Azote et surfaces cultivées : les enjeux mondiaux de l'agriculture biologique

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Les enjeux mondiaux de l'agriculture biologique / iStock.com - andresr
Les enjeux mondiaux de l'agriculture biologique / iStock.com - andresr

Les modalités de la transition agricole vers un modèle bio et écolo commencent à se préciser. À l’heure actuelle, et malgré l’essor flagrant de ces dernières années, les exploitations biologiques, ne représentent que 8% de la production nationale française. Les chiffres sont encore plus effarants à l’échelle mondiale, l’agriculture bio n’occupant que 2% des surfaces exploitées. Augmenter la part de cette exploitation est une approche envisageable, mais nécessite cependant un certain rééquilibrage, tant du côté des consommateurs que des producteurs.

Le passage à l’agriculture biologique relève d’un véritable défi mondial que les réserves limitées du sol en azote risquent de compromettre. Les principaux enjeux de la généralisation de l’agriculture bio reposent donc en partie sur la recherche d’une ressource additionnelle azotée, indispensable à l’agroécologie. Une étude publiée le 13 mai dernier dans Nature Food¸ précise les contours du scénario idéal pour permettre cette avancée majeure. Décryptage.

Rôle des consommateurs : ajuster la consommation alimentaire

Poussées par la raréfaction des ressources azotées dans une possible démarche transitionnelle vers l’agriculture biologique, les études et simulations qui planchent sur la recherche d’une solution alternative se multiplient. Les travaux réalisés par l’INRAE en collaboration avec Bordeaux Science Agro ont notamment retenu l’attention mondiale. Posant l’insuffisance des ressources fertilisantes azotées comme principal obstacle au développement de l’agroécologie, l’étude évalue comme envisageable une augmentation des surfaces cultivées à hauteur de 60% si, dans un premier temps, le monde entier y met du sien. Il sera notamment nécessaire de réduire la consommation mondiale de viande et stabiliser la consommation alimentaire moyenne dans les pays développés à 2 200 calories. Le gaspillage alimentaire devra parallèlement être réduit de moitié.

Le rôle des agriculteurs : revoir le système d’élevage actuel

En éliminant de l’équation l’engrais azoté de synthèse, proscrit dans l’agriculture biologique, tout comme les pesticides, l’élevage se présente comme étant la principale source d’azote pour le sol à travers la production de fumier. Il s’agit donc d’un levier indispensable à la démocratisation de l’agriculture bio, mais qui doit être contrôlé pour éviter d’entrer en conflit avec la production agricole vouée à l’alimentation humaine. Pour ce faire, les producteurs mondiaux devront, dans l’idéal, réduire l’élevage porcin et aviaire, grand consommateur de céréales. En même temps, une relocalisation des élevages de ruminants au plus près des cultures s’impose. Procéder ainsi va permettre d’optimiser le recyclage de l’azote dans le fumier produit.

Autre piste prometteuse : des légumineuses comme culture d’assolement

La simulation agronomique établie par l’INRAE porte sur la recherche de ressources supplémentaires en azote pour soutenir le développement de l’agriculture bio jusqu’à atteindre 60% des surfaces cultivées. Dans cette optique, l’étude suppose qu’une augmentation conséquente de la culture de légumineuse, connue pour fixer l’azote atmosphérique dans le sol, permettra d’agrandir en partie les réserves azotées destinées à l’agroécologie. Par ailleurs, les légumineuses sont d’excellentes alternatives végétales à la viande.