Vols fantômes : pourquoi des avions volent-ils à vide dans le ciel ?

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Vols fantômes : pourquoi des avions volent-ils à vide dans le ciel ? / iStock.com - den-belitsky
Vols fantômes : pourquoi des avions volent-ils à vide dans le ciel ? / iStock.com - den-belitsky

Les vols aériens, par centaine de milliers chaque année, étouffent littéralement la planète, même dans le contexte actuel de crise sanitaire où les déplacements intercontinentaux sont strictement restreints. Pour cause, certaines compagnies aériennes continuent d’opérer des vols à vide pour se conformer aux règles aéroportuaires européennes.

Une récente annonce de la compagnie Lufthansa informe que des avions continueront de sillonner les cieux, même sans passagers à bord ! Une règle émise par la Commission européenne a été citée comme cause de ces vols fantômes. Zoom sur les détails.

Près de 18 000 vols à vide pour une seule compagnie en une saison

Le contexte climatique qui s’aggrave a amené le Parlement français à interdire les vols courts dans la métropole. Pourtant, l’opposé est observé au niveau de l’Union européenne. En décembre 2021, une éminente compagnie aérienne allemande, Lufthansa, a révélé devoir opérer, tout au long de l’hiver, un total de 18 000 vols à vide. Par définition, un vol à vide est, tel que le nom l’indique, un avion qui décolle sans passagers embarqués. Sans surprise, l’annonce du PDG de l’éminente compagnie a aussitôt suscité une vague de réactions indignées et consternées de part et d’autre du continent. Dans son communiqué, Lufthansa précise ne rien faire de plus que se conformer aux règles aéroportuaires qui régissent les droits d’atterrissage au sein de l’UE.

Des règles aéroportuaires de l’ordre de l’aberration écologique

En Europe, les droits de décollage et d’atterrissage des avions opérés répondent à une règle spécifique qui en garantit la stabilité. Cependant, la réglementation en soi semble relever d’une certaine insensibilité aux causes environnementales, à l’heure où la Terre approche dangereusement de son point de rupture. Concrètement, l’UE impose aux acteurs du domaine aérien de mettre à profit au moins 80% des créneaux aéroportuaires qui leur sont conférés, au risque de se les voir retirés. Cette règle du “use it or lose it” se veut un pilier de la libre concurrence, mais à quel prix ? Plutôt que d’abolir cette disposition que les écologistes du continent pointent du doigt, l’UE a préféré en réduire la portée à 50% au vu de l’effondrement du trafic aérien dû à la pandémie. Néanmoins, cet ajustement ne résout qu’à moitié, voire pas du tout, le problème écologique qui en résulte, amenant les vols à vide à se multiplier.

Une exception dans le contexte d’incertitude actuel

En réponse aux réactions outrées suscitées par cette controverse, les aéroports européens, représentés par l’ACI Europe, estiment que les compagnies aériennes devraient pouvoir s’affranchir de ces contraintes. En effet, étant donné que la situation sanitaire actuelle s’accompagne d’interdictions de voyager, de mesures d’isolement et donc de chutes de réservation, les compagnies peuvent invoquer une clause dite de “non utilisation justifiée des créneaux”. Procéder ainsi leur évite de devoir opérer des vols fantômes dont l’impact environnemental serait cher payé. Pour preuve, Air France, aussi connue pour avoir testé des avions volant au carburant à l’huile de cuisson, affirme n’avoir jamais fait voler d’avions à vide. Pour autant, la compagnie n’a pas perdu ses créneaux.