Sonnant comme une onomatopée, le blob est un organisme aussi improbable que son nom. Il ne s’agit ni d’un champignon, ni d’un animal, ni d’une plante. De ce fait, cette viscosité fascine les scientifiques.
Le “blob” est un organisme appelé “physarum polycephalum” dans le milieu scientifique. Derrière ce terme barbare se cache un des plus grands mystères du monde vivant. En effet, cette étrange créature visqueuse défie toutes les classifications biologiques.
Un cas scientifique déroutant
En principe, une cellule est de petite taille et un être vivant a besoin d’organes locomoteurs pour se déplacer. Une espèce vivante possède aussi un certain nombre de chromosomes et tout être sexué est soit mâle soit femelle. Enfin, le cerveau est reconnu comme le centre de l’apprentissage et de la mémoire. Dans le cas du blob, toutes ces vérités sont remises en question. Cet organisme est sans doute un candidat idéal pour la dissection à l’école à l’instar des souris et des grenouilles. Insolite, il ne peut pas figurer parmi le butin d’une cueillette de champignons, même s’il en présente les caractéristiques de reproduction. Le blob se nourrit et se déplace comme un animal et produit des pigments propres aux plantes. En bref, aucune classification des espèces ne peut lui convenir.
Pour faire simple, le “physarum polycephalum” a été affectueusement surnommé “blob” par une scientifique du Centre de recherche sur la cognition animale (CNRS, Toulouse), Audrey Dussutour. Cette dénomination fait notamment allusion à un film d’horreur éponyme de 1958 montrant des créatures gluantes, anthropophages et indestructibles tombées du ciel. Contrairement à ces organismes fictifs, le blob se nourrit essentiellement de bactéries et de champignons. Néanmoins, il est réellement résistant à la submersion, aux agressions physiques et au feu. Cet être vivant se moque également de l’empoisonnement et de l’eau sous pression.
Être intelligent sans cerveau ?
Se présentant sous la forme d’une sorte de mousse jaunâtre, le blob se démarque notamment par son absence de cerveau et sa surprenante aptitude à entretenir sa mémoire. Selon les chercheurs, cet organisme gluant est intelligent. Il peut apprendre et mémoriser des informations. Ces capacités ont été observées à travers sa réaction par rapport à la nourriture et à son environnement. En effet, il possède une mémoire spatiale l’empêchant de repasser plusieurs fois sur un même point. Cet être intriguant est également capable d’enregistrer de nouvelles informations en fusionnant avec ses congénères.
Après de nombreuses expériences, des équipes du CNRS ont découvert ce partage d’expériences à travers la fusion. Ce processus d’apprentissage fonctionne avec un nombre illimité de sujets. Toutefois, le blob revient à son état d’origine après la séparation. Découpé, il se transforme en plusieurs individus à part entière. Ceux-ci n'hésitent pas non plus à fusionner pour former un être plus imposant et trouver plus rapidement des solutions à une situation problématique. À travers cette technique, ils parviennent, par exemple, à sortir d’un labyrinthe en passant par le trajet le plus court. Dans cette situation, le cerveau n’a pas besoin de résoudre les problèmes complexes durant le sommeil.