroule le premier congrès de l'huître. L'occasion pour les professionnels et les scientifiques du monde entier de faire le point sur l'inquiétante surmortalité des huîtres.
Très prisée à Noël, la consommation d'huîtres françaises pourrait bientôt devenir un véritable luxe. Depuis 2008, les mollusques marins connaissent un taux de mortalité particulièrement élevé sur le littoral atlantique, dans les élevages comme dans leur habitat naturel. C'est ce phénomène inquiétant qui a poussé le comité régional de la Conchyliculture Arcachon Aquitaine à organiser le premier congrès mondial de l'huître afin de trouver des solutions durables pour enrayer l'épizootie. Pendant 5 jours, 370 professionnels, éleveurs et scientifiques venus de 25 pays vont échanger sur leurs expériences.
Des causes identifiées
Les raisons de cette mortalité sont parfaitement connues. En premier lieu, c'est l'existence d'un herpès virus OsHV-1 et d'une bactérie Vibrio splendidus qui déciment les huîtres. Totalement inoffensif pour l'homme, les effets sont en revanche dévastateurs chez les huîtres, provoquant leur mort en moins de 72 heures, notamment les jeunes spécimens. Jusqu'à 80 % des naissains disparaissent chaque année (contre 20 à 30 % auparavant). Les autres causes de cette surmortalité sont liées aux facteurs environnementaux comme les variations de températures brutales et l'acidification des océans.
Un indicateur de qualité des eaux
Les huîtres sont observées avec attention par l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) car elles sont considérées comme les "sentinelles du bon état des eaux", au même titre que les abeilles sur terre. Ce n'est pas la première fois qu'Arcachon voit ses populations d'huîtres creuses disparaître. Au cours des années 30, il avait fallu réintroduire des huîtres portugaises. Idem dans les années 70, avec l'introduction d'huîtres géantes venues du Japon.
Cependant, leur disparition progressive fait grimper les prix d'achat. La production française, à la 5ème place dans le monde, est passée de 130 000 tonnes en 2009 à 80 000 tonnes en 2011. Le congrès devrait aboutir à un projet de réintroduction d'huîtres plus résistantes. Il faudra toutefois attendre 2 à 4 ans pour que les huîtres deviennent adultes et consommables, mais aussi que la crise se tasse.