Passoires thermiques : une interdiction de location qui ne concerne pas tous les logements

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Passoires thermiques : une interdiction de location qui ne concerne pas tous les logements / iStock.com -:porcorex
Passoires thermiques : une interdiction de location qui ne concerne pas tous les logements / iStock.com -:porcorex

Chez les Français, allumer le chauffage pendant l’hiver est un acte commun pour lutter contre les baisses de température qui peuvent parfois s’avérer dramatiques. Si ce geste paraît anodin, il signe en réalité le début d’une saison cauchemardesque pour certains. C’est notamment le cas de ceux qui voient leur facture d’électricité grimper en flèche. Cette situation concerne particulièrement les occupants d’appartements classés G par le DPE. Dans un décret récent, le gouvernement annonce vouloir classer ces passoires thermiques parmi les résidences indécentes, interdisant par là même leur mise en location d’ici 2023.

Les passoires thermiques sont véritablement problématiques pour leurs locataires, notamment pendant la saison hivernale. Le gouvernement aurait l’intention d’écarter ces résidences, bien trop énergivores, du parc locatif. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Dans tous les cas, une analyse plus précise de l’annonce révèle un détail qui n’a pas manqué de sidérer les organisations contre la précarité énergétique. Décryptage.

Les logements trop énergivores dans le collimateur

Réduire à tout prix la consommation énergétique à la maison n’est pas une mission évidente pour les locataires de passoires thermiques. Ces résidences aux mauvaises isolations thermiques exigent un usage immodéré du chauffage. Avec plus de 800 000 foyers concernés par ce problème, le gouvernement français a décidé que tous logements dépassant les 450 kWh/m²/an de consommation énergétique seront, dès 2023, qualifiés d’indécents. Si cette décision laisse clairement sous-entendre que tous les logements classés G suite au diagnostic de performance énergétique seront interdits de location, le décret ne concerne, en réalité, qu’environ 12% de ces derniers.

Un changement d’unités trompeur

Après analyse, force est de constater que, pour beaucoup, la situation va demeurer inchangée. En effet, le plafond énergétique de 450 kWh annoncé est exprimé en énergie finale (Ef). Les résultats du diagnostic de performance, utilisés comme référence, sont quant à eux exprimés en énergie primaire (Ep). Il faut savoir que, pour les logements qui utilisent un chauffage électrique, 1 kWh d’énergie finale ne s’obtient que par la transformation de 2,58 kWh d’énergie primaire. Ceux qui utilisent une chaudière à gaz ou qui préfèrent se tenir chaud sans chauffage sont quant à eux à l’abri de cette distorsion dans l’interprétation.

L’absurdité du nouveau décret pointée par la majorité

Une fois cette conversion d’unité remarquée par les associations qui luttent contre la précarité énergétique, les réactions d’indignation ont commencé à fuser de partout. En effet, une fois la consommation exprimée en Ep convertie en Ef, les chiffres précédemment obtenus par le diagnostic de performance sont littéralement divisés par deux. Concrètement, un logement qui consomme 620 kWh/m²/an d’énergie primaire n’utilise en réalité que 240 kWh d’énergie finale, un calcul qui change la donne du tout au tout. Interrogé sur la question, le coordinateur du collectif Cler-Réseau n’a pas manqué de critiquer l’absurdité de ce décret que le gouvernement défend en invoquant la réforme progressive. Pour l’instant, les locataires concernés ne peuvent que considérer un changement de type de chauffage pour leur logement.