Les conséquences du sucre sur le cerveau

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Les conséquences du sucre sur le cerveau / iStock.com - YelenaYemchuk
Les conséquences du sucre sur le cerveau / iStock.com - YelenaYemchuk
On le savait ennemi du fonctionnement du cœur et de l’harmonie de la silhouette, de récentes études démontrent que le sucre consommé en quantité importante aurait également des effets néfastes sur notre cerveau. Dépression, mémoire et altération de nos fonctions cognitives : nous faisons le point sur les dangers de la surconsommation de sucre sur nos cellules cérébrales.

Le fructose, les synapses et les capacités d’apprentissage

En 2012, le fructose (le sucre que l’on trouve notamment dans les fruits et le miel) a fait l’objet d’une étude significative dans la recherche sur les effets du sucre sur le cerveau. Des chercheurs de l’Université de Californie­ à Los Angeles ont administré un régime riche en fructose à des rats, et analysé leur développement cérébral. L’étude a conclu que des habitudes alimentaires riches en fructose ralentissaient le fonctionnement du cerveau en perturbant les capacités d’apprentissage et de mémorisation. Les synapses des rats soumis à ce régime draconien ont subi d’importantes détériorations, qui ont entrainé une profonde et irrémédiable altération de la communication entre les cellules cérébrales. L’étude démontre que, par ailleurs, le régime riche en fructose a permis le développement d’une résistance à l’insuline, l’hormone qui régule le taux de sucre dans le sang (glycémie). Lorsque le corps ne produit plus suffisamment d’insuline, le sucre absorbé est mal réparti dans les cellules. On est alors atteint de diabète.

En d’autres termes, le fructose, absorbé en trop grosse quantité altère profondément la communication entre les cellules neuronales, bloquant les capacités de mémorisation, d’association, d’apprentissage et permettant le développement d’une maladie chronique, le diabète.

Les sodas et Alzheimer

Une autre étude, publiée dans le Journal of the Alzheimer’s Association, démontre des liens entre la surconsommation de boissons sucrées et l’apparition des signes de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont compilé des données récoltées auprès de plus de 4 000 personnes âgées de plus de 30 ans, soumis à des tests de mémoire et à une analyse de leur volume cérébral. Le résultat est sans appel : les patients les moins performants sont ceux dont la consommation de boissons sucrées est la plus élevée. Une réduction du volume cérébral indique un vieillissement précoce pouvant mener vers l’apparition de signes de la maladie d’Alzheimer causée par la quantité de sucre dans les sodas. Dans les faits, les patients qui ont reconnu consommer 1 à 2 boissons sucrées par jour présentaient une réduction du volume cérébral équivalent à 1,6 année de vieillissement normal. Leurs scores aux tests de mémoire équivalaient quant à eux à 5,8 années de vieillissement normal. Inutile de préciser que plus la consommation est élevée, plus les résultats sont alarmants.

Le diabète et Alzheimer

Comme le diabète, la maladie d’Alzheimer est intrinsèquement liée au métabolisme du glucose. Une surconsommation de sucre et de glucides rapidement digérés peut provoquer un diabète de type 2, qui est la forme la plus fréquente. Le glucose qui provient de l’alimentation est moins bien réparti et utilisé par les zones du cerveau touchées par la maladie d’Alzheimer. Les neurones, ainsi privés d’une source d’énergie indispensable, meurent à petit feu. En 2013, une équipe de chercheurs de l’université d’Albany a présenté les résultats d’une étude menée sur une population de rats diabétiques. La moitié d’entre eux a été conditionnée pour développer un diabète de type 2, la seconde moitié a fait office de population de contrôle. Les animaux ont été soumis à des chocs électriques similaires, dispensés dans un enclos. Une fois dans l’enclos, les rats, émus par le souvenir du choc électrique, étaient tétanisés. Le réflexe et sa durée ont permis aux scientifiques d’évaluer la mémoire des rongeurs. Dans l’enclos, les rats diabétiques oubliaient plus rapidement leur peur que leurs congénères sains. Si la corrélation entre les deux maladies fait encore débat dans la communauté scientifique, cette étude et bien d'autres tendent à démontrer que les personnes souffrant de diabète auraient un risque plus élevé que les autres de développer un jour la maladie d’Alzheimer.

Triste glucose : le sucre et la dépression

En Occident, les sucreries et leur consommation sont culturellement associées au plaisir, voire au réconfort – qui n’a jamais laissé choir sa main dans le pot de Nutella sous prétexte d’avoir passé une mauvaise journée et d’éprouver de facto le besoin de consommer de la « comfort food » ? C’est parce que les aliments riches en sucre et en glucides permettent la production de sérotonine, un neurotransmetteur qui joue un rôle essentiel dans la régulation des émotions et de l’humeur. À l’origine de cet état de manque : l’hypoglycémie, qui désigne une concentration anormalement basse du taux de sucre dans le sang. Ses symptômes nous sont familiers : fatigue intense, irritabilité, confusion, etc. Ils apparaissent lorsque notre corps subit une variation brutale du taux de sucre dans le sang. Lors de l’ingestion d’un produit très sucré (soda, gâteau, etc.), le taux de glucose grimpe et chute tout aussi brusquement. Cette évolution rapide entraine dans son sillage un état de stress, une forte irritabilité, ou encore un comportement dépressif.

Une étude récente menée par la faculté de médecine de l’université d’Emory, à Atlanta, a démontré que les troubles du comportement liés au manque de sucre touchent en particulier les populations jeunes. Face à la surconsommation de sucre, les adolescents seraient plus enclins à développer un comportement dépressif ou anxieux.

Quel régime adopter à titre préventif ?

Ces différentes études identifient concrètement la surconsommation de sucre comme un facteur déclencheur et aggravant de troubles cognitifs et psychologiques. Elles peuvent notamment nous laisser penser qu’en contrôlant sa glycémie, nous pourrions être en mesure de nous prémunir du déclin cognitif qui mène à la démence et à la maladie d’Alzheimer. Dans les faits, diminuer notre consommation de sucre au quotidien est une mesure prophylactique qui ne peut guère faire de mal. On peut ainsi facilement réduire les aliments raffinés (le pain blanc), les aliments et boissons sucrés, les aliments ultra-transformés (les plats préparés, etc.). Adopter un régime équilibré comme le régime méditerranéen basé sur la consommation de fruits, de poisson, de fruits et d’huile d’olive forme également une solide option de prévention.

Quel régime adopter en cas de troubles cognitifs ?

Les personnes atteintes de troubles cognitifs légers peuvent tester un régime pauvre en glucides, comme le régime low-carb, ou encore le régime Atkins. Les patients souffrant de démence ou de la maladie d’Alzheimer peuvent quant à eux être soumis, sous surveillance, à un régime cétogène, riche en graisses et pauvre en glucides.  

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