La mer, futur de l'énergie nucléaire ?

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Le "blog de l'export" tenu par Ubifrance a mis en ligne un article vantant les mérites des énergies marines renouvelables (EMR), dans un contexte de volonté de réduction du nucléaire - et donc d'augmentation de la part d'énergies renouvelables - dans le "mix énergétique français". Mais la mer peut-elle remplacer l'atome ?

Les énergies renouvelables sont assurément les stars de demain. Parmi celles-ci, les énergies marines renouvelables recouvrent une grande variété de techniques et de phénomènes naturels exploités. L'éolien offshore, bien sûr, mais aussi les centrales marémotrices, qui se servent des flux et reflux de la marée et l'hydrolien (qui utilise les courants marins), dont les premiers prototypes sont en train d’être testés au large des côtes bretonnes. Il existe d’autres formes d’énergies marines plus originales comme l'énergie osmotique, reposant sur le différentiel de salinité entre eaux douce et salée, ou la force houlomotrice, qui utilise l’énergie générée par les vagues.

                    Centrale marémotrice, lac Sihwa, Inde. Source : Zogin/Wikipédia

L'hexagone, en pointe sur le nucléaire, dispose de sérieux atouts pour les EMR

Deuxième espace maritime mondial (11 millions de km2), derrière les Etats-Unis, la France dispose de sérieux atouts pour arriver à exploiter cette profusion de manières d’utiliser la mer pour produire de l'énergie "propre" et peu coûteuse. Pour l'énergie hydrolienne, la France possède 20 % du potentiel européen, le Royaume-Uni à lui seul capte 60 % de ce potentiel, estimé à 15 GW pour l'Europe toute entière. Surtout, selon l'agence d'aide à l'export Ubifrance, la France a déjà ses champions nationaux, tels DCNS, STX Europe, Alstom, ses grands distributeurs, comme EDF, Schneider Electric ou GDF Suez et d’autres acteurs plus locaux, telle la PME Sabella, qui s'est lancée dans l'aventure de l'hydrolien.

La ministre de l'Energie Delphine Batho insiste sur cet atout stratégique : "Notre pays dispose aussi de nombreux acteurs d’excellence dans le domaine industriel - depuis les PME jusqu’aux grands groupes, dans le secteur de la recherche & développement, dans la gestion des réseaux électriques ou dans la connaissance des milieux marins - avec l’Ifremer notamment - qui nous donne un avantage compétitif important pour développer ces énergies dans une approche globale respectant l’ensemble des enjeux maritimes." La ministre ambitionne donc "de faire de la France un leader dans ce domaine […]. A termes, la filière des énergies marines pourrait générer dans notre pays 10 000 emplois directs et indirects".

                            Éoliennes en mer dans la Femern Belt, vu depuis le ciel, sur la route aérienne reliant Marseille à Stockholm

Conflit d'usage sur les zones d'expérimentation

Pour l’heure, le gouvernement souhaite structurer cette nouvelle filière grâce à la création, à la pointe bretonne, d’un institut d’excellence, regroupant industriels et chercheurs. Les pêcheurs locaux ont décidé de braver les interdictions faites par EDF et la DCNS pour cause d'expérimentation en cours. Mais loin d'être bloquées, les négociations sont engagées et soutenues par l'ensemble des acteurs concernés : selon les marins-pêcheurs, "Le courant passe plutôt bien avec la DCNS. Mais EDF fait la sourde oreille !" Le comité s'était déjà fendu d'un communiqué, il y a quelques semaines, dénonçant la gêne occasionnée par cette situation s'éternisant au milieu d'un gisement bien fourni en coquilles.

Mais le dialogue engagé, les pêcheurs semblent plutôt conciliants : "Nous voulons surtout leur faire comprendre que l'on ne peut pas mener des essais n'importe où et a fortiori dans des zones de pêche. Nous espérons que les zones d'essai soient à l'avenir mieux choisies et surtout que le dialogue s'engage avec les opérateurs". De même, le coût de l’électricité produite pourrait être élevé à court et moyen terme alors que la situation financière de l’Hexagone est déjà "tendue". Malgré cela, les plus optimistes estiment tout de même que 20 GW de capacité de production d’EMR pourraient être installés à l’horizon 2030. Il ne faudrait pas que la France passe à côté d’une telle opportunité, particulièrement à l’heure où l’on souhaite diminuer la part du nucléaire et des énergies fossiles dans notre économie.

                   Centrale hydroélectrique de Dniprodzerjynsk, en Ukraine. Source : Ed1984/Wikipédia

Source : blog export Ubifrance, Le télégramme