Comment les mots font-ils leur entrée dans le dictionnaire ?

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Comment les mots font-ils leur entrée dans le dictionnaire ? / iStock.com - ajaykampani
Comment les mots font-ils leur entrée dans le dictionnaire ? / iStock.com - ajaykampani

La société humaine, loin d’être une organisation statique, est agencée de manière à évoluer constamment, et ce, sur tous les aspects. Un changement flagrant opéré par les générations qui se succèdent se remarque notamment au niveau du lexique de la langue parlée. Cette dernière, afin de s’adapter aux tendances des temps qui courent, s’enrichit sans cesse de néologismes. Les nouveaux mots ainsi apparus peuvent, ou non, se retrouver listés dans le dictionnaire, suivant un processus de veille rigoureuse assuré par les linguistes.

Le lexique d’une langue n’est pas figé dans le marbre. L’ajout régulier de nouveaux termes dans les dictionnaires numériques et papiers le prouve amplement. Il est toutefois intéressant de connaître la démarche à travers laquelle un mot est amené à intégrer le répertoire d’un dictionnaire. L’Académie française a-t-elle son mot à dire sur l’approbation de l’existence d’un néologisme ? Zoom sur les détails essentiels.

La société, le berceau des néologismes

À la suite de l’ajout récent du pronom neutre “iel” au Robert, par souci d’inclusion, une polémique clamant la dénaturation de la langue française a commencé à se répandre. Pourtant, là où les conservateurs aux esprits traditionalistes voient la destruction, les linguistes perçoivent l’ouverture vers de nouveaux horizons lexicaux. Ces experts sont d’ailleurs chargés de repérer et de répertorier dans une base de données dédiée tous les néologismes qu’ils rencontrent au quotidien. En effet, les nouveaux mots naissent au sein même de la population et se vulgarisent ensuite en raison de leur intérêt social. Pour avoir une chance d’intégrer ladite base de données et, éventuellement, le répertoire du dictionnaire concerné, l’usage de ce mot devra justifier d’une grande fréquence d’usage et d’un certain nombre d’occurrences écrites ou didactiques.

Le miroir linguistique d’une société évolutive

Tous les néologismes jugés pertinents sont listés en vue de l’édition annuelle du dictionnaire papier. Chaque dictionnaire dispose de sa propre base de données et ses employés sont libres de l’étoffer. Les nouveaux termes recensés ne sont toutefois pas garantis d’entrer dans le répertoire du dictionnaire. En effet, la pertinence d’un néologisme est soumise à un vote des lexicographes. Le comité est amené à se réunir tous les ans pour passer en revue les mots à intégrer dans la prochaine édition. Pour ce faire, il est nécessaire que ce néologisme corresponde à un besoin tendanciel et d’actualité au moment de son entrée dans le dictionnaire qui se veut le reflet de l’évolution lexicale de la société. Même les règles de la grammaire et de l’orthographe sont amenées à changer en cas de nécessité.

À chaque dictionnaire son répertoire

Contrairement aux idées reçues sur l’intégration des néologismes dans le répertoire linguistique, l’Académie française n’a pas le pouvoir d’imposer son choix aux autres dictionnaires. Les lexicographes travaillant pour ces derniers sont libres de juger nécessaire ou non l’apparition d’un nouveau terme dans leurs éditions. Ainsi, si le terme Big Data, une innovation digitale majeure dévié de l’anglicisme se retrouve tel quel dans le Robert et Larousse, l’Académie française a, elle, opté pour sa traduction.