Prédire le risque de récidive des criminels en scannant leur cerveau

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Un scientifique américain, Kent Kiehl, pense pouvoir prédire avec exactitude le risque de récidive d'un criminel à partir d'un scanner de son cerveau. C'est le scénario du film de Steven Spielberg Minority Report, tiré d'une nouvelle de Philip K. Dick, dans lequel la police intervient a priori pour empêcher les criminels de commettre leurs méfaits. "C'est la première fois qu'un scanner du cerveau est utilisé pour prédire la récidive", explique le chercheur.

Le neuroscientifique et son équipe du Mind Research Network, à Albuquerque (Nouveau-Mexique), ont rassemblé 96 criminels de sexe masculin issus de deux prisons d’Etat et les ont soumis à un IRM en leur faisant passer un test d'impulsivité. Le test en question consistait pour les détenus à appuyer le plus vite possible sur un bouton s'ils apercevaient la lettre X sur un écran, et à ne pas appuyer sur ce bouton lorsque la lettre K apparaissait. Le programme défilant à l'écran était défini de façon à ce que la lettre X apparaisse 84 % du temps à l'écran, ce qui habituait les détenus à appuyer sur le bouton et rendait difficile le fait de s'abstenir quand la lettre K apparaissait.

Une région du cerveau serait responsable de l'impulsivité

Ce faisant, les scientifiques observaient la zone du cerveau nommée cortex cingulaire antérieur, qui joue un rôle dans une grande variété de fonctions autonomes (pression artérielle, rythme cardiaque) et de fonction cognitives telles que l'anticipation de récompense, la prise de décision, l'empathie et l'émotion. Cette zone semble particulièrement impliquée dans l'impulsivité. Selon le magazine Wired, qui rend compte de cette expérience, les détenus dont l'activité du cortex cingulaire antérieur était la plus faible obtenaient les plus mauvais résultats au test. Tous les détenus ont ensuite été suivis pendant quatre ans après leur libération de prison.

Ceux dont l'activité du cortex cingulaire antérieur est la plus faible ont eu un taux de récidive 2,6 fois plus élevé pour les crimes et 4,3 fois plus élevé pour les crimes non violents, nous révèle la revue scientifique Nature, sur son site Internet. Mais le neuroscientifique Kent Kiehl estime que son travail n'est pas encore suffisamment au point pour être utilisé, c'est pourquoi il compte étendre son étude à plusieurs autres prisons de l’Etat du Nouveau-Mexique. Si les résultats de cette étude sont confirmés, alors les autorités pourront surveiller les criminels ayant accompli leur peine sur la base de leur propension "biologique" à la récidive, sans pour autant les arrêter préventivement, pour un crime qu'ils n'ont pas encore commis.

Sources : Slate, Wired (en anglais), Nature (en anglais)