Ouverture d’une salle de shoot en plein Paris

Publié le 

Discussions autour de la création d'une salle de shoot à Paris
Discussions autour de la création d'une salle de shoot à Paris

Le 12 avril 2016, Rémi Féraud, maire du Xe arrondissement et patron PS de Paris accueillait environ 260 personnes pour discuter du projet d’ouverture d’une Salle de Consommation à Moindre Risque (SCMR) ou "salle de shoot ". Ce projet, datant de 2010 et qui figure aujourd’hui dans la loi Santé adoptée en décembre dernier par le parlement, devrait voir le jour à l’automne 2016 dans le quartier de la gare du Nord.

Quel est le principe d’une salle de shoot ?

La première salle de shoot  a vu le jour en 1986, à Berne, en Suisse.

Elle est destinée aux toxicomanes, consommateurs de drogues dures, et a, selon la présidente de la Mission Interministérielle de la Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT), Danièle Jourdain-Menninger, 3 objectifs principaux :

- Réduire les risques d’infections et de surdoses grâce à de bonnes conditions d’hygiène,

- Etablir un premier contact avec ces personnes isolées dans leur dépendance pour ensuite les accompagner plus facilement vers le sevrage,

- Assurer le bien-être des habitants en réduisant les insécurités dans l’espace public.

Ainsi, les toxicomanes majeurs pourront s’injecter leurs propres produits eux-mêmes, avec le matériel stérile mis à leur disposition par la salle. Ils n’auront le droit qu’à une seule consommation. L’échange de seringues sera possible mais le personnel médical ne fournira pas les substances. Le tout sera supervisé par des professionnels de la santé qui seront également à la disposition des usagers pour les suivre et les écouter.

La prise en charge sera évidemment anonyme.

La prochaine ouverture à Paris

Rémi Féraud, les représentants de l’association Gaïa (spécialisée dans la prévention et le soin en addictologie et toxicomanie et responsable de la prise en charge  de la salle), et les adjoints à la Sécurité et à la Santé d’Anne Hidalgo, Maire de Paris, étaient présent lors de cette discussion, entourés de nombreux habitants du quartier.

L’atmosphère était donc tendue entre les partisans et les détracteurs de ce projet.

Ceux qui se prononcent pour, soutenus par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, affirment que ce projet, en plus de limiter les décès et les transmissions de virus, permettra aux usagers de se sentir entourés, de retrouver confiance en eux, et à plus long terme de se réinsérer au sein de la société. La toxicomanie est une réalité qu’il faut, selon eux, prendre en charge.

Ceux qui sont contre, le plus souvent des riverains appuyés par l’Organe International de Contrôle des Stupéfiants et l’Académie Nationale de Médecine, soulignent le fait que la salle se trouvera à proximité d’immeubles, d’habitations et d’écoles maternelles et primaires et représente donc un réel danger, au risque de transformer les alentours en véritable zone de délinquance. De plus, selon eux, les structures gouvernementales et les associations ne devraient pas promouvoir ainsi l’usage de la drogue, transmettant un mauvais message pour la jeunesse.

Enfin, la question financière et le manque de concertation posent également problème.

Qu’en est-il dans les autres pays du monde ?

Aujourd’hui, une dizaine de pays accueillent des salles de shoot. On compte notamment l’Australie, l’Allemagne, la Suisse, l’Espagne, ou encore le Canada.

En Australie, l’association Drug Free a prouvé en 2006 que le risque de faire une overdose dans une salle était 36 fois plus important que dans le quartier aux alentours. En effet, les toxicomanes utiliseraient des doses plus fortes car ils se sentiraient plus en confiance en présence d'un personnel de santé.

À Paris cette salle ne sera, en septembre 2016, qu’en phase expérimentale. Une ouverture est également prévue à Strasbourg et à Bordeaux.

Sources :

liberation.fr

leparisien.fr

lefigaro.fr

Cet article a recueilli 1 avis.100% des utilisateurs ont trouvé cet article "pratique".

Les catégories relatives à cet article : santé