Consommation : faut-il vraiment se fier aux dates de péremption ?

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Vous ne vous risquez jamais à manger un yaourt dès lors que sa date limite de consommation (DLC) est dépassée d'un jour de peur de contracter une intoxication alimentaire ? Mais saviez-vous qu'une bonne partie des produits que nous consommons sont en réalité valables plus d'une vingtaine de jours après leur DLC ? Tant et si bien qu'un yaourt périmé dans l'Hexagone peut être consommé jusqu'à vingt jours plus tard en Outre-mer.

Vous n'étiez sans doute pas sans l'ignorer : l'industrie agro-alimentaire a tendance à avancer considérablement les dates limites de consommation de certains produits. Et ce, en partie dans l'optique d'amener les consommateurs à terminer leur stock de nourriture plus rapidement. Ainsi, il n'est pas rare que les DLC soient plus longues d'une vingtaine de jours en Outre-mer par rapport à l'Hexagone pour un produit identique.

Comme l'a récemment rappelé aux parlementaires le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, les denrées alimentaires périssables font l'objet d'un double étiquetage en termes de dates limites de consommation. Par exemple, alors qu'une grande majorité des yaourts doit être consommée sous 30 jours dans l'Hexagone, ce délai passe à 55 jours dans le cas d'une distribution en Outre-mer.

De même, toujours d'après Victorin Lurel, le reblochon est quant à lui vendu avec une DLC de 35 jours dans l'Hexagone, contre 70 jours pour l'Outre-mer. Même chose s'agissant du gruyère râpé, à conserver de préférence au maximum 40 jours dans l'Hexagone, contre 180 jours.

Une interdiction du double étiquetage

Pour limiter ces pratiques, le Parlement vient d'interdire le double étiquetage. En outre, le Sénat a également totalement adopté une proposition de loi chargée d'assurer la qualité de l'offre alimentaire en Outre-mer. À ce titre, l'article 3 de cette dernière stipule que, quand la mention d'une date indiquant le délai de consommation d'une denrée alimentaire est apposée sur un emballage, celui-ci ne peut être plus long, dans le cas d'une distribution dans les territoires cités dans l'article 73 de la Constitution, sans oublier Saint-Barthélémy, Saint-Martin et Saint-Pierre et Miquelon, que le délai choisi pour la même denrée distribuée en France hexagonale.

Résultat : reste maintenant à savoir si l'industrie agro-alimentaire va choisir d'aligner les DLC sur celles de la métropole ou celles d'Outre-mer. Question à laquelle l'Association nationale des industries alimentaires n'a jusqu'à présent pas souhaité répondre. Affaire à suivre.

Un recul des DLC reviendrait à limiter le gaspillage

Chose importante à savoir, pour toutes les personnes s'inquiétant souvent à tort pour leur santé dès lors qu'un produit a atteint sa DLC : faire reculer les dates de péremption dans l'Hexagone permettrait à la fois aux consommateurs d'économiser de l'argent tout en limitant considérablement le gaspillage.

Denrées alimentaires périssables, non périssables : késako ?

À noter, pour rappel, que deux types de dates limites de consommation existent : les DLC pour les denrées alimentaires dites "périssables" et les DLC pour les denrées alimentaires dites "non périssables". Pour la première catégorie, il peut potentiellement y avoir un risque de contamination alimentaire (développement microbien, intoxication alimentaire, etc.) pour le consommateur lorsque la date limite de consommation n'est pas prise en compte. Des risques surtout de mise dans le cas de la viande.

Dans le cas des denrées "non périssables", la date n'est là qu'à titre indicatif : le produit reste consommable une fois cette date dépassée. Néanmoins, il n'y a dès lors plus de garantie en termes de qualités nutritionnelles et gustatives. Mais ces denrées ne sont absolument pas dangereuses pour la santé, si tant est que l'on ait respecté les conditions de stockage du produit.

Mais il apparait aujourd'hui crucial de remettre de l'ordre au niveau des étiquetages pour permettre aux consommateurs d'interpréter les DLC comme il se doit.

Sources : SOS Conso, Sénat.fr, Ania