Le visage à multiples facettes du chômeur en France

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Le visage à multiples facettes du chômeur en France
Le visage à multiples facettes du chômeur en France

Le chômeur français souffre d'une image bien négative et souvent stéréotypée. Lorsque celui-ci n'est pas un calculateur qui joue des divers ressorts du système français, c'est un paresseux qui l'a bien cherché, un artiste qui se complaît dans un art très subjectif et sans avenir. Après tout, le Pôle Emploi propose de nombreux postes, pourquoi restent-ils vacants ? Le glissement arrive bien rapidement. Pourtant, le véritable visage du chômeur français n'arbore pas un sourire de satisfaction au vu de l'argent qu'il amasse les deux mains dans les poches, mais celui d'un jeune, qui a cotisé, et qui trouve plus de portes fermées que de bras tendus.

Une étude de l'Unedic, qui verse des indemnités aux chercheurs d'emploi, montre à quel point le chômeur n'est ni une personne ni une catégorie, mais une fin qui pend au nez de bien des Français, une épée de Damoclès qui s'abattra sur la première tête en l'air.

Pour ce faire, l'Unedic prend comme échantillon les 2,4 millions de chômeurs indemnisés fin 2011, et étudie leurs trajectoires professionnelles, leur caractéristiques, analyse leurs parcours afin de le confronter au stéréotype en vogue.

Le licenciement ne représente pas la majorité des allocataires

Pour beaucoup, le chômage est l'issue quasiment logique après un licenciement. Réciproquement, la tendance actuelle prétend que les chômeurs sont majoritairement des anciens salariés, qui se sont fait remercier faute de compétences ou pour un comportement répréhensible. Or, les chômeurs licenciés ne représentent qu'un tiers des personnes concernées. De plus, si licenciement et manque de compétence sont parfois liés, cela ne constitue pas le schéma type. Surtout avec la conjoncture actuelle qui a vu, depuis 2008, de nombreuses entreprises fermer : une grosse partie des salariés est victime de licenciement économique (10,8 %).

Les contrats à courte durée en hausse constante

En effet, presque la moitié des allocataires est inscrite à Pôle Emploi à la suite d'un CDD non renouvelé ou d'un contrat d'intérim terminé. Une pratique qui ne fait qu'augmenter. Cela concerne les trois quarts des moins de 25 ans. En parallèle, la rupture conventionnelle, dont on entend peu parler s'agissant d'un cas à part, représente toutefois 10,6 % de l'échantillon, causant donc presque autant de départs que le chômage économique.

Enfin, près d'un quart (23,2 %) travaillait à temps partiel. La majorité des allocataires était donc déjà en situation précaire. Les intermittents du spectacle, souvent accusés, représentent moins de 4 %. Parmi l'échantillon global, 1 allocataire sur 4 a fait des études supérieures.

Chaque mois, on compte plus d'un million de demandeurs d'emploi en "activité réduite". Ce statut désigne les personnes qui sont en contrat à temps partiel, CDD ou Intérim et recherchent un emploi dans le même mois. En 20 ans, ce chiffre a été multiplié par 10 : en 1991, ils n'étaient que 100 000, rappelle Libération.

Pole emploi

Un personnage complexe qui ressemble à chacun de nous

Le chômeur indemnisé est majoritairement peu diplômé, puisque plus de 50 % n'a pas le bac, il a cotisé 2 ans ou plus (presque 50 %), et est affilié au régime général (les intermittents et intérim représentent ensemble moins de 20 % des allocataires). Au vu de l'hétérogénéité de ce personnage complexe, l'Unedic a dressé les 6 visages type du chômeur :

- le temps partiel, qui représente près du quart des allocataires, est majoritairement constitué de femmes (presque 75 %). Pour 90 % d'entre eux, l'allocation est inférieure à 980 € par mois ;

- les licenciés à temps plein (un peu plus de 20 % des allocataires) sont quasiment autant d'hommes que de femmes, majoritairement jeunes : seuls 34 % ont plus de 50 ans, et 69,6 % ont entre 25 et 49 ans. Plus de 80 % d'entre eux ont travaillé au moins 2 ans auparavant ;

- la fin de CDD à temps plein touche 20 % des allocataires. Parmi eux, une majorité d'hommes, non diplômés, mais surtout très jeunes : 36 % ont moins de 25 ans, soit plus du tiers. Les plus diplômés (5,5 %) sont aussi concernés, et ne parviennent donc pas non plus à retrouver du travail, malgré leurs études ;

- la rupture conventionnelle ou démission, situation regroupant 10,6 % des allocataires. Plus d'1 sur 3 a fait des études supérieures et 80 % ont cotisé plus de 2 ans ;

- les intérimaires sont eux-aussi majoritairement masculins (près des trois quarts) et issus d'études techniques (pour un peu plus de 40 % d'entre eux) ;

- enfin, les intermittents du spectacle, qui ne représentent finalement pas grand-chose : moins de 4 % de l'échantillon. Pour la majorité (52 %) ils ont suivi des études supérieures et ont entre 25 et 49 ans (79 %).

Les allocataires sont répartis également entre hommes et femmes. De plus, si certains touchent des allocations assez basses, l'indemnité moyenne s'élève à 1 055 €, soit 69 % du salaire net de référence. Les partenaires sociaux, chargés de revoir le fonctionnement de l'Assurance Chômage, vont pouvoir étudier ces nouvelles données, plus précises et pertinentes que les informations plus générales dont on dispose habituellement. En effet, la dette cumulée de l'Assurance Chômage devrait atteindre fin 2013, selon Libération, plus de 18 milliards d'euros.