Villages : les rues sans nom et sans numéro vont disparaître

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Villages : les rues sans nom et sans numéro vont disparaître / iStock.com - ermess
Villages : les rues sans nom et sans numéro vont disparaître / iStock.com - ermess

Dans une société qui dépend majoritairement du GPS pour les questions de navigation, devoir se rendre dans un lieu aux rues sans nom et sans numéro peut se révéler un véritable challenge. Pourtant, c’est le cas des petits hameaux et villages français de moins de 2000 habitants qui, outre l’appellation de lieu-dit, n’offrent aucune donnée concrète de géolocalisation.

L’abondance de voies anonymes pose des enjeux économiques et sécuritaires, et constitue également un obstacle pour le déploiement de la fibre. De là découle la récente décision gouvernementale d’étendre la loi 3DS aux petites communes, mettant fin à l’existence des rues anonymes. Tour d’horizon.

L’adressage étendu à toutes les communes françaises

Les rues en France ne portent pas toutes un nom et un numéro. En début d’année, le nombre de routes à ne pas disposer d’un adressage conventionnel était estimé à 15% de la totalité des voies. Cependant, la loi relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et la simplification, 3DS en abrégé, vient changer cette donne. Adopté au parlement le 8 février 2022, ce nouveau texte qualifie la dénomination des voies d’obligation à l’échelle nationale. Des petits hameaux aux villages de moins de 2000 habitants, toutes les communes vont devoir s’y plier. À terme, les trois millions d’entreprises et de foyers sans adresse, car installés dans des lieux-dits sans dénomination de rue, bénéficieront d’un adressage conventionnel du type “numéro, nom de voie, commune”. Autre décision gouvernementale récente, composter va devenir obligatoire en 2024.

Une question de sécurité et géolocalisation optimisée

L’anonymat de certaines rues pose problème aux services qui dépendent des données d’adressage pour mener à bien leurs missions. Il s’agit, entre autres, des facteurs de la poste, des secours et des ambulances privées en cas d’urgence, des aides à domicile, sans oublier les techniciens chargés du déploiement de la fibre. En effet, ces travailleurs s’appuient sur les indications de leur GPS pour localiser leur point d’intervention, une tâche qui devient aussitôt impossible dès lors qu’il est question de lieux-dits. Cette situation est d’autant plus délicate en cas d’urgence, avec des pompiers ou des secouristes dans l’incapacité de trouver leur lieu d’intervention, faute d’adresse concrète. Tous ces points ont été pris en compte dans la décision gouvernementale d’étendre l’effet de la loi 3DS aux petites agglomérations et ainsi de supprimer définitivement les voies anonymes.

Une obligation qui incombe aux communes

Tel que le prévoit la loi 3DS, toutes les communes françaises, ayant des voies sans nom et sans numéro en leur sein, vont devoir corriger le tir. Cette mission d’adressage, bien plus compliquée et délicate qu’elle n’y paraît, est donc à la charge des municipalités locales. L’enjeu consiste à nommer et à numéroter les rues jusque-là restées vierges de manière unique, sans pour autant prêter à confusion. Il a d’ailleurs été décidé qu’un nouveau système d’adressage, dit “métrique” sera appliqué dans le cadre de cette opération pour optimiser la précision de la géolocalisation. Pour aider les communes, la Poste, qui avait récemment haussé le tarif des timbres, leur propose un dispositif d’accompagnement pour mieux s’organiser.