Bientôt forcé de fournir son mot de passe Facebook à son employeur ?

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Alors qu'un amendement interdisant la demande de l'identifiant Facebook par l'employeur vient tout juste d'être rejeté par les membres de la Chambre des représentants aux États-Unis, la question d'une telle obligation se pose de fait pour les internautes américains. Prochainement, ces derniers vont-ils être contraints de transmettre à leur patron leur mot de passe Facebook et/ou tout autre identifiant sur les réseaux sociaux ?

La nouvelle sonne comme un coup dur pour les internautes américains : suite au refus des membres de la Chambre des représentants des États-Unis d'appliquer un amendement interdisant à l'employeur de réclamer leurs mot de passe et identifiant Facebook, ces derniers pourraient bientôt être obligés de leur fournir.

Depuis quelques années, il est de plus en plus courant aux États-Unis que ces identifiants soient demandés par le patron au moment de l'entretien d'embauche, et ce dans le cadre du Cyber Intelligence Sharing Protection Act (CISPA) – loi de protection et de partage des renseignements sensibles, largement remise en cause par Reporters sans frontières mais finalement adoptée par la Chambre des représentants le 18 avril 2013.

Résultat : il est d'autant plus probable que les employeurs soient sous peu autorisés à demander à leurs employés l'ensemble de leurs identifiants sur les réseaux sociaux. Pour rappel la loi CISPA avait dans un premier temps été rejetée aux États-Unis en 2012. Par la suite, plusieurs correctifs ont été ajoutés, dont un amendement détaillé par le député ED Perlmutter stipulant que le CISPA "aide les individus à protéger leur droit à leur vie privée et interdit à l'employeur d'usurper l'identité d'un employé sur les réseaux sociaux".

Selon Ed Perlmutter, aucun américain ne devrait être contraint d'avoir à fournir son mot de passe pour décrocher un emploi. Une telle pratique ouvre en effet d'après lui la possibilité à l'employeur d'agir comme un imposteur en s'emparant de l'identité du salarié. Problème : l'amendement en question a en définitive été rejeté par 224 voix contre 189.

La CISPA, une loi qui ne fait pas l'unanimité

De façon à pouvoir être appliqué, le CISPA devra néanmoins encore être présenté au Sénat. Mais en dépit des multiples amendements, de nombreux groupes de défense des libertés individuelles s'y opposent, critiquant vivement le vote par les parlementaires. De son côté, le mouvement Anonymous a appelé à une journée de "Blackout" sur le Web dans la journée du lundi 22 avril.

Reste que même si le Sénat adopte le CISPA, cette loi pourrait faire l'objet du veto de Barack Obama, d'après un communiqué diffusé par les conseillers du président. La Maison Blanche considère en effet entre autres le partage d'informations personnelles d'internautes tels que les mails  comme inutile.

À noter toutefois que dans l'Hexagone, où le droit à la vie privée est bien plus contraignant qu'aux États-Unis, une telle loi ne pourrait voir le jour. Il ne fait par ailleurs aucun doute que la Commission nationale de l'informatique (CNIL) et des libertés – chargé de protéger nos données personnelles – rejetterait une telle mesure.

Sources : Le Monde, Huffington Post, L'Express