Peut-on mentir à son employeur ?

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Dois-je tout avouer à mon employeur ? Est-ce illégal de rallonger de quelques mois  les dates de ma formation ? Il n’est pas rare de voir de plus en plus de CV embellis pour se mettre en avant. En trichant certains pensent surtout à exagérer leur trait sans forcément inventer une autre vie. Ainsi un anglais approximatif peut  facilement devenir "courant" sur un curriculum vitae. On estime bien sûr que mentir n’est pas autorisé, mais quelles sont les réelles limites de nos réponses devant notre patron ?

Dans le milieu du travail la loyauté est une valeur importante elle est même qualifiée de "(…) véritable pilier du Code civil français" pour  Maître Eric Rocheblave, avocat au barreau de Montpellier dans Lefigaro.fr. Pour autant le terme de « mensonge » n’est pas mentionné dans le code du travail.

Mentir oui, mais seulement dans certains cas

C’est lors de l’entretien d’embauche que survient le premier contact avec votre futur employeur. Un contact important qui doit laisser place à de la confiance. Pour autant, certaines questions lors de l’entretien peuvent vous laisser le droit de mentir.

Effectivement, le code du travail pose lui-même des barrières aux questions pendant un entretien d’embauche. Il existe des limites aux interrogations posées. L’employeur n’a pas le droit de vous demander des questions interdites si celles-ci entravent votre liberté de citoyen.

Les interrogations ne doivent pas porter atteinte à votre liberté. Tout ce qui est relatif à la religion, la santé, votre physique et vos engagements politiques ou syndicaux n’a pas à être demandé. Vous pouvez mentir dans ces cas, ou choisir de ne pas y répondre. En revanche pour la santé, cela dépend en parti du caractère dangereux de l’emploi désiré.

En effet, concernant les questions extra-professionnelles, la loi précise qu’en l’absence de réponses ou de leur caractère inexact : aucune conséquence ne peut en être tirée. Par exemple, un employeur n'a aucun droit de vous demander si vous êtes enceinte. De ce fait, vous pouvez choisir de ne pas répondre ou lui cacher la vérité.

Si l’employeur est trop insistant au sujet de votre vie privée lors de l’entretien, le droit vous autorise alors à l’attaquer en justice.

Quelles sont les questions autorisées en entretien ?

Toutes les questions relatives à l’emploi désiré ont donc le droit d’être demandées. L’employeur a le droit de poser des questions pour évaluer si la personne possède les capacités liées à son emploi. Les questions doivent donc être liées aux compétences du candidat, à ses connaissances techniques, sa faculté d’adaptation et son aptitude à s’intégrer au sein d’une équipe.

Le salarié devra alors répondre en toute bonne foi, une valeur importante dans le monde du travail.

Ai-je le droit d’embellir mon CV ?

Se rajouter des diplômes, mentir sur un ancien emploi. C’est plutôt tentant n’est ce pas ? Tout dépend de la façon dont vous "mentez". On peut exagérer légèrement et mettre en avant ses qualités. Mais mentir sur un CV n’est pas recommandé. Le CV est le premier vrai contact avec votre employeur en mentant le risque est de trahir la confiance qui vous liait.

En effet, tout dépend du mensonge, si vous  embellissez légèrement votre CV, la faute peut être pardonnée. En revanche si vous allongez la liste de vos anciens emplois ou bien que vous mentez sur vos diplômes et votre formation, la situation est plus délicate.

Truquer son CV peut valoir un licenciement pour faute grave seulement si l’employé est inapte dans ses fonctions. Le candidat peut bien avoir menti sur ses compétences mais être efficace dans son emploi, on ne peut alors pas le juger pour faute.

Dans certaines professions règlementées (médecin, avocats, architectes et experts comptables), le CV atteste des compétences. En cas de mensonge sur son diplôme, l’employé peut être alors poursuivi pour usage de faux ou exercice illégal de leur profession.

La chasse aux informations

En France nous avons moins tendance à vérifier les informations (le parcours des candidats par exemple), excepté pour les cabinets de recrutement. Les entretiens deviennent alors une vraie chasse au mensonge, surtout depuis la loi de décembre 1992 qui prévoit que l’employeur a le devoir et le droit de vérifier la véracité des informations contenues sur votre CV. S’il ne l’effectue pas, il sera alors en tort.

Même si un tiers des salariés mentent sur leur CV. La vérité finit par se savoir. Le risque est surtout de nuire à sa propre réputation, ses mensonges pouvant mener sur la liste noire de quelques employeurs de votre secteur.

Sources : cadremploi.fr ; lefigaro.fr ; juritravail.com